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L’Internationale agonise sous le coup des différents procès, des expulsions et des interdictions de réunions dans presque tous les pays depuis 1869. Elle disparaît par le grand procès de Lyon en 1883, où 46 prévenus sont traduits en cour d’assises sous l’accusation d’internationalisme, ils sont condamnés à de nombreuses années de prison.

Tous les gouvernements ont senti que l’Internationale entamait leur vitalité. La société dissoute n’en existe pas moins dans les esprits, l’Idée fait son chemin malgré tous les obstacles.

En ce moment maints partis politiques se déclarent internationalistes, préconisant un vague socialisme à base étatiste. Les dirigeants les tolèrent parce qu’en fait leur action continue à s’exercer dans le cadre des patries dont ils ne répudient pas les frontières. Ils abusent les peuples sur le caractère « international » de leur action. Et chacun, à la Société des Nations, s’avère le protagoniste d’un nationalisme agissant et s’ingénie, perfidement, à conserver pour son pays le privilège des armements. Le système de ces partis n’est international et pacifiste que par habile phraséologie.

Le vrai internationaliste est celui qui ne se prête à aucun compromis national. Tel l’anarchiste qui dit que la Terre est sa patrie et que les frontières tracées par des conquêtes ou des ambitions financières n’existent pas pour lui, et qu’il n’acceptera pas d’être lié par elles.

Cet internationalisme, le seul logique, regarde comme frères les humains de toutes les couleurs. Pour lui, jaunes, noirs ou blancs ont un intérêt évident à l’entraide et ne peuvent, dans les haines, les hostilités et les guerres, que favoriser les tyrans et réduire leur part individuelle de bien-être et de joie. — L. Guerineau.


INTERNATIONALE SYNDICALE. Ce mot a déjà été traité dans les études consacrées à Confédération générale du Travail et Association internationale des Travailleurs.

Toute la vie de la Ire Internationale, toute son action toute l’activité de l’Internationale, tous les Congrès, jusqu’au Congrès de Londres (1920), sont relatés dans ces deux études, auxquelles le lecteur doit absolument se reporter pour être exactement et complètement renseigné.

Il ne reste donc à examiner que l’action depuis 1920 et les Congrès suivants : Londres (1920), Gênes et Rome (1922), Vienne (1924), Paris (1927) pour la Fédération Syndicale internationale ; les Congrès de 1923, 1925 et 1928, à Moscou, pour l’Internationale Syndicale rouge ; le Congrès de Liège (1928) pour l’Association internationale des Travailleurs.

Fédération internationale syndicale d’Amsterdam. — Cette Internationale est, relativement, de constitution récente.

De même que de 1874, année de la disparition définitive de la Ire Association Internationale, après le Congrès de Bruxelles, jusqu’en 1895, au Congrès de Zurich, il n’y eut aucune action internationale coordonnée et organisée, il n’y eut, non plus, d’Internationale de 1896 à 1900, date de la constitution du Secrétariat International. Les Congrès de Stuttgart (1902), de Dublin (1903), Amsterdam (1905), Christiania (1907), Paris (1909), Budapest (1911) et Zurich (1913) furent organisés par ce Secrétariat International.

La guerre vint mettre fin à l’existence de cet organisme. Les Centrales Nationales alliées (France, Angleterre, Belgique, Italie, auxquelles se joignirent l’Espagne et la Suisse, un peu plus tard) tinrent cependant, pendant la guerre, les Conférences de Londres (1915), Leeds (1916), Berne (1917), Berne encore en 1919.

C’est à cette dernière Conférence, à laquelle participèrent : l’Angleterre, la France, la Belgique, la Suisse,

l’Allemagne, l’Autriche, la Hollande, la Norvège, la Suède, l’Espagne, que, fut décidée la liquidation du Secrétariat International et la reconstitution de l’Internationale Syndicale.

L’Italie, absente, donna son acquiescement par lettre. La Conférence se mit d’accord sur une Charte internationale du Travail que les représentants anglais, français et belges reçurent mission de défendre auprès de la Conférence de la Paix de Versailles (1919) et de faire insérer dans le Traité de Paix, dans la partie qu’on a appelée le Titre XIII.

La constitution de la Fédération Syndicale Internationale eut lieu au Congrès de juillet 1919, à Amsterdam.

Toutes les Centrales européennes, plus celle des États-Unis, y participèrent.

La F.S.I. décida, dès sa constitution, de participer à la Conférence Internationale du Travail de Washington pour l’application universelle de la journée de 8 heures.

La F.S.I., à son origine, groupa 24 Centrales et plus de 20 millions d’adhérents.

Elle eût pu être une force absolument irrésistible, si elle avait été une Internationale véritable, au lieu d’être une Association de nationalismes divisée en deux camps : ex-Alliés et ex-Centraux.

29 Secrétariats internationaux professionnels, groupant près de 17 millions d’ouvriers de toutes professions, sont immédiatement constitués.

La Fédération Internationale Syndicale représente donc, dès le début, la plus grande force mondiale qui ait jamais existé : si elle avait compris la situation générale et osé agir, elle eut imposé au monde une transformation sociale radicale. Elle ne sut comprendre ni agir.

Elle se contenta de s’occuper de haute stratégie diplomatique et, si son action en Autriche, en Espagne, voire même en Russie, en faveur des affamés, a eu des conséquences heureuses, il est, néanmoins hors de doute, qu’elle eût pu faire bien davantage, si elle avait été animée de réels sentiments de classe et non imbue d’intérêt soi-disant général.

La F.S.I. tint à Londres, en 1920, son deuxième Congrès. Il y fut question des réparations, des nationalisations ; de la nécessité de tenir une Conférence internationale des transports et du lancement d’un emprunt international pour la liquidation des réparations.

Elle participa à la Conférence de Gênes (1922) à laquelle assista la Russie soviétique qui, pour la première fois, entrait dans le concert des puissances.

La F.S.I. tint une Conférence préalable au cours de laquelle elle adopta une résolution sur la reconstitution économique de l’Europe. Elle présenta cette résolution — qui fut rejetée — à la Conférence des États réunis à Gênes, laquelle devint très rapidement, exclusivement politique et n’atteignit d’ailleurs aucun de ses buts.

Le Congrès de Rome qui se tint presque aussitôt la fin de la Conférence de Gênes, homologua la résolution prise par la F.S.I. à Gènes.

Il s’occupa aussi de l’action contre la guerre, de l’organisation de cette action, il reprit l’organisation des relations entre les Secrétariats, internationaux professionnels et de la Fédération Syndicale internationale ouvrière par la Conférence de Zurich en 1913.

Le 3e Congrès eut lieu à Vienne (Autriche), du 2 au 7 juin 1924. C’est à ce Congrès que fut dressé le programme minimum dé la F.S.I. qui comprend : la défense de faire travailler les enfants au-dessous de 15 ans ; l’enseignement universel avec, dans tous les États, des bureaux d’orientation professionnelle ; les conditions générales de travail des adolescents, des femmes, des hommes ; l’hygiène et la sécurité ; le droit syndical et l’émigration ; les assurances, le placement, le contrôle ouvrier, le logement.