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LES ÎLES DANS

chaux. Bien que le Napoléon III fut mouillé par quinze brasses — en approchant de la falaise on trouve soixante-quinze pieds d’eau — la distance à franchir n’était pas considérable ; et bientôt, sous la conduite d’Agénor qui n’aimait pas ce que la brise de mer a de piquant le matin, nous nous installions dans un de ces nombreux trous, fouillés tout le long de l’îlot par les chercheurs de trésors, pendant que l’équipage roulait sur les crans les quarts de pétrole, les provisions et les ballots destinés au Robinson de céans.

Ce ne fut qu’alors que nous fîmes connaissance avec les bouquins d’Agénor Gravel. Il venait de les sortir triomphalement hors d’un sac qui a contenu bien d’autres choses agréables, utiles et mystérieuses, pendant les deux mois qu’il nous tint compagnie, et ils étalaient modestement sur la mousse sombre du rocher leurs titres jaunis par le temps.

Le premier de ces précieux volumes était le journal du malheureux Walker : le second, s’intitulait l’histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec par la mère Françoise Juchereau de Saint-Ignace.

Quelle relation y avait-il entre ce livre de loch d’un amiral anglais et le pieux récit d’événements dont les échos affaiblis étaient venus s’éteindre sur le seuil d’un monastère ? C’est ce qu’Agénor ne devait pas tarder à expliquer à des profanes comme nous ; car, il avait déjà commencé par nous dire d’un ton grave :

— Ce fut le 11 avril 1711, à sept heures du soir, que le contre-amiral de l’escadre blanche, Sir Hovenden Walker, accompagné par le brigadier-général l’honorable John Hill, commandant les troupes de débarquement destinées au Canada, vint recevoir au palais de Saint-James les ins-