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LES ÎLES DANS

de la flotte avaient été pourvus de douze mois de médicaments. On poussa la précaution jusqu’à embarquer d’énormes grues pour hisser les canons anglais sur les remparts de Québec, et les vaisseaux de Sir Hovenden renfermaient une flottille de flibots à fond plat, destinés à être jetés sur le lac Saint-Pierre pour empêcher l’ennemi de communiquer avec les assiégés, et protéger en même temps — ils devaient être armés en frégate — les canots et les flûtes qui emmenaient les troupes de Nicholson. Les embarras d’argent avaient même été prévus : et l’on avait donné droit à Walker — droit qui lui fut contesté plus tard — de tirer à vue sur les commissaires de la marine, s’il arrivait à ses équipages de manquer de vivres ou de munitions.

En cas de succès, — ce dont, avec le secours du Dieu tout puissant, la reine Anne n’avait aucune raison de douter, puisque tous les préparatifs avaient été faits, les ordres donnés, les moyens pris pour mener à bonne fin cette campagne — une force navale anglaise devait rester dans le Saint-Laurent, pendant que les prises faites sur les Français transporteraient en Europe le gouverneur ennemi, les troupes prisonnières, les religieux et toutes autres personnes comprises dans les articles de la capitulation. Puis, quand ces choses glorieuses seraient passées dans le domaine de l’histoire britannique ; lorsque la Nouvelle France aurait pris rang au nombre des vassaux de celle qui s’intitulait alors reine d’Angleterre, de France et d’Irlande,[1] un ordre d’embarquement devait être donné aux troupes qui n’étaient plus nécessaires au

  1. Le titre de roi de France, pris pour la première fois par Edouard III d’Angleterre, fut porté par ses successeurs jusqu’en 1801.