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à la brunante

de Jérôme Tanguay est plus poétique, à mon avis : elle a un petit cachet de féodalité qui donne la chair de poule, rien qu’à l’entendre chanter.


    C’est le caractère des filles dans cette contrée. — Le père répond :

    — « Ma fille, il faut changer d’amour,
    Ou vous entrerez dans la tour… »


    Réplique de la demoiselle :

    — « J’aime mieux rester dans la tour,
    Mon père, que de changer d’amour. »


    Le père répond :

    — « Vite,… où sont mes estafiers,
    Aussi bien que mes gens de pied ?
    Qu’on mène ma fille à la tour ;
    Elle n’y verra jamais le jour !


    L’auteur de la romance ajoute :

    — Elle y resta sept années passées,
    Sans que personne pût la trouver :
    Au bout de la septième année,
    Son père vint la visiter.

    — Bonjour, ma fille !… comment vous en va ?
    Ma foi, mon père,… ça va bien mal ;
    J’ai les pieds pourris dans la terre,
    Et les côtés mangés des vers. »

    — « Ma fille, il faut changer d’amour…
    Ou vous resterez dans la tour.
    J’aime mieux rester dans la tour,
    Mon père, que de changer d’amour ! »

    Il est malheureux de ne pouvoir vous faire entendre les airs — qui sont aussi poétiques que ces vers sont musicalement rythmés.

    Vieilles légendes.

    Gérard De Nerval.