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évasion.

Je me risquai à regarder derrière moi et je vis que le gros de la troupe était très-éloigné. Plusieurs de leurs meilleurs coureurs étaient en avant ; un guerrier plus agile que les autres n’était plus qu’à environ cent mètres de moi, ii était armé d’une lance.

Rempli d’une nouvelle espérance, je redoublai d’efforts, mais cette course était au-dessus de mes forces. Un brouillard couvrait mes yeux, mes tempes battaient avec violence. Le sang me sortait par la bouche et par les narines et je le sentais couler sur ma poitrine.

J’étais à un quart de lieue de la rivière, et un regard jeté en arrière me fit apercevoir mon ennemi à trente mètres et se préparant à me percer de sa zagaie[1]. Épuisé de fatigue et ne consultant que mon désespoir, je m’arrête court, je me précipite sur lui. L’Indien, étonné de ce mouvement soudain, essaye à son tour de suspendre sa course et de me frapper de son arme ; mais en faisant ce mouvement il tombe, sa lance s’enfonce dans la terre et le manche se rompt dans sa main : plus prompt que l’éclair je m’empare du fer de la lance, cloue l’Indien

  1. Sorte de lance ou javelot.