Nakoula, ce fils de Mâdrî, héroïque et admirable, ne sens-tu pas se gonfler ta colère ? 1020.
» Pourquoi supportes-tu de voir Sahadéva dans le bois ? Pourquoi ta colère ne se gonfle-t-elle pas, en voyant Nakoula et Sahadéva, plongés dans la douleur, Indra des hommes, eux, si dignes du plaisir ? Comment, sire, peux-tu supporter de me voir tombée dans les forêts, moi, la fille de Droupada, la bru du magnanime Pândou, la sœur de Dhrishtadyoumna et la fidèle épouse d’un héros ? 1021-1022-1023.
» Pour sûr, il n’existe pas de colère en toi, ô le plus vertueux des Bharatides, puisque ton âme n’est pas agitée, en voyant, et mon sort, et celui de tes frères. 1024.
« Il n’y a point de kshatrya sans colère ! » C’est un mot cité dans le monde. Mais tu fais mentir aujourd’hui ce mot à mes yeux, toi, kshatrya ! 1025.
» Le kshatrya, s’il ne montre pas son énergie, quand l’heure en est arrivée, est sans cesse en but au mépris de tous les êtres. 1026.
» Tu n’as d’aucune manière à montrer de la patience à l’égard des ennemis, car il t’est possible de les immoler par ton énergie : il n’y a là-dessus aucun doute. 1027.
» Le kshatrya, qui, à l’heure où il faut pardonner, ne désarme pas sa colère, est haï de tous les êtres : il périt dans ce monde et dans l’autre vie. 1028,
» Je vais te raconter ici même un antique Itihasa, la conversation de Prâhlâda et de Bali, fils de Virotchana.
» Bali interrogea Prâhlâda, le père de son père, le roi des Asouras, l’Indra des Daîtyas, sur la doctrine de la récompense des vertus. 1029-1030.
« La patience est-elle préférable, mon père ? lui dit