manœuvres économiques et sociales du capitalisme. En se laissant fonctionnariser, le prolétariat s’amoindrit, s’affaiblit, se détruit en tant que classe ; il abdique son indépendance et, se faisant un agent inconscient de la machine bourgeoise, il éloigne l’ère des grandes transformations économiques.
Ce qui caractérise encore le fonctionnaire des autres exploités, c’est la hiérarchie à laquelle ils sont obligés de se soumettre et à laquelle également ils aspirent à appartenir. Tout comme à l’armée, en ce qui concerne les grades inférieurs, chez les fonctionnaires, les chefs ne se recrutent généralement pas en raison des compétences dont ils font preuve, mais en raison de l’ancienneté et des bonnes notes acquises durant le service. Tout naturellement, est considéré comme bon fonctionnaire celui qui accepte aveuglément le régime routinier et rétrograde de l’Etat et des gouvernements qui se succèdent, et comme les salaires varient selon la position que l’on occupe dans les cadres du fonctionnarisme, il va de soi que la grande majorité des fonctionnaires, dans la crainte de ne pas obtenir d’avancement, s’abstiennent de toute lutte sociale condamnée par les autorités comme révolutionnaire.
Cependant petit à petit, malgré les mesures prises par les maîtres, une minorité d’indisciplinés est née chez les fonctionnaires. Il est évident que l’action de cette minorité est hésitante, mais elle est servie par les événements économiques et par la désagrégation de l’État incapable de recouvrer sa stabilité d’avant-guerre. Il serait pourtant puéril d’espérer avant longtemps une action vraiment efficace des fonctionnaires. Bien qu’ils soient également touchés par les phénomènes économiques et sociaux, leur évolution sociale est plus lente que celle des autres exploités et ce n’est que lorsqu’ils auront compris que leur sort est étroitement lié à celui de toute la classe ouvrière, lorsqu’ils n’élèveront plus une barrière entre eux et les autres travailleurs, que s’écrouleront l’État et le Capitalisme dont ils sont l’un des plus puissants piliers.
Il n’y a pas que les organismes d’État ou les grandes entreprises capitalistes qui occupent des « fonctionnaires ». Toute organisation politique ou sociale a aussi les leurs. Bien qu’adversaire de ce qu’on appelle péjorativement le « fonctionnarisme », il faut cependant reconnaître qu’il est indispensable aux diverses associations d’individus d’avoir des fonctionnaires. Le travail administratif d’un groupement ne se fait pas tout seul et il est simpliste de prétendre poursuivre une œuvre en comptant uniquement sur le concours bénévole de certaines personnalités. On confond vraiment trop facilement, et plus particulièrement dans les mouvements d’avant-garde : fonctionnaire et fonctionnarisme. Certes il est utile de combattre dans les organisations syndicales ou révolutionnaires les fonctionnaires inamovibles qui considèrent leurs fonctions comme des sinécures, et manœuvrent bassement et lâchement pour conserver la place qu’ils occupent. Mais il faut également comprendre que toute organisation sérieuse a besoin d’avoir à son service des hommes qui, bien que sincèrement dévoués à la cause qu’ils défendent, ont une vie matérielle à satisfaire et que si tous leurs instants sont consacrés à une organisation, celle-ci a le devoir de leur assurer la subsistance.
Nous savons que bien des abus ont légitimé l’opinion répandue dans les masses travailleuses, à l’égard des fonctionnaires. Ce sont cependant les classes travailleuses elles-mêmes qui sont responsables de ce qui se passe. C’est au prolétariat à veiller à ce que ses fonctionnaires ne se transforment pas en petits rois, et c’est à lui à savoir, dans ses organisations, élaborer un statut le mettant à l’abri des fonctionnaires parasites et indélicats et du fonctionnarisme.
FOND n. m. (du mot latin fundus, même signification). L’endroit le plus bas d’une chose creuse. Le fond d’un sac ; le fond d’un abîme ; le fond d’un vase ; le fond de la mer ; le fond d’une bouteille. Dans la marine, la partie la plus basse de l’intérieur d’un navire : fond de cale. Partie la plus profonde d’une étendue d’eau. Couler à fond se dit d’un navire qui s’enfonce dans l’eau. Cette rivière a peu de fond pour : cette rivière est peu profonde.
Au figuré, le mot fond signifie : entièrement, profondément, radicalement. Aller au fond des choses. Étudier un sujet à fond. Pousser une question à fond. Le fond des idées ; le fond de la pensée. Les connaissances de cet individu sont superficielles et l’on s’aperçoit rapidement qu’il n’a pas de fond. De fond en comble, locution adverbiale qui signifie : totalement, entièrement. Ce qui constitue l’essentiel d’une chose : le fond d’une affaire, le fond d’un procès, plaider à fond, plaider sur le fond. Complètement : posséder une science à fond ; connaîtra son métier à fond. Le mot fond s’emploie également comme synonyme de « après tout », « en réalité ». Au fond, cette personne a peut-être raison de soutenir cette thèse.
Pour bien défendre une idée et la propager il est nécessaire de l’étudier et de la connaître à fond.
FONDAMENTAL adj. Le principal, l’essentiel. Ce qui sert de fondement, de base. Une maxime fondamentale ; une idée fondamentale ; une loi fondamentale ; une vérité fondamentale. Ce qui entrave l’évolution et la libération des travailleurs, c’est qu’aucun accord fondamental n’a pu être réalisé en ce qui concerne leurs aspirations politiques et sociales. Pour les anarchistes, la vérité fondamentale réside en ce fait que la société est divisée en deux classes bien distinctes qui se combattent ; l’une d’elles pour améliorer son sort misérable, et l’autre pour conserver les privilèges acquis au prix de crimes, de vols et de pillages. Tant que les exploités n’accepteront pas comme principes fondamentaux que leur intérêt est de s’unir en dehors de tout organisme politique qui ne crée que la confusion ; que, seuls, sur le terrain économique, ils sont susceptibles d’ébranler, de détruire et d’abattre les sociétés modernes ; que l’autorité est non pas un facteur capable d’engendrer la liberté, mais un facteur d’exploitation et de servitude ; les hommes resteront des esclaves et seront victimes des mauvais bergers spéculant sur leur naïveté et leur ignorance. La pierre fondamentale de l’édifice social que veulent construire les libertaires communistes, doit être la liberté. Sans la liberté aucune société ne peut assurer à la collectivité qui la compose le maximum de bien-être auquel a droit chaque individu. « Ni dieu, ni maître » : tel est le principe fondamental qui anime les anarchistes.
FONDATION n. f. (du latin fundatio fait de fundare, fonder, établir). Action de fonder, d’établir, de commencer. La fondation d’une ville, d’un édifice, d’un hôpital, d’une colonie. La fondation de Rome. La fondation de Paris a demandé plusieurs siècles.
En architecture on désigne sous le nom de fondation la base sur laquelle repose un édifice. De solides fondations ; des fondations qui s’écroulent. S’il est indispensable en architecture qu’un édifice soit construit sur de puissantes fondations, il en est de même lorsque l’on veut reconstruire l’édifice social. Les fondations du vieil ordre capitaliste sont rongées et ne tarderont pas à s’abattre, entraînant avec elles tout le régime qu’elles soutiennent. Aux travailleurs appartiendra alors la tâche de jeter les fondations d’un ordre nouveau. La maison qu’ils bâtiront vaudra ce que vaudront les ouvriers. La Révolution est un moyen ; ce n’est pas un but. C’est un outil dont l’ouvrier doit apprendre à se servir pour la fondation de la cité nouvelle. Sans nier