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leur permettant de se modeler un corps semblable à celui qu’ils avaient autrefois, de se matérialiser. D’accord avec les spirites sur l’ensemble de la doctrine, les théosophes estiment, toutefois, qu’il faut laisser les morts en paix. En les attirant dans notre ambiance terrestre, nous leur rendons un très mauvais service en les empêchant d’évoluer. De plus ils insistent sur les dangers que court le médium. « Si le médium, écrit Aimée Blech, n’est pas protégé, sa passivité, sa réceptivité habituelle en font une victime toute prête… Combien d’aliénés ont commencé à n’être que des obsédés ! J’ai eu, pour ma part, tant de confidences poignantes et tragiques, tant de demandes d’aide parfois tardives, que je ne crois pas trop m’avancer en affirmant ce danger. » Quant aux occultistes, ils raillent volontiers les spirites et les manifestations « beaucoup plus matérielles que spirituelles », provoquées par les médiums. « Rien de ce que j’ai vu, écrit Oswald Wirth, ne m’oblige à croire à l’intervention des esprits, dans les phénomènes du spiritisme. » C’est un spectacle qui devrait faire réfléchir les plus crédules, que celui des disputes mettant aux prises les modernes explorateurs de l’au-delà. Chacun prêche pour sa personne, pour sa chapelle : et comme il néglige d’accorder son violon avec celui du voisin, les auditeurs sont gratifiés d’un concert où tout est discordance et cacophonie. Rien d’étonnant, ce domaine étant par excellence celui de la fraude et de l’illusion. Pour nous, il n’y a pas fraude, les déplacements de table sont dus à des inconscients du médium ou à des actons inconscientes des personnes présentes. Ajoutons que la mentalité du médium ou des assistants se retrouve dans toutes les communications. Home, le célèbre anglais qui mystifia si longtemps Williarm Crookes, avoua qu’il n’avait invoqué les esprits que pour attirer les badauds. Si compatir à la sottise n’était risquer de la rendre contagieuse, on plaindrait les naïfs victimes des spirites professionnels et des mauvais plaisants. Faut-il ramener toutes les manifestations médiumniques, hypnotiques, etc…, à de simples expressions des constatations hypérémotives et mythomaniaques découvertes par Ernest Dupré ou à la cyclothymie si bien décrite par Emil Krœpelin ? Je n’ose me prononcer ; en science, il faut de longues recherches avant d’aboutir à des résultats incontestables. Du moins, il est hors de doute que les morts n’ont rien à voir avec les manifestations spirites ou médiumniques. Les expériences mystiques chères à William James sont rentrées dans le domaine de la physiologie voire de la physiologie sexuelle, d’où et n’auraient jamais dû sortir. Pour l’édification du lecteur, rappelons l’histoire récente du médium Albertine. Le mari de cette dame était l’auteur de livres fort appréciés dans les milieux spirites : Les Témoins posthumes, Écoutons les morts. Après production de phénomènes secondaires : déplacement de tables à distance, bruit de castagnettes et de tambourin, danse de guéridons, Albertine provoqua des manifestations ectoplasmiques. À la demande de son mari, écrivait le Docteur Osty : « Un cabinet noir, c’est-à-dire un espace entouré de rideaux noirs, a été monté dans le laboratoire de l’Institut Métapsychique, pour se conformer aux habitudes du médium Albertine. M. B… a apporté un sac d’étoffe de couleur foncée pour que le corps du médium y soit enfermé jusqu’au cou. Le sac est examiné par plusieurs personnes et par moi. Le fond en est sans couture, les deux coutures latérales sont solides. L’ouverture est garnie d’anneaux de cuivre à rideaux. Albertine y est introduite. L’ouverture du sac est fermée par des lacets réunissant entre eux tous les anneaux de chaque côté et plombé aux extrémités… Le sac est attaché aux bras et à une traverse du fauteuil au niveau des hanches et du sol, par des liens plombés passés dans les anneaux bien cousus à l’étoffe. Les paroles échangées par les spectateurs expri-

