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chap. xi. — le canot.

c’était un couteau. Celui qui habite au sein des villes ne pourra peut-être pas comprendre la joie qui s’empara de mon être à cette découverte ; mais celui qui aura passé une partie de sa vie au milieu des vastes solitudes de l’Amérique la concevra aisément, car lui aussi, il se souviendra que, dans la vie de l’homme des bois, la possession d’un couteau est une ressource immense.

Rempli d’une nouvelle espérance, je visitai avec attention la place où je me trouvais. Je découvris non loin de moi les restes d’un bison[1] et je me hâtai d’en couper un morceau pour mon déjeuner ; mais la viande avait été corrompue par l’ardente chaleur du soleil, et malgré la faim que j’éprouvais il me fut impossible d’en manger une bouchée. Je fus donc obligé de me contenter de quelques racines qui malgré leur fadeur me semblèrent succulentes.

Je réfléchis que, si la chair du bison ne pouvait m’être d’aucune utilité, sa peau pourrait servir à me couvrir. Je commençai donc à me mettre à l’œuvre.

Je n’étais pas embarrassé pour entreprendre ce travail. J’avais aidé bien souvent Lewis dans

  1. Sorte de bœuf qui porte une bosse charnue sur les épaules.