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est nécessaire aux hommes et aux femmes qui exercent le métier d’infirmier, pour résister et persister dans leur vocation. Le personnel n’est pas négligent : il est débordé par l’insuffisance numérique, par la vétusté du matériel et par la routine qui règne dans cette administration, comme dans toutes les autres, du reste. L’organisation actuelle des hôpitaux en France est une honte pour la société. N’a-t-on pas vu certains établissements manquer, en période d’épidémie, des médicaments nécessaires ! La santé publique devrait être la première préoccupation de ceux qui ont à charge d’administrer une collectivité. L’admission dans les hôpitaux devrait être un droit absolu pour chaque individu malade. Tous les efforts devraient tendre au maintien de la santé de chacun. Mais il s’agit bien de cela ! Tout l’argent que l’État demande et exige des contribuables, toutes les découvertes de la science sont au service des institutions meurtrières. Au lieu de conserver la vie aux individus, on met tout en œuvre pour la leur enlever lors de la prochaine guerre.

Dans une société organisée rationnellement, l’hôpital devra être un lieu sain, bien aéré, muni de tout le confort moderne et doté, de tous les perfectionnements de la Science.

Tous les sacrifices nécessaires seront accomplis pour que chaque membre de la société ait tous les soins que réclame son état de santé. L’hôpital ne sera plus un bâtiment sale, vieux et triste, dans lequel on s’imagine être en prison, dans lequel on sent à chaque pas l’atmosphère de la mort et où l’on n’entre qu’après de ridicules formalités. Ce sera un lieu agréable, propre, bien situé, entouré de jardins ou de bois. Ce sera le lieu où l’on viendra avec confiance se faire soigner, où l’on respirera chaque jour l’atmosphère de la vie qui se maintient grâce aux soins de tous, d’où l’on espérera sortir guéri et non, comme maintenant, en sujet d’opérations dans l’amphithéâtre. Aujourd’hui, tout est mis en œuvre pour la mort. Demain, tout sera employé pour préserver la vie.


HORTICULTURE n. f. (du latin hortis, jardin, et de culture). Art de cultiver un jardin. Dans l’horticulture, il faut non seulement de la technique, mais encore que l’horticulteur soit, en même temps que cultivateur, un artiste, afin de présider à l’arrangement de son jardin. Certains, comme Le Nôtre, nous ont donné de véritables petits chefs-d’œuvre qui enchantent l’œil, tant par l’arrangement des fleurs que par les dessins variés et l’ordonnance générale des parcs.

Malheureusement il faut aujourd’hui être rentier pour pouvoir s’adonner à cet art. Les beaux parcs que l’on contemple dans les propriétés privées ou publiques sont l’œuvre d’horticulteurs salariés. La cherté du terrain, la longueur des journées de travail, la médiocrité des salaires font que les ouvriers n’ont ni le temps ni les moyens de se livrer à cet art, non plus qu’à posséder un jardin bien ordonné. S’ils contemplent des merveilles d’agencement horticole, celles-ci ne sont pour lui que de belles choses qu’il a le droit de voir, mais non pas de toucher.

En une société libertaire, où le terrain serait la propriété de tous, où les taudis auraient disparu, où l’urbanisme (voir ce mot) serait dirigé vers la satisfaction de tous, où les heures de travail seraient relativement minimes, chaque homme devrait avoir la possibilité de faire de sa maison un lieu riant et confortable, entourée de jardins, où il pourrait se livrer au plaisir de l’horticulture.


HOSPICE n. m. (du latin hospitium, de hospes, itis, hôte). Maison d’assistance où l’on reçoit les orphelins, les infirmes, les vieillards, etc. Qu’ils soient sous une direction d’administration publique ou d’entreprises privées, les hospices d’enfants, de vieillards et d’infir-

mes sont, actuellement, des lieux où l’on souffre, où l’on se sent constamment à la merci de la direction, d’où la liberté est presque totalement bannie. Sauf quelques très rares exceptions, l’hospice fait porter à ceux qu’il héberge un costume-uniforme de la maison, la discipline y est assez rigoureuse et — surtout dans les établissements de l’État — la nourriture y est insuffisante, tant par sa quantité que par sa qualité.

Les orphelins y sont exploités ignoblement au profit soit de l’œuvre, soit des entrepreneurs civils qui les font travailler péniblement pour un salaire dérisoire. Quant aux vieillards, leur condition est si mauvaise, qu’ils sont, pour la plupart, obligés de se livrer à quelques menus travaux au dehors pour pouvoir passer leurs derniers jours plus que modestement. Comme les hôpitaux (voir ce mot), les hospices actuels sont une véritable honte pour la société. Les orphelins devraient être à la charge de la communauté, ils devraient être élevés comme tous les autres enfants, entourés de la même affection et des mêmes soins attentifs, jouir du même bien-être. Les vieillards, après avoir donné toute leur jeunesse, toutes leurs forces au profit de la collectivité, ne devraient pas être obligés de solliciter leur admission dans un hospice (et encore, cette admission ne leur est-elle accordée qu’après maintes démarches) pour finir leurs derniers ans. Ayant participé au labeur commun, ayant coopéré à la richesse générale ; ils devraient, eux aussi, être à la charge de la communauté, jouir des mêmes droits, des mêmes joies, des mêmes libertés que leurs cadets. Entourés de l’affection de tous, ils devraient pouvoir passer la fin de leur existence dans une atmosphère de bonheur et de sécurité fraternelle.

Les hospices n’ont de raison d’être que dans une société où toute misère devient prétexte à charité. Ce n’est pas soulager la misère qu’il faut ; c’est la supprimer, en en détruisant les causes.


HOSPITALISER v. a. Admettre quelqu’un dans un établissement hospitalier.

En France, où règne ce que certains pamphlétaires ont appelé la République des Camarades, il faut faire des démarches innombrables, aller trouver une foule de personnages divers pour posséder la recommandation nécessaire à l’hospitalisation.

Le pays qui inscrit sur tous ses monuments publics le mot : fraternité, est un de ceux où l’on a le plus de peine à entrer dans un hospice. Le mot n’aura plus sa raison d’être quand nous nous serons débarrassés de l’autorité, rempart du capitalisme, cause de la misère.


HOSPITALITÉ n. f. (du latin hospes, hôte). Abri, logement, asile, refuge que l’on offre gratuitement à quelqu’un. Les anciens, en général, avaient en honneur le culte de l’hospitalité. L’étranger était accueilli cordialement et, pendant toute la durée de sa présence, l’hôte était considéré comme sacré. Depuis, cette habitude tend de plus en plus à disparaître de nos mœurs. Les conditions d’existence faites aux hommes les ont rendus méfiants. Néanmoins, dans la classe pauvre, on accorde encore assez facilement l’hospitalité.

C’est une des plus belles manifestations de solidarité humaine qui soient. Elle suffirait à démontrer que, contrairement aux dires des casuistes de l’Église, l’homme n’est pas foncièrement méchant et égoïste. Quoi de plus beau, de plus noble, que cette confiance accordée par quelqu’un à un être qu’il ne connaît pas et à qui il offre sa maison et, quelquefois, sa table ? Certes, il arrive que des individus sans scrupules abusent de l’hospitalité et en profitent pour voler leur hôte. Il se trouve partout des êtres anormaux. Mais jamais l’homme bon et fraternel ne refusera son toit à celui qui se trouve sans abri. Jamais l’ouvrier ne laissera un de ses camarades coucher dehors. Pendant la guerre, beaucoup de cama-