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histoire de tous les jours.

sur le seuil, cachant dans son portefeuille le prix de la vie de son ancien client.

C’est au milieu de ces scènes ineffaçables que Paul se trouva seul.

Je le recueillis à mon presbytère avec sa sœur ; Je guidai de mon mieux ses études, et au bout de l’an, il me demanda la permission d’aller à la ville.

Deux mois après, je recevais une lettre de lui, m’annonçant qu’il partait pour Québec. Il voulait avoir sa sœur auprès de lui, et le soir même je la confiais à l’un de mes braves paysans qui se rendait au marché.

Depuis, nous ne nous sommes plus revus, et je ne saurais trop vous remercier de m’avoir donné l’occasion de pouvoir lui être utile et de recevoir de ses nouvelles. Aimez-le bien, protégez-le si cela vous est possible ; jamais vous ne rencontrerez sur votre route un caractère plus loyal, un meilleur cœur.

Amable B…
Prêtre.


Ces lignes contenaient une partie de l’enfance de notre camarade, et pour le pauvre garçon le passé avait encore été plus sombre que le présent.

Elles révélaient aussi que ce n’était pas d’hier que l’on pouvait obliger Paul impunément ; car, pour qui le connaissait, ce départ du presbytère avait été fait dans le but de ne pas avoir à se courber sous la