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frais généraux et de la matière première, l’affaire laisse un bénéfice hebdomadaire X, la moitié est allouée au camarade.

Les voici tous deux gagnant plus qu’à l’usine et chacun profitant du travail de l’autre.

Celui qui a conçu et réalisé l’affaire, qui assume la responsabilité de sa bonne marche, va pouvoir consacrer plus de temps à son administration. Il est devenu « patron ».

Or, non seulement ce patron n’est pas un exploiteur, mais il est exploité par l’autre, qui reçoit aujourd’hui un meilleur salaire grâce aux dix années de préparation de celui-ci.

Pour que celui qui n’a pas fourni cet effort ne soit pas l’exploiteur de son camarade devenu patron, il faudrait qu’il fit à l’entreprise, et cela sous une forme quelconque, un apport, équivalent à celui de l’autre,

Ceci nous amène à dire que pour qu’il y ait exploitation, toujours au sens péjoratif, il faut qu’il y ait abus, contrainte, surprise ou préjudice.

Et encore : que ce n’est pas la situation sociale d’un individu qui le fait exploiteur, mais son tempérament. On naît exploiteur et on le demeure, que l’on soit salariant ou salarié.

Le tempérament de l’individu se transforme par l’éducation, non par la situation sociale, celle-ci ne jouant qu’en tant que facteur d’éducation.

Croire que l’initiateur de production qui rassemble de la main-d’œuvre librement contractante est, de ce seul fait, un exploiteur, c’est commettre une erreur préjudiciable à toute grande entreprise et au mieux-être.

Si un cordonnier indépendant gagne quarante francs par jour, deux cordonniers associés gagneront chacun cinquante ou soixante francs pour une somme égale de travail.

Il y aura donc mieux-être.

D’autres métiers exigent un effort collectif : un seul homme peut faire beaucoup de chaussures, mais il faut plusieurs hommes pour faire une seule locomotive, un seul navire.

Il convient donc de distinguer entre exploiteur et initiateur ou réalisateur. — Raoul Odin.


EXPLOSIF n. m. Corps susceptible de faire explosion. D’après l’expérience courante, un explosif est un corps capable de réaliser, par sa décomposition, un violent déplacement de matériaux ; cet effet résulte d’une augmentation considérable du volume de l’explosif qui, pendant sa décomposition, passe brusquement de l’état solide ou liquide à l’état gazeux, en exerçant une forte pression sur les matériaux à déplacer.

De tels corps, capables d’une décomposition brusque, sont naturellement dans un équilibre moléculaire très instable, tandis que leur destruction violente donne naissance à des corps qui sont dans un équilibre moléculaire très stable. Or, d’après les principes de thermochimie, un tel changement d’équilibre s’accompagne d’un grand dégagement de chaleur qui, portant à une haute température les gaz produits, augmente énormément leur pression et, par suite, la puissance de l’explosif. Nous retrouvons ainsi, en partant de notions de sens commun, la définition classique des explosifs donnée par Sarrau :

« On appelle explosif tout corps capable de se transformer rapidement en gaz à haute température. »

Il y a deux classes d’explosifs : les explosifs de chargement et les explosifs de détonation ou d’amorçage… Il n’y a d’ailleurs pas de différence essentielle entre ces deux catégories, et tel explosif, comme le coton-poudre par exemple, se classe dans l’une ou dans

l’autre catégorie, suivant la forme physique qui lui est donnée.

Quelle que soit la stabilité relative des explosifs de chargement, quelle que soit la sécurité habituelle de leur emploi, on ne doit jamais oublier, en les manipulant, qu’un explosif, par sa définition même, est un corps en équilibre instable et dont la moindre imprudence peut provoquer la décomposition. » (Paul Vérola : Chimie et fabrication des explosifs, A. Colin 1922). »

Les explosifs doivent présenter les qualités de stabilité suivantes :

1° Ne pas détoner entre bois et fer sous un choc inférieur à 2 kilogr. par centimètre carré.

2° Ne pas détoner par décomposition spontanée par suite de l’excès de l’un des réactifs ou d’une impureté de l’un de ceux-ci.

3° Résister pendant dix minutes au moins à une température de 700°.

Les matières premières utilisées dans la fabrication des explosifs peuvent être classées de la façon suivante :

Matières combustibles : charbon, soufre.

Sels oxygénés : Nitrate de potasse ou salpêtre, de soude, d’ammoniaque, de baryte, chlorate de potasse, fulminates, picrates.

Pyroxyles et matières organiques nitrées : Fulmicoton, fulmipaille, fulmison, fulmibois, nitroglycérine (C³H² [Az O³ H]³), nitrosaccharose, nitromannite.

Jusque vers la fin du dernier siècle, il n’existait qu’un explosif : la poudre noire, et sa fabrication, améliorée au cours des âges, avait acquis une perfection telle que cet explosif s’adaptait à tous les besoins.

Aujourd’hui, ces poudres ne présentent qu’un intérêt très relatif pour les besoins de la guerre, mais elles servent encore pour les armes de chasse. D’ailleurs, elles présentent un certain nombre d’avantages : prix de revient minime, fabrication facile et peu dangereuse, étant donné leur insensibilité partielle aux flottements et aux chocs, stabilité considérable et conservation commode ne nécessitant que l’abri de l’humidité.

Voici quelques formules :

Poudre grise ordinaire : Salpêtre 74, 84. Charbon 13, 32. Soufre 11, 84.

Salpètre 78, 99. Charbon 11, 17. Soufre 9, 84.

Poudre de guerre : Canon = Salpêtre 75. Soufre 12,5. Charbon 12.5. Fusil = Salpêtre 74. Soufre 10, 5. Charbon 15, 5.

Poudre de chasse : Salpêtre 78. Soufre 10. Charbon 12.

Poudre de mine : Salpêtre 65. Soufre 20. Charbon 15.

Poudre allemande de 1883 : Salpêtre 76. Soufre 9. Charbon 15.

Poudre russe d’Ochta : Azotate de potasse 75. Soufre 10. Charbon 15.

Poudre de la marine italienne, dite H/57 : Salpêtre 77. Charbon 20. Soufre 3.

Poudre Pebble : Salpêtre 76.50. Soufre 10, 25. Charbon 13, 25.

On a proposé un grand nombre de modifications de la poudre grise ordinaire. Une des plus importantes est sans contredit la « poudre chocolat », poudre brune « brown powder », ou « cocoa powder » ; inventée en Allemagne en 1882.

Sa composition est la suivante : Azotate de potasse 79. Soufre 3. Charbon 18. A la même poudre se rattache la poudre sans fumée C. S. ou « Chilworth special powder ». Elle est formée de : Azotate de potasse 42. Azotate d’ammoniaque 38. Charbon rouge 20.

Poudre de Schwartz : Azotate de Potasse 48,6. Azotate de soude 26,5. Soufre 9,2. Charbon 15,7.

Poudre de Freiberg : Azotate de soude 64. Soufre 18. Charbon 18.