lozzi, Froebel, furent des précurseurs des écoles actives d’aujourd’hui. Plus près de nous Tolstoï à Jasnaïa Poliana (Russie) ; Giroud, Delon et Robin à Cempuis, Sébastien Faure à La Ruche, M. Vernet à l’Orphelinat d’Épône ; Jean Ligtharten en Hollande ; Mme Montessori en Italie ; le Dr Decroly en Belgique ; John Dewey, Angelo Patri, etc., en Amérique ; Gaudig, Kerschensteiner, Lag, Scharrelmann, Gansberg, etc., en Allemagne ; Seidel, Oertli, Ferrière, Claparède, H. Tobler, etc., en Suisse ; O’Neill, Sanderson, etc., en Angleterre, ont été, ou sont encore, parmi les plus ardents artisans de l’École active.
Le pouvoir soviétique, lui-même, a voulu établir en Russie le régime de l’École du travail, mais il paraît certain que les instituteurs russes, en général, n’étaient pas suffisamment préparés au rôle qu’on a voulu leur faire jouer et d’autre part que la liberté et la spontanéité enfantines ont été trop négligées, pour satisfaire aux préoccupations politiques des dirigeants.
Une place à part doit être faite à ces écoles expérimentales qui s’efforcent d’améliorer l’École et portent le nom d’Écoles nouvelles. Nous extrayons de « Pour l’Ère nouvelle » des renseignements copieux sur ces écoles :
« Elles visent un triple but : satisfaire les besoins psychologiques spontanés de l’esprit de l’enfant ; l’armer pour la vie d’aujourd’hui ou, mieux encore, pour celle de demain ; enfin le mettre à même de s’élever par son effort propre jusqu’aux valeurs universelles de l’esprit, indépendantes du temps et du lieu : la vérité, le bien, la beauté !
« Le nom d’École nouvelle — en anglais new school — a été choisi par le Dr Cecil Reddie, qui créa la première institution de ce genre en 1889 à Abbotsholme dans le Derbyshire. Le sociologue Edmond Demolins l’importa en France, où il établit en 1899 l’École des Roches à Verneuil-sur-Avre (Eure). En Allemagne, le Dr Hermann Lietz désigna ses écoles du nom de Land-Erziehungsheime : foyers d’éducation à la campagne. Mais les plus récentes de ces écoles, celles tout au moins qui ont étendu à toute la communauté scolaire la pratique du self-government, portent le nom de Freie-Schulgemeinden.
Il n’est pas facile de caractériser l’école nouvelle.
Nombre d’institutions se dénomment « Écoles nouvelles » sans ressembler de près ni de loin aux écoles modèles qui ont donné à ce terme sa consécration…
« Il est bon toutefois que le public soit averti. « Méfiez-vous des contrefaçons », lui crierait-on volontiers.
Mais comment le public reconnaîtra-t-il le vrai du faux, puisqu’il ne s’y entend pas et que les directeurs d’écoles, à l’instar des politiciens de profession, le leurrent de belles promesses et de « plans fort beaux sur le papier… » ?…
Des séjours nombreux et prolongés dans les principales Écoles nouvelles de différents pays nous ont permis de déceler ce qui les distingue des écoles traditionnelles, et cela non plus seulement dans les principes — qui sont en soi invisibles et impalpables et dont le dernier « marchand de soupe » venu peut se réclamer — mais dans les réalités concrètes.
Trente traits caractéristiques, tirés de l’expérience même des Écoles nouvelles, permettent de « jauger » celles-ci, s’il est permis de s’exprimer ainsi. Un bref séjour permettra à un père de famille de diagnostiquer si l’école à laquelle il voudrait confier son enfant est, ou non, une École nouvelle. Le procédé a sans doute forcément quelque chose d’un peu arbitraire : toute application d’une théorie à la pratique comporte ce caractère. Mais moins il y a d’arbitraire dans l’établissement de cette norme de valeurs, mieux cela vaut. C’est à quoi nous avons visé.
L’École nouvelle est un Laboratoire de pédagogie pratique.
a) Pionnier des Écoles d’État, elle prépare le terrain en approuvant l’efficacité des méthodes nouvelles.
b) Elle s’appuie sur les données de la psychologie de l’enfant et sur les besoins de son corps et de son esprit.
c) Elle vise à préparer les enfants à la vie moderne avec ses exigences matérielles et morales.
L’École nouvelle est un Internat.
a) Seule l’influence totale du milieu permet de réaliser une éducation intégrale.
b) L’École nouvelle vise surtout les enfants dont la famille n’existe pas ou ne veut pas entreprendre l’éducation selon les exigences de la science moderne.
c) Elle tend à faire le pont entre la vie familiale et la vie sociale, en réalisant les groupements par « familles » adoptives, au gré des affections spontanées des enfants.
L’École nouvelle est située à la campagne.
a) La campagne est le milieu naturel de l’enfant. Il y trouve le calme dont son système nerveux a besoin.
b) Possibilité de se livrer aux ébats primitifs et aux travaux des champs.
c) Pour les adolescents, la proximité d’une ville est désirable pour l’éducation intellectuelle et artistique (musées, concerts, etc.).
L’École nouvelle groupe les élèves par maisons séparées.
a) Les groupes de dix à quinze élèves vivent sous la direction matérielle et morale d’un éducateur et d’une éducatrice.
b) L’élément féminin ne doit pas être exclu de l’éducation des garçons, ni l’élément masculin de l’éducation des filles.
c) Les habitudes d’ordre et les relations d’intimité ne sont possibles que dans un milieu restreint.
L’École nouvelle pratique le plus souvent la coéducation des sexes.
a) Laissés ensemble depuis leur plus jeune âge, tout en étant élevés selon les besoins particuliers de leur sexe, les garçons et les filles vivent en camarades.
b) Les éléments qui ne conviennent pas à la coéducation ou à qui la coéducation ne convient pas sont exclus.
c) En évitant les « refoulements » pathologiques, la coéducation prépare des mariages sains et heureux.
L’École nouvelle organise des travaux manuels.
a) Ces travaux sont obligatoires pour tous les élèves et ont lieu généralement de 2 à 4 heures.
b) Ces travaux poursuivent non pas un but professionnel, mais éducatif.
c) Ces travaux présentent une utilité réelle pour l’individu ou la collectivité.
L’École nouvelle attribue une importance spéciale à :
1o) La menuiserie qui développe :
a) l’habileté et la fermeté manuelles. — b) le sens le l’observation exacte. — c) la sincérité et la possession de soi.