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histoire de tous les jours.

Vers l’aube, profitant d’un moment d’assoupissement chez la malade, il descendit frapper chez Mademoiselle Jeanne, l’installa gardienne de son cher hôpital et courut chercher un médecin des environs. Celui-ci prit le pouls de la mignonne endormie, l’éveilla pour examiner sa langue, se consulta un instant en lui-même, et lui déclara qu’il lui était impossible de préciser la nature du mal, avant de l’avoir étudié quelque temps ; en attendant, il prescrivait des fébrifuges et s’engageait à venir le soir même.

La présence de Paul était réclamée dès huit heures du matin par la nature de son service ; le soir, il était libre à six heures.

Ce long espace ne fut qu’une interminable inquiétude pour lui ; la tristesse, l’abattement le suivaient partout ; le gai son des cloches n’avait plus à ses oreilles que le tintement funèbre du glas ; les rires du passant suintaient le sarcasme, et à peine avait-il distribué quelques lettres que déjà sa position lui était apparue comme une horreur. La joie silencieuse de ceux qui décachetaient devant lui leur courrier et en dégustaient lentement les bonnes nouvelles, lui faisait entendre tomber si sonores les larmes qui suintaient le long de son âme !

À son retour, il trouva Mademoiselle Jeanne courbée sur l’oreiller, où sa pensée s’était tenue toute la journée ; elle suivait de l’œil les progrès de la maladie.