Page:Faucher de Saint-Maurice - À la brunante - contes et récits, 1874.djvu/267

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

259
à la veillée.

Ceci était connu par toute la côte ; aussi leur arrivée fut-elle saluée par des hourrahs enthousiastes.

— Nous avons vu de la lumière, et nous sommes entrés, balbutièrent-ils tous les deux ensemble.

— Mais vous êtes les bienvenus, répartit Jérôme tout radieux ; prenez une chaise, un coup et du tabac.

— Merci, merci, Jérôme, ça n’est pas le cœur qui te manque, toi, hasarda le sentimental Bidou.

— Oui, reprit Jean Bart, il ressemble sous ce rapport à mon pauvre Jean, de Manicouagan. Te rappelles-tu, Bidou, comme il savait nous offrir avec grâce et à propos de ce magnifique gin qu’il avait sauvé lors du naufrage de la Magicienne, sur les terribles bancs de sable de là-bas.

— Si je m’en rappelle, Jean Bart ? mais il faudrait être ingrat envers Dieu et envers sa créature, ton fils, si je n’avais pas rangé le jour où j’ai fait sa connaissance parmi les plus beaux et les plus courts de ma vie. Mille grapins ! chaque soir où tinte l’Angelus dans les paroisses, c’était moi qui remplaçais la cloche absente, et je te disais :

— Allons, Jean Bart, il est temps d’aller prendre de l’appétit chez ton descendant.

— C’est vrai cela, et nous partions, bras dessus, bras dessous, pour passer la veillée chez ce cher Jean. Ah ! que de bonnes histoires on se contait devant ces trois grosses futailles de pur Hollande qu’il avait arrachées à un péril imminent, comme dit