très fréquents. En 1885, se fonda l’Union syndicale des ébénistes, en opposition de conceptions sociales aux deux autres syndicats. Ce dernier préconisait la grève générale pour la Révolution, l’abolition du salariat et les principes fédéralistes élaborés à St-Imier. En 1889, les deux premiers syndicats se réunirent pour n’en former qu’un seul qui est celui qui existe encore aujourd’hui. Après 1906, il adhéra à la Charte d’Amiens, et fit jusqu’en 1914, une saine propagande sociale. À Montmartre où de nombreux ateliers s’étaient montés, se fondait en 1904, l’Union ouvrière de l’Ameublement, elle comptait 200 adhérents. À tendances communistes-anarchistes, les questions de salaires étaient reléguées au second plan, pour ne s’occuper que de l’éducation dans le sens libertaire. Aucun fonctionnaire n’étant rétribué, le fond de caisse, provenant des cotisations mensuelles et des réunions, allait à la solidarité et à l’achat de brochures anarchistes qui se distribuaient gratuitement dans les ateliers. Différents journaux, issus des syndicats, aidèrent à l’éducation sociale, des ébénistes. En 1890-91, le Pot à colle tirait à six mille exemplaires, se vendait 5 centimes dans le faubourg et à Charonne, sans aucun bouillonnage. À la fois corporatif et anarchiste, il enthousiasmait et était enlevé par toute la corporation du meuble. À la suite du premier Congrès de l’Ameublement, en 1906, parut l’Ouvrier en Meuble, organe de la Fédération, qui insérait indépendamment tous les écrits socialistes, anarchistes, etc. Les camarades libertaires en profitèrent pour diffuser leurs idées dans toute la France.
De fortes crises de chômage se firent sentir à Paris, conséquences dues à la surproduction et à la décentralisation des ateliers de fabrication. Des usines se montèrent dans les Vosges, pour les meubles massifs de salle à manger. En Saône-et-Loire, dans l’Oise, à Nancy, à Bordeaux, à Nantes, se firent tous les genres d’ébénisterie, concurrençant Paris par le bon marché. Le chômage s’intensifiant dans la capitale, les patrons en profitèrent pour réduire les salaires et allonger la journée de travail.
L’exportation du meuble diminua aussi quand se créèrent, en Allemagne, en Autriche, en Belgique et en Italie, de grandes fabriques qui copièrent les styles français, qui s’exportèrent un peu partout, et qui s’importèrent en France.
Une accentuation très prononcée se généralise dans la spécialisation des ébénistes depuis 1919. Précédemment, l’ouvrier ébéniste était capable d’exécuter un travail d’après le plan, depuis le débit du bois jusqu’au vernissage. Ces connaissances disparaissent chaque jour. Des techniciens qui sortent des écoles centrales et Boule, organisent les divisions en débiteurs, traceurs, corroyeurs, colleurs, plaqueurs, monteurs, ponceurs et vernisseurs. La taylorisation fait que chacun exerçant une spécialité, l’homme est une mécanique, l’esprit d’initiative disparaît. Le travail exécuté comme une corvée est sans aucun goût. Ce qui est un bien pour le capitalisme devient une calamité qui dégrade le producteur.
Dans une société libertaire, l’intense production serait un bienfait, parce qu’elle assurerait la consommation large de tous les produits en donnant l’aisance à toute la communauté. L’ouvrier ne serait occupé que quelques heures au travail mécanique abrutissant ; les autres heures se feraient en travaux plus agréables ou l’esprit s’exercerait. Aujourd’hui, par son âpreté au gain, l’ouvrier ébéniste abandonne le peu qu’il a conquis socialement : les 8 heures et le travail à l’heure. Avec un salaire supérieur à la moyenne des autres métiers, il travaille 9 et 10 heures, il capitalise et devient superficiel en perdant ses véritables conceptions émancipatrices sur la destruction de l’État et la suppression du salariat.
Quoique éprises de libéralisme, en général, les conceptions de l’ouvrier ébéniste sont superficielles et manquent de conviction. Peu studieux, impulsif, il s’enflamme d’un discours, d’un écrit de journal, s’influence sans analyse et sans réflexion.
La sympathie des ébénistes fut unanime quand éclata la Révolution en Russie. Ils voyaient dans les Soviets l’embryon du fédéralisme. En aveugles, après, ils approuvaient tout ce qui se passait en Russie et trouvaient méchantes les petites critiques de ceux qui ne pensaient pas comme eux. Ils glissèrent, tout comme par la Nep, la Révolution russe glissa et échoua dans les mains des financiers internationaux.
Leur croyance est fanatique au point de ne croire que ce que disent les quelques journaux à la solde du Comité directeur de Moscou.
Un travail de propagande est à recommencer dans le meuble, souhaitons qu’il aille vite. Déjà nombreux sont ceux qui avouent s’être trompés et avoir trop eu foi dans les manitous. La grande besogne de relèvement incombe aux jeunes syndicats autonomes. Ils remettront les ébénistes dans la bonne voie, en dehors des réformistes et des autoritaires, pour la conquête du travail libre, pour la vie libre, sans États et sans lois. — L. Guérineau.
ÉCART. n. m. Action de s’écarter de la bonne direction ; faire un écart. En parlant d’un cheval : se jeter de côté par un mouvement brusque. « Ce cheval a fait un écart. » À certain jeu de cartes : action de mettre de côté une partie des cartes du jeu. « Ne touchez pas à l’écart. »
Au figuré, le mot écart signifie : digression, divagation, s’écarter du sujet que l’on traite : Le discours de cet orateur est rempli d’écarts. Les écarts du génie ; les écarts de la jeunesse. Action de s’éloigner de la voie ordinaire de la morale et de la raison. Le mot écart s’emploie également comme synonyme de : variation, différence. Les écarts du thermomètre.
À l’écart, locution adverbiale qui signifie dans l’isolement. Se mettre à l’écart de la politique, c’est-à-dire : se tenir au loin, ne pas s’intéresser à la politique. Mettre quelqu’un à l’écart, tenir quelqu’un à l’écart, l’empêcher de participer à une action quelconque. Il faut se méfier des vaniteux et des ambitieux et les tenir à l’écart, car ils sont rarement sincères dans leurs opinions et leurs sentiments. Mettre quelque chose à l’écart, c’est-à-dire la cacher, tenir en réserve. Cet individu simule la pauvreté, car il a mis à l’écart une grande partie de sa fortune. Mettre une question à l’écart ne pas traiter cette question, ne pas la juger digne d’intérêt.
Faire le grand écart, écarter les jambes jusqu’à ce que les cuisses touchent le sol. Nous voyons que le mot écart a diverses significations ; quant à nous, gardons nous de faire des écarts qui nous éloigneraient du but que nous poursuivons, et que nous voulons atteindre le plus rapidement possible.
ÉCHAFAUD. n. m. (du celt. chafod ; de chad, bois ; bod ou fod, élevé). L’échafaud est une construction provisoire en bois, formant une espèce de plancher, et utilisé plus particulièrement par les maçons et les peintres, pour la construction ou la réfection des immeubles, des monuments, et des édifices. Pourtant, ce terme est peu usité en ce sens, et les constructions en bois utilisées par les ouvriers lorsqu’ils travaillent sur des lieux élevés se désignent couramment sous le nom « d’échafaudages ».
Dans le langage courant, « l’échafaud » est l’appareil de supplice sur lequel on exécute les condamnés à mort. Mourir sur l’échafaud ; porter sa tête sur l’échafaud.
Dans le passé, les exécutions capitales étaient une source de divertissements pour le bas peuple. Selon le