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Poudre amide ou Gabe : Azotate de potasse 101. Azotate d’ammoniaque 80. Charbon de bois 40.

Poudre S. A. 152 : Azotate de potasse 62. Azotate d’ammoniaque 11. Charbon 24,3. Soufre 1,3. Résine 1,3.

Poudre Wynant : Azotate de Baryte 77. Azotate de potasse 2. Charbon de bois 21.

Poudre Küp : Azotate de baryte 80. Soufre 10. Charbon 10.

Xantine : Azotate de potasse 68,5. Xantate de potasse 27,4. Charbon de bois 4,1.

Poudres chloratées

D’une puissance beaucoup plus considérable que les poudres ordinaires, elles ont des effets trop brisants. Un choc ou un frottement suffisent à provoquer leur explosion :

Poudre Cossigny : Chlorate de potasse 75. Soufre 12, 5. Charbon 12.5.

Poudre de Kohler : Chlorate de potasse 70. Soufre 20. Charbon 10.

Poudre Mundel : Chlorate de potasse 63,5. Soufre 31.5. Noir animal 1. Poudre de chasse ord. 4.

Poudre Hahn : Chlorate de potasse 36.7. Sulfure d’antimoine 169. Charbon 18. Spermaceti 46.

Rackarock : Chlorate de potasse 87,5, 63,4, 89,3, 23,5. Huile de naphte 12,5, 8,3. Nitrobenzine 8,3, 76,5. Térébenthine 10,7.

Poudre Gallica : Chlorate de potasse 75. Noix de galle pulvérisée 25.

Poudre Maréchal : Chlorate de potasse 84. Acide stéarique 16.

Poudre Monnier : Chlorate de potasse 71. Sucre 16. Charbon 6. Goudron de houille 7.

Bellfords powder : Charbon en poudre 19,5. Salpêtre 68. Soufre 12,5.

Poudre blanche anglaise : Chlorate de potassium 50. Ferrocyanure de potassium 25. Sucre raffiné 25.

Poudre de Pohl : Chlorate de potasse 49. Ferrocyanure de potassium 28. Sucre de canne 23.

Poudre de Feutons : Chlorate de potassium 16. Ferrocyanure de potassium 4. Sucre 4.

Il y a encore une quantité considérable de poudres. On trouve dans le commerce des ouvrages très documentés. Si l’on en croit certains auteurs, les révolutionnaires ont la curiosité de savoir et la composition et l’emploi des explosifs ; ils trouveront des ouvrages de vulgarisation dans les livres du Génie militaire et de l’Artillerie. — A. Lapeyre.


EXPORTATION n. f. (du latin exportatio, même signification ; de ex, hors, et portare, porter). Le mot exportation est un terme commercial qui signifie : transporter et vendre à l’étranger des produits du sol ou des marchandises de l’industrie. Nous avons démontré par ailleurs qu’aucune nation du monde ne pouvait vivre sans le concours de ses voisines proches ou éloignées, la fertilité du sol ou la production industrielle étant conditionnées à une quantité de facteurs, tels que le climat, la situation géographique, ethnographique, etc. Le régime économique du monde repose donc sur l’importation, dont la contrepartie est nécessairement l’exportation. Il serait pourtant puéril de croire que seuls les besoins matériels d’une population jouent dans les importations et les exportations d’un pays ; les intérêts commerciaux, la plupart du temps contraires aux besoins des consommateurs, figurent comme un des facteurs principaux en ce qui concerne l’exportation des produits bruts ou manufacturés d’une nation. Nous savons qu’en ce qui concerne les importations, de nombreux pays, où ne s’exerce pas encore le libre-échangisme, les produits étrangers sont frappés à l’entrée de droits de douane prohibitifs, afin de permettre au capitalisme national d’écouler à un prix élevé ses pro-

pres produits. Nous avons traité de cette question au mot « douane » et démontré que le régime du protectionnisme ne pouvait que profiter aux exploiteurs de la misère humaine. Urbain Gohier, dans une étude déjà vieille, puisqu’elle date de 1906, intitulée « Le nouveau pacte de famine », nous éclairait lumineusement sur les désirs intéressés des protectionnistes : « Envisageons, disait-il, un groupe de cent une personnes : cent ouvriers, et le patron, individuel ou collectif.

