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ADI-PARVA.

époux ; elle, par qui j’espère obtenir avec mes aïeux ces mondes, où conduisent les fils, nés d’une fille ? Tels hommes pensent qu’il existe dans le père un amour plus grand pour son fils. « C’est pour sa fille ! » croient tels autres. On peut dire que ces deux amours sont égaux en moi. 6137-6138.

» Comment puis-je abandonner cette innocente jeune fille, en qui résident à jamais les mondes à venir, ma postérité et mon plaisir ? 6139.

» Il y a plus ; quand je me serai délaissé moi-même dans mes enfants, le chagrin me consumera au sein de l’autre monde ; car ils ne pourront vivre, évidemment ! par ma faute, une fois que je les aurai abandonnés ! 6140.

» Peut-il être d’eux, à votre sentiment, un autre abandon aussi cruel, aussi infâme ? Une fois en effet que je me serai ainsi délaissé moi-même, ils mourront, hélas ! sans moi ! 6141.

» Tombé dans le malheur, je n’ai pas la force de traverser la mer de l’infortune : oh ! honte à moi ! en quel sentier vais-je marcher avec ma famille ? Mourir avec tous me serait un bonheur, car la vie m’est impossible ! »

« Le chagrin ne te sied pas, lui répondit la brahmane. En effet, cette heure du chagrin, elle ne doit jamais arriver pour toi, qui es versé dans les Védas. 6142-6143.

» Les hommes doivent aller tous nécessairement à la mort : il n’y a donc pas lieu de s’affliger ici-bas pour une chose, qui doit nécessairement arriver. 6144.

» On recherche tout en vue de soi-même : une épouse, un fils, une fille. Que ton sage esprit étouffe ce chagrin ; j’irai moi-même là où tu veux aller. 6145.

» Car la suprême, l’éternelle affaire de la femme dans