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LE GOLFE SAINT-LAURENT.

sa force et ses lumières à ces âmes si éprouvées, et parla dans son sermon, de la grandeur de la mission qui incombe à ceux qui se dévouent pour sauver les autres. Touchés par ces bonnes paroles, Foucault et Vaillant s’offrirent pour aller à la recherche de la chaloupe.

— Tant il est vrai, ajoute finement le P. Crespel, que dans quelque situation que l’on soit, on aime toujours à s’entendre élever. L’amour-propre ne nous quitte qu’avec la vie. Bien leur prit de cet excès de zèle. Deux heures après, ils accouraient tout joyeux, et annonçaient à leurs camarades qu’en fouillant la grève et le bois, ils étaient tombés sur un ouigouam indien, et sur deux canots d’écorce abrités sous des branches. Comme trophée de leux expédition, ils emportaient une hache et de la graisse de loup-marin.

L’île était habitée !

Il n’y avait plus à en douter, et les éclats de la joie la plus vive succédèrent au plus sombre des chagrins. Chacun sentait le courage lui revenir. Le lendemain fut tout aussi joyeux. En poussant plus loin leurs excursions, deux matelots découvrirent la chaloupe arrêtée au large, dans un champ de glace, et en revenant au camp avec cette heureuse nouvelle, ils firent l’inappréciable trouvaille d’un coffre plein d’habits, que le flot avait arraché à la Renommée, et que les hasards de la mer étaient venus apporter là.

Mais tous ces rires ne durèrent qu’un éclair. L’épreuve allait revenir plus amère que jamais. Le 23 janvier, le maître-charpentier mourut presque subitement. Des symptômes alarmants s’accentuèrent de plus en plus. Presque tous les hommes eurent les jambes enflées : et le 16