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les blessures de la vie.

venaient mourir sur le seuil de la chambrette ; et, le lendemain, la journée recommençait par le signe de la croix.

Souvent, en passant par la rue que j’habitais, Paul arrêtait me serrer la main ; je continuais à être le confident de ses joies, comme je l’avais été de ses peines et de son délaissement.

Un matin, il me parut plus pensif qu’à l’ordinaire.

Le bruit circulait alors — chaque jour amène le sien, souvent l’antithèse de celui de la veille — que le gouvernement allait enfin réglementer l’importante question du service civil. Il voulait en faire une carrière honorable, et une commission devait être bientôt nommée avec consigne de trier les spécialités par tous les départements, et d’étudier le meilleur mode adopté dans les vieux pays, pour bien faire fonctionner le nouveau système.

Parmi les membres de cette commission, se trouvait un ancien abonné du Drapeau de l’Union, grand admirateur des articles de Paul. Il lui avait laissé comprendre — entre la lecture de deux lettres — que dans le cas où le remaniement projeté aurait lieu, il pourrait compter sur son influence pour être attaché à un département où son éducation serait à l’aise, et où il pourrait être certain de voir ses services reconnus par ces périodiques augmentations de salaire toujours si bien accueillies.

Le regard ébloui de Paul plongeait dans l’avenir, en disant ces choses.