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de la complainte, lorsque tout à coup le capitaine, passant sur son front sa manche de chemise, nous dit d’un ton chagrin :

— Tiens, c’est curieux, je ne me la rappelle plus. Dame ! il y a longtemps que ne l’ai chantée. La dernière fois, c’était à l’Anticoste ; je veillais chez Gamache.

— Comment, vous avez connu Gamache ? dis-je avec curiosité.

— Oui, monsieur, je l’ai vu une fois, lorsque je suis parti de Québec pour aller faire naufrage sur la pointe Est de son île, ajouta t-il, avec une conviction toute fataliste. C’était un fier brin d’homme, allez ! et puisque cela vous intéresse, je m’en vais remplacer cette satanée chanson, qui s’est enrâpée dans ma mémoire, par une autre qu’il chantait souvent. Je la tiens de lui ; elle n’est pas drôle, mais elle servira à vous prouver ma bonne volonté. Allons, excusez la compagnie, je serre le vent.

Et il chanta d’une belle voix de basse