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LAC
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lumière dans laquelle notre soleil se trouve à une distance d’environ 400 années de lumière du centre.

Toutes les étoiles que la vision humaine non armée du télescope est susceptible d’embrasser appartiennent à la Voie Lactée proprement dite.

Mais il est probable, pour ne pas dire certain, que les Nuées de Magellan, le Grand et le Petit Nuage, découvertes par Magellan, en 1521, lors de la première circumnavigation de notre terre forment, avec les amas d’Hercule et d’autres amas stellaires, comme les faubourgs de la Voie Lactée, et que tout ce système de mondes, divisés en une infinité de sous-groupements, s’étend dans l’espace à plus de cent mille années de lumière.

Dans le Grand Nuage de Magellan, soit dit entre parenthèses, se trouve la plus grande étoile connue, la super-géante S. Dorade, dont le diamètre dépasse 300 millions de kilomètres (celui du Soleil n’est, que de 1.391.000 kilomètres) et la luminosité 600.000 fois celle de l’astre du jour, c’est-à-dire d’autant de fois que celle du Soleil dépasse la luminosité de la pleine Lune.

À ce sujet, le regretté Camille Flammarion, que continue sa vaillante compagne, a écrit : « Le rayon lumineux qui part aujourd’hui de S. Dorade n’atteindra la Terre que dans cent mille ans. D’ici là, les théories astronomiques et toutes les idées actuelles des habitants de la Terre se seront quelque peu modifiées. Les générations de ce lointain futur formeront un autre monde sur notre monde… »

Au delà, l’espace paraît privé d’étoiles sur des espaces énormes par rapport aux dimensions de la Voie Lactée.

Plus loin, bien plus loin, à la limite de nos calculs actuels, nous trouvons, à des millions et des millions d’années de lumière, les nébuleuses spirales, dont plusieurs centaines de mille ont été repérées. Elles sont posées comme des escargots argentés dans le jardin des étoiles et constituent des systèmes en tout analogues à notre Voie Lactée et de dimensions comparables aux siennes.

Toutes ces voies lactées avec leurs nébuleuses résolubles et résolubles, la nôtre y comprise, se meuvent dans l’espace à raison de 600 à 1.000 kilomètres par seconde, tandis que la vitesse des étoiles ne dépasse guère, en moyenne, 20 à 60 kilomètres dans le même laps de temps.

Les soleils ou étoiles (c’est tout un) sont les atomes, les voies lactées : les molécules de l’Univers et l’homme est leur image en raccourci. — Frédéric Stackelberg.


{{brn} Les Grecs donnaient à cette couronne d’étoiles de nom de Galaxie (du mot gala, lait) et les astronomes l’ont quelquefois désignée ainsi. Les Romains l’appelaient via lactea (d’où voie lactée) et ce nom est le plus employé de nos jours, tant dans la langue scientifique que dans le langage vulgaire. Dans sa course à travers le ciel, la voie lactée (qui varie de position avec les étoiles fixes, qu’elle suit dans leur marche) rencontre un grand nombre de constellations. Partant de Cassiopée, elle traverse Persée, Orion, les Gémeaux, le Grand Chien ou Syrius, le Centaure, la Croix et le triangle austral ; de là elle continue sa route en passant par le Scorpion, le Sagittaire et, se divisant en deux branches, elle rencontre l’Aigle, la Flèche, le Cygne, le Serpentaire, Céphée et revient enfin à Cassiopée, après avoir décrit son cercle entier. Comme toutes les apparences célestes, la Voie Lactée a servi, dans l’antiquité de point de départ aux fictions poétiques : suivant Ovide, c’était le chemin du palais de Jupiter ; d’autres poètes en rapportaient l’origine à l’embrasement causé par Phaéton : d’autres encore à quelques gouttes de lait

échappées des mamelles de la chèvre Amalthée, qu’Hercule laissa tomber de sa bouche, lorsque Junon, apaisée, vint présenter le sein au fils de sa rivale… Si la science a rejeté dans la Fable ces légendes imagées, réponses sommaires à la curiosité de nos ancêtres, elle a, par contre, par ses explications positives, ouvert des horizons infinis aux générations futures et étendu devant l’esprit humain un champ de découvertes illimité. Pour être traversée de chiffres effarants, la poésie de l’espace n’en demeure pas moins attirante et son merveilleux s’élargit…


LACUNE n. f. (latin lacuna : proprement petit lac, de lactus, lac). Espace vide dans l’intérieur d’un corps. Les corps lacunaires (minéralogie) sont composés de cristaux agglomérés qui laissent entre eux des intervalles. En botanique, on désigne ainsi des cavités pleines d’air qui constituent des solutions de continuité dans le tissu cellulaire des plantes. Par suite de l’accroissement plus rapide dans un sens que dans un autre ou de la destruction d’une partie du tissu végétal, la tige des graminées, des bambous par exemple, se creuse intérieurement et les sucs déposés en nœuds y limitent des espaces fistuleux irréguliers. Ailleurs, comme dans le noyer, la moelle du canal médullaire se rompt, laissant entre ses fragments des lacunes occupées par des gaz. En anatomie, on donne ce nom à des cavités des membranes muqueuses dont les parois secrètent une humeur visqueuse…

Par analogie, on appelle ainsi une solution de continuité, une interruption dans le corps d’un ouvrage ou le texte d’un auteur. Il y a, par exemple, dans la chronologie des anciens empires d’Orient des lacunes devant lesquelles les érudits demeurent perplexes. « Parmi les ouvrages qui nous sont venus de l’antiquité, un assez grand nombre en effet sont incomplets et présentent des lacunes qu’on ne pourra sans doute jamais remplir. En des siècles où l’imprimerie était inconnue et où les œuvres manuscrites étaient très rares, comparativement à nos produits typographiques, il est arrivé que de précieux écrits se sont perdus en totalité ou en partie. Les chrétiens des premiers siècles n’ont pas peu contribué à la destruction de ces monuments anciens, qui n’étaient à leurs yeux que des œuvres ennemies de la religion nouvelle et, par conséquent, dignes d’être anéanties. Les moines utilisèrent parfois les vieux manuscrits profanes, pour y écrire des psaumes, des compositions ascétiques, etc… On est parvenu à retrouver, sous leur écriture, les textes primitifs, et c’est ainsi que plusieurs ouvrages, on parties d’ouvrages importants, ont échappé à l’oubli. Il y a des lacunes dans Aristote, dans Tite-Live, dans Vélléius Paterculus. Des copistes, voulant réparer des lacunes, ont souvent mis beaucoup d’inepties là où il y a lieu de croire que les auteurs avaient mis d’excellentes réflexions. Le roman grec de Daphnis et Cloë, par Longus, offrit, jusqu’à P.-L. Courier une lacune considérable, dont ce savant helléniste découvrit le texte dans un manuscrit de la bibliothèque de Florence. L’histoire des Égyptiens présente de nombreuses lacunes. » (Lachâtre). Ceux qui admettent, ou estiment possible, l’existence de Jésus-Christ, rencontrent dans sa vie, entre douze et trente ans, une lacune qui accroît singulièrement le nombre des conjectures formées sur la période de gestation du christianisme. Les siècles ont ainsi, comme les souvenirs humains, des lacunes susceptibles de n’être jamais comblées.


LAÏCISATION n. f. Le fait de remplacer, par un personnel laïque, les congréganistes dans les écoles, les hôpitaux, etc…

Jusqu’à la grande Révolution française, le rôle des congréganistes était très important dans l’État. Les