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LE GOLFE SAINT-LAURENT.


II.

L’EXPÉDITION DE L’AMIRAL WALKER.


Il faisait petit jour lorsque maître Raphaël que je ne me rappelle pas avoir vu dormir pendant le voyage, s’en vint sur la pointe des pieds, chuchoter à la porte de nos cabines :

— L’Ile-aux-Œufs, messieurs ! Dois-je vous préparer quelques provisions pour descendre à terre ? On arme le canot en ce moment.

— Je le crois bien, nom d’une pipe ! s’écria Agénor Gravel, en faisant son apparition dans le carré avec deux bouquins sous le bras. En route mes amis ! Nous allons faire aujourd’hui un chapitre inédit de l’histoire du Canada. C’est ici, que l’amiral Sir Hovenden Walker est venu aplatir une partie de sa flotte, sous le spécieux prétexte de mettre le siège devant Québec. Je vous raconterai tout cela sur l’île ; et en attendant, qui m’aime s’embarque.

Ce fut ainsi que nous nous installâmes dans la baleinière, et que nous poussâmes au large.

En face gisait une île sauvage et dénudée, longue de trois quarts de mille. Elle était formée par des rochers granitiques divisés en quatre sections très-sensibles, et n’avait pour habitation qu’un petit phare en bois, lavé à la