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VANA-PARVA.

» Nous allons dans la forêt sous le poids de la douleur, n’ayant pour viande et nourriture que des racines et des fruits. La forêt est pleine de périls ; elle est infestée par des foules de serpents et de carnassiers. 49.

» Vous y seriez sans doute, c’est mon sentiment, assiégés de misères ; et les fatigues des brahmes nuieraient ou service des Dieux. 50.

» Combien plus en souffrirais-je ! Retournes donc, brahmes, où vous conduiront vos désirs. » — « Nous nous efforcerons, sire, de marcher sur la route, que tiennent vos altesses, lui répondirent les brahmes. 51.

» Ne veuille pas nous abandonner, nous, qui te sommes dévoués et qui avons la vue des bonnes vertus ; car les Dieux environnent de leur compassion les hommes dévoués, surtout quand ce sont des brahmes, de qui le pied toujours s’appuie sur la base du bien ! » — « Brahmes, mon premier dévouement, reprit Youddhishthira, aura toujours les brahmes pour objet. 52-53.

» Mais cette ruine de mes compagnons fait mon tourment ; car d’un côté, il vous faut des fruits, des racines, des animaux pour les offrir en sacrifice ; d’une autre part, mes frères ont comme l’esprit aliéné par les peines, qui naissent du chagrin, les outrages infligés à Krishna et la perte du royaume enlevée. 54-55.

» Je n’ai pas la force d’imposer le joùg des fatigues à ces hommes rongés de tristesse. » — « Fils de Prithâ, dirent à leur tour ces brahmes, ferme ton cœur au souci des aliments pour nous. 56.

» Nous mangerons des nourritures, que nous offrirons de nous-mêmes aux Dieux ; et nous ferons descendre la félicité sur toi par nos méditations et nos prières. 57.