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d’ailleurs, dans la direction intellectuelle de son élève, le plus sage et le plus éclairé des maîtres. Sans l’appliquer d’abord à l’étude du grec et du latin, il l’initiait par degrés et sous une forme appropriée à son intelligence, à l’idée générale des langues et de la grammaire ; il lui expliquait, suivant la physique du temps, les phénomènes naturels qui frappent les yeux, enfin il ne perdait aucune occasion de lui apprendre les premiers éléments de nos connaissances, et le tenant toujours au-dessus de son ouvrage[1], il l’habituait à se rendre raison de toutes les choses qui occupaient son esprit. Ces entretiens, comme nous l’apprend la sœur aînée de Pascal, se prolongeaient même durant le repas[2].

Lorsque, à douze ans, Pascal commença à étudier les langues anciennes, la logique et la physique, les principes de la géométrie lui étaient déjà familiers. Son père, qui pensait avec raison que l’étude des lettres doit précéder celle des mathématiques avait eu grand soin de cacher ces sciences à sa curiosité. Mais ce mystère même servit à exciter la pénétration du jeune Blaise : il avait furtivement appris dans la conversation de son père, que la géométrie traçait certaines figures et trouvait les rapports de ces figures entre elles. Cette vague notion lui suffit ; il devint géomètre dans ses heures de récréation. Son père fut presque épouvanté du génie de cet enfant, lorsqu’un jour, le surprenant qui traçait des lignes avec du charbon, il vit qu’il était arrivé, à l’aide de ses propres dé-

  1. Expressions de Mme Perier, sœur de Pascal.
  2. Vie de Pascal, par Mme Périer.