ment l’opinion qu’il est impossible d’imaginer comment on peut sortir et surtout rentrer dans ce sac, sans briser les liens de clôture et de fixation. » Ainsi, toutes les précautions sont prises pour que le médium ne fraude pas. Et, passant sur les séances d’intérêt médiocre, nous arrivons à celles qui présentaient un caractère vraiment remarquable. Le médium, ficelé dans son sac, est placé dans le cabinet noir que des rideaux séparent du public. « Une lampe rouge, continue le Docteur Osly, est allumée à la rampe du plafond du laboratoire. Dix minutes environ après le début de la séance, des manifestations commencent. On entend un crayon écrire et tomber. Bientôt une main et un avant-bras nus passent entre les rideaux. Les rideaux sont rouvert lentement, une forme humaine apparaît, vêtue clair, tenant un écran lumineux pour mieux éclairer sa tête entourée d’un voile blanc. Les rideaux retombent. Ils s’entrouvrent de nouveau et encadrent une forme féminine que quelques assistants jugent plus petite que celle de l’apparition précédente. La tête est nue. Les cheveux partagé en deux tombent de chaque côté des joues. Quelqu’un dit : « C’est ma sœur, je la reconnais ». L’apparition, d’un signe de main, confirme joyeusement cette reconnaissance. Les rideaux se referment. Quelques minutes se passent, et une autre forme humaine se montre. La tête est recouverte de quelque chose de vague et de couleur claire. Quelqu’un dit « C’est ma mère ! ». Et la comédie recommença bien des fois ; les apparitions deviennent de plus en plus nettes. » Enfin, voici le récit de la dernière séance : « Quinze minutes s’écoulent. Les gémissements se précipitent et s’accentuent. Les anneaux des rideaux grincent sur la tringle. Un visage et une longue forme claire et imprécise se montrent dans l’intervalle étroit des deux rideaux et disparaissent. Une forme humaine complète apparaît tôt après. Elle donne l’impression d’une femme. Timidement elle se montre, puis écarte largement les rideaux et se met bien en vue. La tête est recouverte d’un voile clair. Le cou et les bras sont nus. Le corps semble vêtu d’un tissu clair. M. Garçon demande, le premier, de toucher la main de l’apparition. Il la touche. Les rideaux se ferment deux fois, et deux fois l’apparition se montre. Il y a maintenant deux lampes rouges allumées au plafond. Ma demande, plusieurs fois renouvelée, que l’apparition mette sa main dans la mienne, reste sans succès. Je ne retrouve plus la complaisance obéissante des séances précédentes. Je prie M. Garçon, mon voisin de droite, de redemander le toucher d’une main. L’apparition, d’un geste gracieux, approche sa main droite de celle qu’il lui tend. Je saisis le poignet de l’être mystérieux et dis : « Lumière ! » Une lampe plafonnière de quelques centaine de bougies, commandée par M. Sudre, inonde le laboratoire de lumière. Voici le tableau que les quatorze témoins contemplèrent : Le médium Albertine, immobilisé de stupeur, est devant nos yeux costumé en apparition. » Un tel compte-rendu se passe de commentaires. Les histoires de ce genre sont innombrables ; et l’on dit même que la race des médiums est en voie de disparition, depuis que l’on prend quelques précautions, pourtant très élémentaires, contre les charlatans qui prétendent faire parler les morts. On trouvera d’ailleurs au mot Métapsychie de nombreuses explications complémentaires, ainsi qu’au mot Spritisme. — L. Barbedette.


NÉGATIF [IVE]. adj. (du latin : negare, nier). Qui exprime une négation ; ex. : terme négatif, argument négatif, réponse négative. Grammaire : mots négatifs : mots qui ajoutent à l’idée caractéristiques de leur espèce et à l’idée propre qui les individualise, l’idée particulière de la négation grammaticale. Les mots : personne, rien, aucun, ne, ni, non, sont des mots négatifs. La négation renfermée dans ces mots tombe sur la pro-