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Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 3.djvu/188

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LE MAHA-BHARATA.

sans considérer le juste et l’agréable, est digne de mort pour toutes les créatures, comme le brahmanicide méprisé. 1288.

» Quiconque n’a jamais nulle envie que l’agréable, sans égard aux deux autres points, ses amis périssent et il est privé du juste et de l’utile. 1289.

» L’homme, qui est privé du juste et de l’utile, trouve à la fin de l’amour une mort assurée, comme le poisson, qui s’ébat à sa fantaisie dans la perte des eaux. 1290.

» Aussi les sages n’ont-ils garde de négliger le juste et l’utile, car l’amour est de sa nature ce que l’arani[1] est au feu. 1291.

» L’utile a pour sa racine entièrement le juste, et le juste embrasse l’utile : sache qu’il y a dans cette mutuelle direction comme deux océans de nuages. 1292.

» L’amour est une pensée de l’âme, le corps n’en est pas vu : on fait naître son plaisir, en lui procurant un contact avec les choses, qui lui sont propres. 1293.

» L’homme, qui désire la fortune, désire grandement le devoir, sire, en même temps qu’il désire la fortune ; mais celui, qui désire l’amour, ne désire pas autre chose que l’amour. 1294.

» L’amour ne sert pas un autre amour, il est à lui-même tout son fruit ; mais le sage vient de la jouissance du fruit même, comme la cendre vient du bois. 1295.

» Tel que le marchand de viande, sire, tue ces oiseaux, le meurtre des êtres animés, c’est une forme de l’injustice. 1296.

  1. La premna spinosa, bois, duquel on tire le feu par le frottement de deux fragments secs.