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LE MAHA-BHARATA.

Rapide comme la pensée, grâce à son attelage, il allait avec la rapidité du vent : il dépassa l’HImâlaya, il dépassa même le Gandhamâdana. 1496.

Dans ce jour et cette nuit, Dhanandjaya franchit sans fatigue beaucoup de lieux très-escarpés ; il parvint à Indrakîla et s’y arrêta. 1497.

Car il avait ouï dans l’air ce mot prononcé distinctement : « Arrête-toi ! » Cette parole entendue, le Pândouide fit errer sa vue de tous les côtés. 1498.

L’ambidextre vit au pied d’un arbre un ascète maigre, les cheveux en gerbe, couleur du jaune passant au noir et flamboyant d’une beauté brahmique. 1499.

Quand l’homme aux grandes pénitences vit Arjouna s’arrêter : « Qui es-tu, mon fils ? lui demanda-t-il, toi, qui es venu ici avec un arc, une cuirasse et une flèche, portant la défense d’une épée même attachée à ton cou, voué enfin aux devoirs du kshatrya ? Une flèche n’a que faire ici : ce lieu est l’habitation des âmes paisibles, des brabmes ascètes, qui ont écarté d’eux la joie et la colère. Un arc est inutile ici, où il n’y a jamais de guerre. 1500-1501-1502.

» Jette cet arc, mon fils ; tu es arrivé, grâce à ton énergie et à ta force, héros, dans la voie suprême, où nulle part il n’est un autre homme. » 1503.

Ainsi le brahme parla mainte fois en souriant à Arjouna, sans parvenir à l’ébranler dans sa fermeté, lui, de qui la résolution était bien arrêtée. 1504.

Le brahme satisfait lui dit alors avec un sourire : « Choisis une grâce, s’il le plaît, meurtrier des ennemis ; je suis Indra. » 1505.

À ces mots, le propagateur de la race de Kourou, le héros Dhanandjaya, prenant un air modeste et joignant les