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VANA-PARVA.

À ces mots de Bhîmaséna, le roi Adjâtaçatrou, à la grande dignité, voué à la vérité et toujours suivi de la constance, lui répondit immédiatement en ces termes :

« Cette vérité est indubitable, rejeton de Bharata ; et, si tu me blesses, en me frappant avec les flèches de tes paroles, je ne t’en blâme pas ; car c’est le malheur, qui, par ma cruelle fortune, t’a mis en opposition avec moi !

» J’ai voulu enlever loyalement, avec les dés, la royauté et le royaume au fils de Dhritarâshtra ; et le fils de Soubala, joueur sans foi, a donc joué contre moi pour Souyodhana. 1354-1355-1356.

» Le montagnard Çakouni, très-expert en fraudes, sema une foule de dés au milieu de l’assemblée et, par sa tricherie, il m’a vaincu, moi, qui jouais sans tricherie. Je tombai donc, Bhîmaséna, dans l’infortune. 1357.

» Quand je vis, séparés ou réunis, ces dés de Çakouni, qui flattaient mes désirs, il m’était possible d’empêcher alors ce qui n’aurait pas été ; mais la passion fut plus forte que la constance de l’homme. 1358.

» Il est impossible de m’empêcher, et cependant je suis doué, mon enfant, de vigueur, de fierté et de courage ; les paroles, Bhîmaséna, ne m’inspirent aucune colère ; la chose devait être ainsi, je pense. 1359.

» Le roi, fils de Dhritarâshtra, a désiré notre royaume et nous a précipités dans l’infortune ; il nous a poussés dans cet esclavage, Bhîmaséna, où Draâupadî implora notre secours. 1360.

» Tu sais, toi-même et Dhanandjaya, que le jeu nous a ramenés dans l’assemblée, et que le fils de Dhritarâshtra m’a dit ces paroles, me défiant à une seule partie aux dés, en présence de tous les Bharatides : 1361.