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à la brunante

Mais son amant passant par là
Un bout de lettre lui envoya ;
— Te souviens-tu ma belle amante,
De cet amour qui nous tourmente ?

Fais donc la morte, la délaissée,
À Saint-Denys, fais-toi porter :
Ton père suivra-t-en pleurant
Et ton amant ira chantant.

En passant au coin du marché
Trois cavaliers a rencontré,
L’un avait un beau palefroi,
Deux étaient écuyers du roi,

L’amant prit son épée d’argent
Et décousit le suaire blanc ;
Puis, il y jette un long soupir ;
La bell’ répond par doux sourire.

La morale est moderne, et je la lâche telle que Jérôme me l’a donnée :

On n’connait pas les trahisons
Entre les filles et les garçons,
C’est au curé de les marier
Pour qu’on n’en entende plus parler.

Que d’amantes délaissées, enlevées, aimées, puis délaissées encore, sont venues comme cela réfugier leurs plaisirs et leurs peines de cœur dans la chanson populaire, cette poésie des pauvres gens.

La mémoire de Jérôme fourmillait de ces plaintes, de ces paroles de liesse, de doléances, et probablement ce soir-là, il en aurait laissé tomber d’autres de