de basses actions. L’éducation morale de l’enfant est nécessaire pour lui apprendre à contrôler ses actes et à les juger.
Le sentiment d’infériorité n’est pas toujours un sentiment individuel. Lorsqu’une personne se trouve dans une situation d’infériorité, elle a souvent tendance à compenser cette infériorité en projetant son amour-propre dans le groupe, dans l’équipe, dans le corps ou dans la nation dont elle fait partie. Ainsi s’explique aussi bien l’esprit de corps que le patriotisme, avec les points d’honneur particuliers attachés à chaque catégorie de groupement, avec la vanité et la jactance dont se parent les membres de chaque collectivité, avec le mépris dont ils font profession vis-à-vis des étrangers. Ainsi s’explique, en partie tout au moins, la politique du prestige.
Les individus eux-mêmes sacrifient souvent au prestige leurs véritables intérêts. Pour échapper à la situation d’infériorité, ils recherchent les satisfactions de vanité, et ils convoitent les richesses, non pas tant pour le confort que pour l’apparat et pour la considération. La vanité se développe surtout chez ceux qui ne sont pas absolument sûrs, au fond d’eux-mêmes, de leur supériorité. La véritable supériorité, acquise par l’effort et par le mérite, n’a pas besoin de satisfactions extérieures. Sa jouissance est dans la conscience d’elle-même et elle s’allie très bien avec la plus grande simplicité. — M. Pierrot.
INFIDÈLE, INFIDÉLITÉ adj. et subst. (in, privatif, et fidelis, fidelitas). En leurs acceptions les plus répandues, ces mots s’opposent à fidèle, fidélité (v. ce dernier mot). C’est la négation ou le contraire des pratiques et des vertus (tantôt désirables, parfois purement conventionnelles et même tyranniques) dont ces vocables désignent l’état ou l’exercice. Un ami, un employé infidèles ; une femme « infidèle » ; une nation infidèle aux traités, ces « chiffons de papier » de l’histoire ; une narration (ou le narrateur) infidèle : « Qui peut avoir fait ce récit infidèle ? » (Racine). Une mémoire, des souvenirs infidèles : qui trahissent, qui se dérobent au rappel. La fortune est souvent infidèle (la chance et notamment, surtout autrefois, le sort des armes). « Le destin des combats peut vous être infidèle. » (C. Delavigne). Par rapport à une foi religieuse, regardée comme l’expression d’une irréfragable vérité, sont infidèles les individus et les peuples contestants ou réfractaires. C’est pour réduire les peuples infidèles, c’est pour arracher des mains des Infidèles le tombeau du « Sauveur des hommes » que les croisés entreprirent en Terre Sainte de fanatiques expéditions. Pour la théologie est infidèle (négatif) le non-initié aux lumières de l’Évangile, et infidèle aussi (positif) celui qui refuse d’accorder crédit absolu aux textes sacrés. Il y a, parmi les chrétiens, tels infidèles qui sont ainsi sur le chemin du schisme, au moins de l’hérésie…
Le terme infidélité correspond substantivement à la plupart des sens sus-énoncés : l’infidélité de l’ami, du dépositaire, du miroir, du traducteur, etc. L’infidélité aussi de l’amant, du mari ou de la femme (incartades ou variations passionnelles, transgression, inobservance des règles que le mariage impose aux contractants dans la vie conjugale). Avec la conception de l’amour affranchi de la contrainte et des moralités hypocrites, s’évanouissent en tant qu’anomalies les attitudes et les élans aujourd’hui flétris du nom d’infidélité. Dans « l’infidélité » normale où s’épanouissent le sentiment libéré, les unions loyales, les attaches sincères, les attractions désentravées, disparaissent, faute d’objet, les « infidélités » qui, dans une société fausse, se traînent de la fourberie au scandale… En matière religieuse, l’infidélité — ou les infidélités — ont le caractère de détachement ou d’ignorance évoqués plus haut. Ainsi : « les
INFILTRATION n. f. (de filtrum, filtre). Passage lent d’un liquide à travers les interstices d’un corps solide : infiltration de l’eau dans le bois. Épanchement d’un corps liquide dans un tissu organique : infiltration de sérosités, de bile, de sang, d’urine, de pus. A l’état sain, toutes les parties du corps humain sont humectées de liquides qui entretiennent la souplesse des organes ; lorsque ces liquides se trouvent en trop grande abondance, ils constituent l’infiltration. Le tissu le plus souvent infiltré est le tissu cellulaire. L’infiltration séreuse se nomme œdème. L’infiltration sanguine se nomme infarctus : elle provient des lésions vasculaires. Quand l’infiltration sanguine s’aperçoit à travers les tissus qui la recouvrent, on l’appelle ecchymose.
L’infiltration peut être locale ou générale. L’hydropisie est une maladie causée par infiltration. Le traitement des infiltrations consiste dans les moyens propres à en provoquer l’absorption toutes les fois qu’elle peut avoir lieu sans inconvénient. S’infiltrer, c’est pénétrer comme à travers un filtre, c’est s’insinuer : l’eau finit par s’infiltrer dans la pierre. Les partis politiques, et en particulier le parti bolchevik, se sont infiltrés dans les organisations ouvrières, syndicats et coopératives, pour y imposer leur point de vue. L’éducation religieuse, l’éducation bourgeoise s’infiltrent dans le cerveau des enfants et faussent leur esprit à un point qu’il leur devient presque impossible de s’en libérer.
INFINI adjectif, mais souvent employé substantivement (latin : infinitus). Qui n’a pas de bornes. La façon dont le mot est formé et celle dont nous sommes entraînés à le définir révèlent peut-être que nous ne pouvons avoir de l’infini qu’une idée négative.
Pour les philosophes anciens, l’infini est l’imparfait ; le fini, le parfait. C’est ainsi que les pythagoriciens, Platon, Aristote, etc., emploient toujours et opposent les deux mots. Plotin (205-270) est le premier à ne point prendre péjorativement le mot infini. Il attribue, au contraire, l’infini à son Dieu comme une perfection et une réalité il lui accorde l’infini dans l’espace ou omniprésence, l’infini dans le temps ou éternité, la science infinie, la puissance infinie, etc.
Quelques-uns des caractères infinis dont Plotin décore son Dieu, ne sommes-nous pas contraints logiquement de les accorder à l’univers ? Plusieurs nient, en effet, que nous puissions concevoir à l’existence une limite dans le temps ou dans l’espace. Mais d’autres obéissent à une contrainte toute contraire et également logique.
C’est la première des fameuses antinomies de Kant :
Thèse : « Le monde a un commencement dans le temps ; il est borné dans l’espace. » Il serait, en effet, absurde d’admettre une série à la fois infinie et réalisée. La totalité des êtres ou des phénomènes forme un nombre qui dépasse notre imagination, mais qui est un nombre réel, et l’infini dépasse tous les nombres. Le passé contient un nombre d’êtres et de phénomènes auquel chaque instant ajoute. Il est contradictoire de nommer infini ce qui augmente ou peut augmenter. Le même raisonnement réfute l’éternité du passé : l’éternité est infinie, inaugmentable et chaque instant augmente le passé.
Antithèse : « Le monde n’a ni commencement ni bornes ; il est infini quant au temps et à l’espace. » Si le monde n’était éternel et sans mesure, il s’envelopperait donc d’un temps et d’un espace vides. Mais un temps vide ne renferme aucune cause, aucune condition, aucune possibilité de commencement, et rien n’aurait jamais pu commencer. Borner le monde dans le temps, c’est l’annihiler. Et un espace vide n’est rien. Dire qu’un espace vide limite le monde, dire que le monde