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les blessures de la vie.

les vents ; puis, un jour se replier en soi-même, renoncer à jamais à ces joies de la maternité entrevues si souvent au milieu des douces heures de la rêverie, et se consacrer, au nom de Dieu, à l’immense famille de ceux qui pleurent et manquent de tout, excepté de la meilleure part du royaume des cieux.

Le caractère affectueux de Mademoiselle Jeanne l’avait porté naturellement vers Noémie. Restant dans la même maison, elle était venue lui offrir ses services, une après-midi où le nombre de boutons à poser, la quantité de pièces à aligner sur certains vieux habits de Paul, menaçaient d’absorber tout le congé. Gaiement l’ouvrage s’était fait, et depuis ce temps-là, on se voyait chaque jour. Alors les petits soins d’intérieur se donnaient plus minutieusement, les heures où le frère était absent passaient moins longues, et la vieille fille retrouvait dans le regard spontané de Noémie la franchise, le dévouement, l’indépendance de sa jeunesse passée.

Pourtant un soir d’automne, le vent qui jaunit les feuilles, ternit le gazon et tache l’azur du ciel, se prit à souffler sur ce bonheur.

Toute pâlotte, Noémie rentra frissonneuse au logis ; la bise lui avait fait mal, et elle se mit au lit avec les symptômes d’une violente fièvre.

Paul fut debout toute la nuit auprès du chevet de la pauvre petite, faisant des prodiges de tisanes et de médicaments.