Aller au contenu

Page:Faure - Encyclopédie anarchiste, tome 2.djvu/242

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
FRE
850

c’est un petit qui s’en rend coupable ; et, même lorsqu’elle s’exerce directement au détriment de l’État par un individu ayant quelque influence politique, économique ou sociale, elle reste à l’abri de toute poursuite.

Qui donc ignore aujourd’hui que des hommes appartenant à la haute banque ou à la grande industrie fraudent régulièrement le fisc en ne déclarant pas les énormes bénéfices qu’ils réalisent, et que le fisc garde le silence sur les infractions dont il est victime ? Certes, nous ne sommes nullement étonnés d’une telle attitude, car elle souligne, comme tant d’autres choses, qu’en notre siècle de ploutocratie, où l’unique souci de certains individus est de faire de l’argent par n’importe quel moyen, les représentants des institutions bourgeoises sont à plat ventre devant la fortune, et que les puissants peuvent, sans inquiétude, se permettre toutes les fraudes.


FREIN n. m. (du latin frenum). En mécanique on donne le nom de frein à tout appareil destiné à ralentir ou à arrêter le mouvement d’une machine, d’une voiture, etc., etc… Il y a plusieurs types de freins, depuis le frein ordinaire à sabot, fixé sur les roues des rustiques charrettes, jusqu’au frein électrique ou à air comprimé. Pour la traction automobile on utilise le plus couramment des freins à ruban, dans lesquels le serrage est obtenu par le frottement d’une blinde sur un tambour fixé sur les roues de la voiture. Ces freins se manœuvrent à la main par un levier placé sur le siège du véhicule à proximité du conducteur. Dans les chemins de fer on utilise les freins à air comprimé et les freins électriques qui permettent de bloquer automatiquement en quelques secondes toutes les roues des voitures composant le train. En France, le type de frein le plus employé est le frein à air comprimé, système Westinghouse.

Au figuré, le mot frein est également employé assez fréquemment et il signifie également : arrêter, retenir, enrayer. Mettre un frein à ses passions. Mettre un frein à sa langue, c’est-à-dire se retenir de parler. Ronger son frein, pour réprimer le dépit que l’on éprouve.

Quand donc le capitalisme mettra-t-il un frein à sa cupidité, et le travailleur un frein à sa crédulité et à son ignorance ?


FRICTION n. f. (du latin frictio). Action de frictionner. Médicalement : frottement que l’on fait sur une partie quelconque du corps pour exciter et activer les fonctions de certains organes. Nettoyage du corps ou d’une partie du corps à l’aide d’une lotion aromatique. Une friction à la quinine ; une friction à l’eau de Cologne ; une friction à l’alcool.

Par extension, on emploie le mot friction comme synonyme de : heurt, désaccord, dispute. Les causes de friction sont multiples au sein de la classe ouvrière, et cela tient à ce que les routes empruntées par certains groupes de prolétaires sont diamétralement opposées à celles suivies par les autres. La politique qui s’est immiscée dans les associations ouvrières et qui a détourné le prolétariat de son but n’est pas un des moindres facteurs de friction qui divisa et divise encore les exploités. Pourtant, le but à atteindre, c’est-à-dire la suppression de l’exploitation de l’homme par l’homme, ne peut être atteint que par le concours de toute la classe ouvrière et par l’union des forces de tous ceux qui sont victimes de l’oppression politique, économique et sociale de la bourgeoisie et du capital.

Certes l’unité est loin de régner dans les rangs du capital, mais dans les heures de lutte sociale, lorsque le capital se dresse devant le travail, il n’y a aucune friction parmi les capitalistes : tous sont d’accord pour écraser la classe ouvrière. Cette dernière ne trou-

vera-t-elle jamais un terrain d’entente pour écraser son adversaire ?


FRIPOUILLE n. f. Mot populaire qui signifie : canaille, voleur, escroc. Une fameuse fripouille, une grande fripouille. Le mot est entré dans la langue et est maintenant utilisé assez couramment. Il serait erroné de penser que la fripouille ne se recrute que dans les basses classes de la société, dans ce que l’on peut considérer comme les déchets d’humanité. La fripouille se rencontre partout et l’on peut dire que la bourgeoisie a un contingent de fripouilles bien supérieur à celui que l’on rencontre dans les bas-fonds des grandes agglomérations.

Naturellement la haute fripouille ne présente pas les mêmes caractères que la basse pègre, mais elle est plus dangereuse, car elle se couvre du masque de l’honnêteté et de la probité. La fripouille capitaliste n’attend pas sa victime au coin d’une rue pour lui soutirer sa bourse ; elle opère beaucoup plus adroitement et aussi avec plus de chance de succès et moins de danger. C’est dans les combinaisons financières qu’elle exerce son génie malfaisant et les malheureux qu’elle dépouille de leurs faibles économies sont nombreux. De temps à autre, mais rarement, à la suite d’une maladresse, un de ces grands escrocs tombe sous le coup de la loi ; il se tire généralement d’affaire à bon compte et reprend ses occupations, honoré de tous, car aujourd’hui chacun se courbe devant la richesse, et l’homme qui sait se procurer de l’argent, fût-il une fripouille, mérite la considération de ses semblables. Cela marque la fin d’un régime qui se perd dans la corruption.


FROMAGE n. m. (pour formage, de forme). On donne le nom de fromage à tous les sous-produits du lait, obtenus de différente façon, mais le plus généralement par la coagulation du lait qui produit le caillé.

Au sens figuré le mot fromage est employé comme synonyme de sinécure. Ce terme est usité dans ce sens depuis assez longtemps déjà, puisque La Fontaine, dans ses Fables, s’en servait assez fréquemment. « Se retirer dans un fromage » est devenu maintenant une locution proverbiale.

Dans les milieux populaires et plus particulièrement dans ceux d’avant-garde, on appelle « fromagiste » celui qui abuse de la crédulité de ses semblables et qui, ayant obtenu une place, une fonction, un « fromage », cherche à s’y maintenir par n’importe quel moyen. Les fromagistes ne manquent malheureusement pas dans les organisations ouvrières, et si les fonctionnaires sont utiles dans les associations prolétariennes, il est regrettable de constater que, trop souvent, la fonction se transforme en fromage, et que celui qui la détient ne vise uniquement qu’à la conserver, même si son organisation doit en souffrir.

Pour mettre un terme à un état de chose si nuisible au prolétariat, certaines organisations ont pris des mesures statutaires pour se libérer des fromagistes, mais il ne semble pas que jusqu’à ce jour elles aient été efficaces, car les fromagistes sont encore nombreux dans toutes les organisations de travailleurs.


FRONT (unique) n. m. Le front unique ou « unité de front » est la tentative proposée par certains organismes d’avant-garde d’opposer à la force organisée du capitalisme de bataille, la force organisée du travail. Cette expression « front unique » est relativement récente, puisqu’elle ne date que de l’époque où les forces du travail se divisèrent non seulement dans leurs organisations, mais surtout en raison des moyens de lutte préconisés et employés par les différentes écoles sociales et révolutionnaires.

Nous avons à maintes reprises déclaré qu’à notre avis