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LES ÎLES DANS

deux madriers mal assujettis, les quarts de poudre, de pétrole et de provisions destinés à l’île ; les troisièmes travaillent à la grue, ou dégagent les objets qui se mêlent, s’enchevêtrent et ne peuvent arriver à destination. C’est ainsi que chaque escouade se hâte de faire sa besogne, sous le commandement d’officiers qui montrent l’exemple et ne s’épargnent guère. Les lieutenants LeBlanc, Savard et Couillard-Desprès sont là, payant de leur personne ; et je ne crois pas qu’on puisse rencontrer ailleurs des gens plus dévoués et de meilleure humeur. Puis, quand la rude besogne est terminée ; quand après douze heures de travail, les baleinières reviennent à bord, ces hommes trempés, rompus et qui devraient être sur les dents, regagnent leur carré en chantant, et trouvent encore le moyen d’exploiter la vieille gaité gauloise, en riant aux éclats, et en faisant des lazzis sur les aventures de la journée.

Par sa position exceptionnelle au milieu du golfe Saint-Laurent, le Rocher-aux-Oiseaux est placé sur la route du neuf-dixième des steamers, et de la moitié des navires à voile qui vont à Québec ou à Montréal. Aussi est-il appelé à rendre, comme observatoire télégraphique, les services les plus signalés. Bientôt, grâce aux efforts du commandant Fortin, député de Gaspé aux Communes du Canada, ce récif qui, jusqu’à présent, n’a été qu’un objet de terreur pour les marins, perdra son antique réputation. Il accomplira, lui aussi, sa mission dans le rouage universel. Relié par un câble sous-marin au Cap Breton, au groupe de la Madeleine, au Nouveau-Brunswick, à l’île du Prince-Edouard, à la Gaspésie, à l’Anticosti — et plus tard à la côte