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LE MAHA-BHARATA.

pierreries et je vois maintenant ce siège d’herbes Kouças : aussi suis-je assiégée par le chagrin ! 999.

» Après que je t’ai vu, sire, environné des rois dans ton palais, quelle tranquillité peut être à mon cœur maintenant, que je ne les vois plus autour de toi ! 1000.

» Après que je t’ai vu frotté de sandal et brillant comme le soleil, je tombe en défaillance, Bharatide, à la vue de ces taches de boue, dont tu es souillé maintenant ! 1001.

» Toi, que j’ai vu jadis revêtu d’habits de soie éblouissants, je te vois à cette heure, Indra des rois, couvert d’une vile écorce ! 1002.

» Toi, du palais de qui étaient apportés et servis sur des plats d’or à des brahmes, par milliers, des aliments préparés suivant toutes les saisons ; toi, qui distribuais, auguste roi, une nourriture infiniment exquise à des Yatis sans maisons et maîtres de maisons ; toi, dans le palais de qui étaient hospitalièrement traités des milliers d’hôtes avec tous les biens désirés ; la paix ne rentre pas dans mon cœur, ne voyant plus, bien disposées toutes ces choses, dont j’honorais les brahmes au gré de tous les désirs.

» Tes frères, que de jeunes cuisiniers aux pendeloques étincelantes, grand roi, nourrissaient de mets exquis, supérieurement apprêtés, je les vois tous, indignes de la peine, vivre dans ce bois d’aliments sauvages, Indra des hommes, et mon âme n’arrive point à se calmer ! Pourquoi, le temps en est arrivé, la colère ne se gonfle-t-elle pas en toi à la pensée de ce Bhîmaséna, malheureux et vivant au milieu des bois ? Pourquoi ta colère ne se gonfle-t-elle pas à la vue de cet auguste Bhîmaséna, réduit à se servir lui-même, affligé et digne néanmoins du plaisir ?