nerons en indiquant ce que doivent être l’École et les Écoles, selon nous.
Écoles pour anormaux et arriérés. Dans les villes comme dans les campagnes, on trouve un nombre considérable d’enfants anormaux et arriérés. Certains de ces enfants qui doivent leurs tares à des parents alcooliques, syphilitiques, ou tarés de toute autre façon, n’ont pas seulement le malheur d’être atteints de quelque infirmité ou d’être simples d’esprit, ils sont par dessus le marché les souffre-douleurs de leurs parents et de leur entourage.
D’autres trouvent leur plaisir dans le vagabondage, la brutalité, les farces stupides ; ils donnent de mauvais exemples à leurs frères et sœurs, dans la famille, à tous les enfants dans la rue et dans l’école où ils sont une source de trouble. Ils gênent l’évolution des autres enfants, l’activité professionnelle de leurs parents et causent à ceux-ci mille tracas.
Les uns coûtent à la société parce qu’ils sont incapables de se suffire, les autres coûtent également parce que nuisibles.
Il est certain que l’injustice sociale, avec ses taudis pourvoyeurs de cabarets, la mauvaise organisation du travail : oisiveté voulue ou non voulue (chômage) d’un côté et surmenage de l’autre est en grande partie la cause de la multiplication des anormalités.
Cependant, dans une certaine mesure, il semble que le progrès des uns nécessite la régression des autres, que les sociétés mieux organisées auront sans doute encore leurs déchets, que les progrès de la masse des individus sont à la fois cause et résultat de la formation d’individus dégénérés aussi bien que de la constitution des élites.
Faut-il s’occuper des enfants anormaux et arriérés ?
De multiples raisons justifient une réponse affirmative. À côté des raisons de justice et d’intérêt social qui s’explique par ce qui précède, on peut ajouter qu’un régime éducatif spécial, l’apprentissage de certains métiers peuvent alléger les charges sociales qui résultent des enfants inaptes ou dangereux.
On peut aussi faire remarquer qu’un traitement spécial, dans les écoles ou internats spéciaux, en débarrassant les enfants anormaux d’un voisinage nuisible, ne peut qu’être favorable à l’instruction et à l’éducation de ceux-ci.
Non seulement le traitement spécial des enfants anormaux ou arriérés diminue les inconvénients, les dangers et les charges qu’ils constituent, mais encore de ce traitement la médecine et la pédagogie retirent un grand profit pour l’éducation et la préservation des enfants normaux. De même que l’étude des maladies a eu pour effet de permettre les progrès de l’hygiène, de même l’étude des anormaux permet peu à peu de reconnaître et de prévenir les causes de dégénérescence.
Enfin l’étude des méthodes propres à l’enseignement des anormaux ou arriérés nous a déjà permis de reconnaître certains défauts de l’enseignement donné aux enfants normaux et d’améliorer nos méthodes générales d’enseignement.
Comment faut-il s’occuper des enfants anormaux et arriérés ?
D’abord, pour certains, un traitement physique s’impose : régimes, médications, cures de soleil, d’air, etc., selon les cas. Tout ceci est de la compétence des médecins.
Ensuite, un traitement éducatif s’impose également. Ce traitement éducatif spécial, dont nous reparlerons à propos de l’éducation, est évidemment très variable, car il y a une grande variété d’anomalies et d’infériorités ; aussi il exige le plus souvent des éducateurs
Moins l’hérédité a donné de valeurs latentes à l’enfant et plus l’influence du milieu éducateur devra être intense pour permettre au mieux l’épanouissement de ces valeurs.
Les écoles spéciales pour anormaux et arriérés ont donc en tout premier lien pour rôle de favoriser le développement physique, mental et affectif de ces enfants. Elles s’efforcent ensuite de les préparer à des professions qu’ils soient capables de remplir.
Ajoutons, pour terminer, qu’actuellement, en France, le nombre des écoles spéciales est tout à fait insuffisant et que, surtout dans les campagnes, la plupart des enfants arriérés ou ne vont pas à l’école, ou vont à l’école ordinaire et y font peu ou point de progrès tout en nuisant à l’instruction et à l’éducation de leurs condisciples.
École sur mesure. — En 1900 la ville de Mannheim (Allemagne) introduisit dans ses classes une organisation que l’on désigne tantôt sous le nom d’ « École sur mesure », tantôt sous celui de « système de Mannheim ». Ce système s’efforçait de tenir compte de la diversité des capacités des élèves en fractionnant chaque classe en trois divisions : l’une pour les enfants très intelligents, l’autre pour les moyens et la troisième pour les très faibles. Le système de Mannheim a été l’objet de nombreuses critiques et nous ne le signalons que comme la première tentative sérieuse de réaliser l’adaptation de l’enseignement à la nature de l’écolier.
Écoles pour surnormaux. — Dès la Révolution Française, les projets d’organisation de l’enseignement public, présentés à la Convention par Condorcet et Lepelletier de Saint-Fargeau, posaient le principe que les enfants qui témoignent d’une intelligence supérieure doivent continuer leurs études aux frais de l’État et devenir les « Pupilles de la Pairie ». Plus tard, Napoléon, en fit des « Élèves du Gouvernement ». Aujourd’hui nous avons, en France, le système des bourses. Ce système mérite de sérieuses critiques. D’abord il est une aide imparfaite et par cela-même profite beaucoup plus à la petite bourgeoisie qu’au prolétariat. Ensuite le choix des boursiers se fait à l’aide d’examens qui ont le tort de tenir beaucoup plus compte de l’acquis scolaire que des aptitudes enfantines. Enfin les élèves ainsi sélectionnés se trouvent réunis à des cancres de familles riches et l’homogénéité des classes n’est pas obtenue dans les écoles.
La sélection des mieux doués, sous sa forme actuelle, se fait surtout au profit de la classe sociale privilégiée qui tente d’aspirer les éléments les meilleurs du prolétariat. Il n’en est pas moins vrai qu’il y a un intérêt social évident à ce que l’on découvre très tôt l’élite intellectuelle et qu’on lui permette de se développer. L’intérêt social n’est pas seulement en jeu. Tout comme les anormaux, les normaux causent un déséquilibre des classes dont pâtissent les élèves moyens. Il y a enfin à cette sélection un intérêt individuel trop méconnu : l’enfant surnormal profite mieux d’un travail à sa mesure ; de plus, c’est souvent un enfant à surveiller au point de vue médical.
N’oublions pas qu’il ne faut pas confondre l’enfant précoce, qui devient de bonne heure un petit homme mais s’arrête très tôt dans son développement et l’enfant surnormal exceptionnellement doué. Dès 1905, un allemand : Petzoldt, réclamait des écoles spéciales pour surnormaux. En 1917 la ville de Berlin créa de telles écoles. Son exemple fut suivi en 1918 par Hambourg.
Dans le Northumberland (Angleterre) la sélection