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ductions, jusqu’à découvrir la trente-deuxième proposition d’Euclide[1].

Dès lors, le jeune Pascal cultiva sans contrainte la science que son intelligence lui avait si merveilleusement révélée.

Depuis plusieurs années déjà, Étienne Pascal avait quitté la magistrature et s’était retiré à Paris, pour se consacrer sans partage à l’éducation de ses enfants et au commerce des hommes dont le nom était alors célèbre dans les sciences. Mercenne, Roberval, Lepailleur, Desargues et quelques autres mathématiciens, dont la réunion donna plus tard naissance à l’Académie des sciences, entretenaient des correspondances savantes dans les diverses parties de l’Europe, et formaient entre eux des conférences qui avaient lieu quelquefois dans la maison de Pascal. Le prodigieux enfant, admis dans leur compagnie, prenait part à leurs entretiens, étudiait avec eux les problèmes les plus difficiles, et leur enlevait souvent l’honneur de la solution.

Loin de s’éteindre sous cette application prématurée, le vigoureux esprit du jeune Pascal y puisa de nouvelles forces ; mais son organisation physique s’y altéra de bonne heure. Il lui en advint comme à ces jeunes arbres qui éclatent sous le fardeau des plus beaux fruits et périssent ainsi à jamais dévorés par leur trop précoce fécondité. Dès l’âge de dix-huit ans, expiant dans des souffrances anticipées la sublimité de son génie, il dut éprouver douloureusement en lui-même cette condition de misère et de grandeur qui est celle de l’homme, et dont il est devenu l’interprète le plus pathétique.

  1. Voyez Vie de Pascal, de plus, la préface du Traité de l’équilibre des liqueurs ; Paris, 1663.