« Le patron dit aux ouvriers : « A cause de la concurrence étrangère, je serai contraint de diminuer vos salaires, si nous ne sommes pas protégés ; car je ne fais plus que 300.000 francs de bénéfice net par an. Donc, puisque vous êtes citoyens électeurs, exigez de vos élus des lois de protection. » Les ouvriers n’hésitent pas : ils ne savent pas en quoi consistera la chose ; ou bien ils croient qu’elle aboutira seulement à la prohibition du produit étranger, à l’obligation, pour tous les consommateurs, d’acheter l’objet qu’ils fabriquent. C’est si bon de se savoir « protégés » quand on est faible et, d’ailleurs, sans application pour étudier, sans intelligence pour comprendre, sans courage pour se défendre soi-même ! Être défendu, n’importe comment, par l’État-providence, par l’État-Dieu, au moyen d’une loi mystérieuse, d’un grimoire enchanté : quel rêve !

Les cent ouvriers sont protectionnistes du coup ; ils élisent un protectionniste forcené, tantôt borné comme eux, tantôt prêt à tous les métiers pourvu qu’ils l’apportent, tantôt simple compère du patron. Les tarifs sont votés. Grâce à l’augmentation de 140 à 180 pour 100 des taxes, le patron relève ses prix ; au lieu de gagner 300.000 francs net, il place à la fin de l’année 400.000 francs ; il a bénéficié de 100.000 francs.

« Mais les ouvriers ? On n’a pas diminué leur salaire, puisqu’on le leur avait promis ; on ne l’a pas augmenté non plus. Seulement, par le jeu de tout le système, leur vie est devenus plus difficile ; leurs vêtements ou leurs aliments leur coûtent plus cher ; avec la même somme, ils se trouvent dans une détresse plus profonde.

« Toutes les marchandises qu’ils consomment sont « protégées », c’est-à-dire qu’elles coûtent plus cher. Une seule reste au même prix : celle qu’ils vendent leur travail. Ne recevant pas un sou de plus et dépensant beaucoup davantage, ils subissent indirectement une diminution de salaire. Leur salaire nominal n’a pas changé, mais il a perdu beaucoup de sa valeur utile. » (Urbain Gohier, La Révolution vient-elle ? « Le nouveau pacte de famine », Paris, 1906.)

Nous voyons, par ce qui précède que, si l’exportation est généralement libre, elle est entravée par les droits d’entrée, qui frappent les marchandises à leur introduction dans un pays étranger, et que c’est le consommateur, en grande partie le travailleur, qui en souffre.

« Pendant de longs siècles, dit le Larousse, les États frappèrent les marchandises de droits très élevés, non seulement à l’entrée, mais aussi à la sortie ; il fallait, croyait-on, entraver l’exportation des produits, et particulièrement du blé, pour éviter des famines ou empêcher le pays de s’appauvrir. En France, les droits à l’exportation furent supprimés en 1860. »

Si les droits à l’exportation ont été supprimés, non seulement en France, mais dans presque toutes les nations du monde — exception faite pour certains pays de l’Amérique du Sud qui poursuivent cette politique économique — ce n’est pas que les grands producteurs ou les gros industriels aient considéré le problème sous son angle social et pensé que la famine ou l’appauvrissement de leur pays n’était plus à craindre. Comme toujours lorsqu’il s’agit du commerce, ils ne furent animés que par un bas intérêt particulier. Il est indéniable que les droits à l’importation entravent la liberté du consommateur, en haussant les prix, des produits