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Page:Faure - Encyclopédie anarchiste, tome 2.djvu/450

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pièces, à la tâche ou à la prime. Cette lutte devra être entreprise sans délai, la revendication des six heures devant passer au premier plan des revendications immédiates de toutes les Centrales adhérentes. Elle devra absorber une grosse partie de l’activité des organisations syndicales à tous les échelons.

Chaque organisation devra étudier sérieusement le problème, de façon à ce que les méthodes de propagande et d’action soient déterminées localement, nationalement et internationalement. Le Congrès préconise l’entreprise d’une quinzaine de propagande mondiale en faveur de la journée de six heures, quinzaine pendant laquelle les organisations devront consacrer la totalité de leur activité à faire connaître cette revendication et à la faire adopter par le prolétariat mondial.

Pour que tous les efforts soient bien coordonnés et portent le maximum de fruits, les organisations nationales devront adresser un rapport sur la situation de leurs pays et leurs possibilités de propagande au Secrétariat de l’A. I. T. et, lorsque celui-ci sera en possession de toute la documentation nécessaire, il indiquera la date où la quinzaine de propagande pourra être entreprise.



En préconisant la journée de six heures et en affirmant que le triomphe de cette revendication apportera plus de mieux-être aux travailleurs et placera le prolétariat mondial dans une situation plus favorable vis-à-vis du capitalisme international, le Congrès reste dans la tradition syndicaliste révolutionnaire. Il dénonce par avance à l’opinion des travailleurs du monde, les individualités ou groupements qui, sous quelque prétexte que ce soit, consciemment ou inconsciemment, s’opposeraient en principe au triomphe de la revendication des six heures, car leur opposition ne pourrait que servir le capitalisme et être néfaste au prolétariat.

Le Congrès fait un appel pressant à tous les travailleurs du monde pour qu’ils apportent leurs efforts et leur collaboration active a la lutte qu’entreprend l’Association Internationale des Travailleurs, seule Internationale syndicale poursuivant librement son action d’émancipation totale ; l’instauration de la journée de six heures est une question de vie ou de mort pour le prolétariat. Groupé dans les organisations adhérentes à l’A. I. T., il prouvera au capitalisme sa volonté de vivre dignement et son désir ardent de liberté.

Vivent les six heures ! Vive l’A. I. T. !

La guerre et le militarisme

Le militarisme est le système de la violence étatiste monopolisée pour la défense et l’élargissement du domaine d’exploitation nationale (guerre de défense ou d’agression), pour la soumission de nouveaux domaines d’exploitation (guerre coloniale) et pour la répression des masses populaires révoltées (grèves, agitation, émeutes).

Dans tous les cas, il s’agit de la protection et de l’augmentation des profits des classes dominantes, c’est-à-dire de la classe ennemie du prolétariat

Le militarisme est le dernier et le plus puissant moyen de la bourgeoisie pour tenir la classe ouvrière sous sa dépendance et réprimer ses luttes pour la liberté.

Partout où, dans des luttes nationales ou de libération, un nouveau militarisme se forme (Russie, Chine), celui-ci se tourne toujours de nouveau contre les travailleurs eux-mêmes, parce que, d’après sa nature même, il n’est qu’un instrument de répression des masses dans l’intérêt d’une classe de privilégiés et doit être l’ennemi de toute liberté.

C’est donc la tâche primordiale de la classe ouvrière de combattre non seulement le militarisme capitaliste actuel, mais de supprimer le militarisme comme tel. Les

meilleurs moyens de combattre le militarisme seront ceux qui sont le plus conformes à l’esprit antimilitariste.

Il s’agit tout d’abord de désagréger l’esprit du militarisme, de la discipline et de la soumission, par une propagande active, d’éduquer les soldats et de saper les bases des armées afin qu’elles perdent leur efficacité contre les travailleurs. Les armées de volontaires, les armées blanches, les armées fascistes, etc., doivent être boycottées déjà en temps de paix.

Les militaires se composant en majorité d’ouvriers, et, dans l’état actuel de la technique moderne de guerre, les armées étant absolument dépendantes de l’industrie de guerre, il est au pouvoir des travailleurs de paralyser toute action militariste par le refus de servir, grèves, sabotage et boycott, même si ces actions militaires sont entreprises par des troupes blanches.

La meilleure préparation d’une telle action de masses consiste déjà actuellement dans le refus individuel de servir et dans le refus du prolétariat organisé de fabriquer des armements.

Il s’agit avant tout d’empêcher l’éclatement d’une nouvelle guerre et, pour cela, de supprimer les principales causes de la guerre et du militarisme par une transformation économique de notre ordre social actuel (révolution sociale).

Le Congrès appelle donc toutes les organisations adhérentes de l’A. I. T.

1° A propager le refus de fabriquer des matériaux de guerre d’une façon pratique, et ce dès maintenant ;

2° A convaincre les ouvriers des usines de guerre et d’entreprises pouvant être transformées en telles, qu’il est du devoir de la classe ouvrière de déclarer la grève à une menace de guerre, de s’emparer du matériel de guerre et de toutes les matières pouvant servir à en fabriquer ; de mettre les usines hors d’état de servir au capitalisme.

3° Les organisations adhérentes devront former, partout où cela sera possible, des Comités de grève générale qui auront pour tâche d’étudier les moyens de s’emparer des usines de les défendre et de les détruire au cas où elles seraient susceptibles de retomber aux mains du capitalisme. Ils devront également étudier les moyens de s’emparer des points vitaux de l’organisation nationale : nœuds et voies de chemins de fer, mines, centrales électriques, postes et télégraphes, points de distribution d’eau, corps de santé et produits pharmaceutiques ; ils devront s’emparer d’otages pris dans le monde de la bourgeoisie, de la politique, du clergé et de la banque.

En un mot, ils devront tout mettre en œuvre pour transformer la grève générale insurrectionnelle en révolution triomphante.

Création d’un fonds international de solidarité

La solidarité est, nationalement aussi bien qu’internationalement, un des moyens les plus efficaces et les plus reconnus par le prolétariat révolutionnaire. Dans tous les pays règne aujourd’hui une pression matérielle et économique terrible sur les grandes masses de travailleurs, pression qui devient plus féroce encore sur la vie politique également dans les pays de dictature. Si le prolétariat international veut traverser sans trop de pertes la crise qui sévit actuellement et qui empêche le renforcement du mouvement progressif ; s’il veut garder intacte, tout au moins dans leurs formes les plus primitives, ses organisations de combat, il est indispensable que le lien qui unit le prolétariat de tous les pays soit internationalement noué et que l’appui mutuel soit largement réalisé.

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La nécessité d’un tel lien international est d’autant plus frappante qu’il existe, dans la plupart des pays,