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Page:Faure - Encyclopédie anarchiste, tome 2.djvu/196

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FED
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rien que sa tache, sans empiéter sur celle du voisin d’à-côté, au-dessous ou au-dessus.

Toute négligence d’un associé, tout arrêt dans le fonctionnement d’un rouage, tout ralentissement ou tout rythme trop vif dans le fonctionnement d’un rouage risquent de rompre l’harmonie de l’ensemble.

Cette négligence, cet arrêt, ce ralentissement, ce rythme désordonné, auraient pour conséquence fatale de détraquer le système infiniment sensible qu’est ce fédéralisme.

L’insouciance des associés d’un syndicat, d’une union locale et régionale, leur désintéressement de la bonne marche de l’association, du respect des décisions prises auraient pour conséquence l’établissement, par voie de substitution, d’une sorte de dictature collective, qui pourrait fort bien, par la suite, se transformer pour les mêmes raisons, en dictature de clan — ou de parti — pour aboutir à une véritable dictature individuelle.

Donc, pour naturel qu’il soit, le fédéralisme est bien le système le plus difficile à appliquer, parce qu’il requiert, pour cela, l’activité constante de tous : individus et groupements.

Adversaire irréductible de la théorie du moindre effort, il nie l’utilité et surtout la possibilité d’existence des messies, des hommes-providence. Il n’attend de réalisations que de l’individu et de ses associés, et il affirme ne pouvoir rien obtenir que par eux.

Lui seul garantit la liberté dans le groupement et ne limite pas son expansion ; lui seul permet d’établir entre les individus, entre les groupements et les individus, entre les groupements entre eux, des rapports véritablement normaux.

Il apparaît comme le système de l’avenir très proche. L’humanité ne sera libérée que par son application, et la société de demain ne verra la suppression des classes, l’abolition du salariat, la disparition de l’inutile État, par le nivellement des classes, l’intégration de tous les individus dans la production, que par le fédéralisme, seul capable d’assurer à la fois, la liberté, de chacun et le bien-être de tous dans l’harmonie et l’égalité sociale réalisées. ‒ Pierre Besnard.


FÉDÉRATION n. f. (du latin fæderatio). Union de plusieurs États en un seul État collectif. Les États-Unis d’Amérique, la République helvétique, l’Union des Républiques socialistes soviétiques sont des fédérations. L’Empire germanique était également une fédération de petits royaumes. Dans une fédération d’États, chaque état fédéré conserve une certaine autonomie locale, mais la politique générale est conduite par le centre et, dans les mesures considérées d’intérêt commun, l’indépendance disparaît et chaque État est astreint à respecter les décisions prises par les dirigeants de la fédération. La fédération d’État n’a rien de commun avec ce que l’on entend par « fédéralisme ». Le fédéralisme d’État est ce qu’il convient d’appeler du fédéralisme centraliste et repose sur l’idée et l’esprit démocratiques. C’est en effet, une fédération d’État, un gouvernement unique, central et une diplomatie commune à tous les états fédérés. Si nous prenons en exemple les États-Unis ou la Russie, nous nous apercevons de suite que la politique de ces pays est générale et dirigée non pas par chaque état particulier, mais par le centre.

On donne aussi le nom de fédération à l’ensemble des groupes politiques ou corporatifs s’associant dans un but commun. Chaque organisation nationale a ses fédérations, et l’association de ces diverses fédérations s’appelle une confédération (voir ce mot).

Les fédérations d’industrie sont les organismes qui groupent les syndicats corporatifs de la même industrie. Les fédérations régionales sont composées par

l’ensemble des syndicats d’industrie diverses de la, même région. Dans les différentes organisations politiques et sociales actuelles, la fédération est un organisme de centralisation, et fait organe d’office dirigeant. Ce n’est pas ainsi que les fédéralistes anarchistes comprennent la fédération. A leurs yeux, celle-ci ne doit être que le reflet des aspirations venant de la cellule, c’est-à-dire le groupe ou le syndicat, et ne doit servir qu’à relier entre elles les diverses organisations qui y adhèrent. La fédération ne peut être réellement fédéraliste que si elle n’a aucun pouvoir décisif et s’inspire toujours de la base. On trouvera au nom fédéralisme une démonstration plus complète de la fédération, telle que la conçoivent les anarchistes.

FÉDÉRATION (fête de la). Fête qui fut célébrée à Paris le 14 juillet 1790, premier anniversaire de la prise de la Bastille. Les délégués de 83 départements français formant une armée de 60.000 hommes s’y trouvèrent réunis. Cette fête se célébra sur le Champ-de-Mars et, devant toute cette foule, La Fayette prononça le serment de fidélité à la Constitution, auquel le roi souscrivit.


FÉMINISME (du latin femina, femme). Le féminisme est une doctrine ayant pour objet de faire admettre universellement, pour les femmes, des droits égaux à ceux des hommes dans la société humaine. Aucune doctrine n’est plus que celle-ci conformé à un élémentaire esprit d’équité. Cependant, elle a rencontré, et rencontre encore, nombre d’oppositions, dictées par la routine, le fanatisme religieux, ou plus simplement par l’intérêt. Dans beaucoup, de milieux qui se prétendent « avancés », c’est-à-dire ayant là prétention de précéder notablement leurs contemporains sur la voie du progrès, on fait beaucoup de réserves sur la question de l’égalité des sexes. La crainte de compétitions plus nombreuses autour des urnes électorales, et de surprises désagréables quant au résultat du scrutin, paraît être surtout en jeu. Cependant, on dissimule cette appréhension derrière des considérations philosophiques : On prétend que la femme est inférieure à l’homme, physiquement et intellectuellement ; qu’elle est dépourvue de sens administratif, et incapable de se diriger elle-même ; enfin, que son éducation sociale n’est pas faite. Examinons ce que valent ces arguments :

La femme est, en moyenne, de taille et de musculature plus faibles que l’homme, c’est exact. Mais ce qui est une condition rédhibitoire pour des travaux de force, tels le terrassement ou la forge, ne l’est nullement pour d’autres tâches aussi utiles, telles la couture, les soins ménagers, l’infirmerie, ou l’enseignement, pour ne citer que ces exemples. On pourrait même dire que, à notre époque où, de plus en plus, la puissance mécanique remplace avantageusement l’effort musculaire, la collaboration des bras solides est de celles qui offrent de moins en moins d’intérêt pour la production. Le manœuvre disparaît progressivement devant le technicien. Et ce qui fait le technicien, c’est le savoir et l’ingéniosité, non la rudesse de la poigne. Sauf pour ce qui est de la carrière militaire, on ne demande pas aux jeunes hommes qui sortent des grandes écoles un minimum de taille et de tour de biceps. On exige d’eux simplement une suffisante connaissance des matières du programme. Alors qu’un débile, doué, du sexe masculin, peut être reçu dans ces conditions, pourquoi la fragilité féminine, si souvent unie, d’ailleurs, à l’intelligence et à la beauté, serait-elle une infranchissable barrière ?

La plupart des grandes découvertes scientifiques, et des magistrales œuvres d’art, sont dues au sexe