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restre, latitude sidérale). La latitude s’obtient en prenant la hauteur du pôle au-dessus de l’horizon du point envisagé, car elle est toujours égale à cette hauteur. La latitude est boréale ou septentrionale quand elle marque une distance prise entre le pôle nord et l’équateur ; elle est dite australe ou méridionale quand elle appartient à l’autre hémisphère. Il s’ensuit de la définition précitée que tous les points du globe, situés sur un même parallèle, ont même latitude. Il existe plusieurs méthodes pour déterminer pratiquement les latitudes. Mentionnons les plus usuelles, sans nous étendre davantage : 1° par le double passage d’une étoile circumpolaire au méridien ; 2° par une seule hauteur méridienne, la déclinaison de l’astre étant connue ; 3° par la méthode de Dubourguet.

Astronomiquement, la longitude est la distance en degrés entre un astre rapporté à l’écliptique et le point équinoxial du printemps, ou, autrement : la longitude du point d’un astre est l’arc de l’écliptique compris entre le cercle de latitude de cet astre et le point d’intersection de l’écliptique et de l’équateur. La longitude astronomique se compte d’occident en orient, depuis le point équinoxial, où elle est 0 jusqu’à 360°. Comme nous l’avons vu pour la latitude, la longitude est géocentrique et héliocentrique. En géographie, c’est la distance du méridien d’un lieu au premier méridien, mesurée en degrés et divisions de degrés sur le parallèle du lieu. Pendant longtemps, on s’est servi du méridien de l’île de Fer, dans les Canaries, mais, aujourd’hui, chaque peuple a pris pour premier méridien celui qui passe par son observatoire. La longitude d’un lieu est dite orientale ou occidentale suivant que, par rapport au premier méridien, ce lieu est situé du côté où le soleil se « lève » ou du côté où il se « couche ». Elle se compte de 0 à 180°. De là il résulte que tous les points situés sur un même méridien et d’un même côté de l’axe terrestre ont la même longitude. La longitude d’un point de la terre est immédiatement donnée par la différence des heures que l’on compte en ce point et à l’Observatoire de Paris, par exemple, précisément au même instant. Cette différence, en vertu de la rotation de la terre, correspond, en effet, à un arc de 15 degrés pour une heure de temps moyen, 15 minutes de degré, pour une minute de temps et 15 secondes de degré pour une seconde de temps. La Connaissance des temps (publiée par le Bureau des longitudes) donne, plusieurs années à l’avance, les heures exactes que l’on comptera à l’Observatoire de Paris au moment même où l’on pourra observer certains phénomènes célestes. Au moyen de ces données, la détermination de la longitude d’un lieu revient à trouver l’heure en ce lieu au moment précis du phénomène et il faire la réduction des temps en arcs ; à défaut des indications du Bureau il faut avoir un chronomètre réglé sur le premier méridien et dont on connaisse bien la marche. Les phénomènes célestes qui servent à résoudre le problème des longitudes peuvent être une éclipse de lune, ou de satellite une occultation d’étoile, un fait quelconque d’une durée très courte, sinon instantanée. Les déterminations par ce moyen sont d’ailleurs délicates et nécessitent des instruments précis et des calculs compliqués. On possède heureusement d’autres méthodes, telle celle dite de Borda : elle revient toujours à comparer les heures comptées, dans deux lieux éloignés, au même instant ou plus exactement à des moments très peu différents.

C’est en connaissant à la fois la latitude et la longitude d’un lieu qu’on détermine la position de ce lien sur le globe et c’est pourquoi nous avons groupé ici ces deux mots connexes. Pour fixer cette position, il faut savoir : 1° sur quel parallèle se trouve ce lieu, ce point, c’est-à-dire en connaître la latitude ; 2° la place

occupée par ce lieu sur le dit parallèle, c’est-à-dire la longitude.

Le mot latitude est employé, par extension, dans diverses acceptions. Il sert ainsi à désigner le climat, envisagé par rapport à sa latitude : on trouve l’être humain sous toutes les latitudes. Les « hautes latitudes » s’appliquent aux pays situés vers les pôles. Au figuré, on emploie dans divers sens, plus ou moins rattachés à l’étymologie (latitudo, largeur, expansion, limites reculées), le mot latitude. C’est ainsi l’espace ou la possibilité, la faculté d’entreprendre quelque chose, de faire appel à un plus grand nombre de facteurs, de s’étendre sur un sujet. « Vous avez toute latitude en cette affaire », dira-t-on à quelqu’un pour souligner la liberté qu’il a de faire intervenir tous les moyens d’action en son pouvoir. Chacun de nous a plus ou moins la latitude de réaliser ses projets : plus que d’autres il manque aux nécessiteux la latitude d’organiser leur existence selon leurs goûts. La latitude peut aller jusqu’au relâchement : donner trop de latitude à une proposition, à des principes qui exigent une certaine rigueur. Socialement, les franches coudées, le jeu normal des organes et des facultés, la disposition raisonnable d’eux-mêmes manquent, par suite d’une organisation défectueuse, à la plupart des hommes. Et Sieyès manifestait une espérance que nous n’avons cessé de poursuivre lorsqu’il disait : « Le meilleur régime social est celui dans lequel tous jouissent tranquillement de la plus grande latitude de liberté possible. »


LEADER n. m. (se prononce : « lideu[r] » ) Mot anglais (de to lead : conduire), passé dans le langage courant. Un de ces mots universellement usités.

Au parlement anglais, le « leader » est le membre de l’assemblée qui groupe autour de lui les hommes d’un même parti, d’une même opinion, qui poursuivent la réalisation d’un même programme. On distingue naturellement le leader du gouvernement de celui de l’opposition… Le leader est le personnage le plus en vue de son parti.

Par extension, on dénomme « leader » l’article principal, l’article de fond d’un journal. Aussi, le cheval qui, dans une course, mène le train, galope en tête des autres,

Dans un parti, il faut avoir bien soin de ne pas prendre le leader pour l’homme le plus sérieux, le plus cultivé, le plus savant. Très souvent, il n’est que le plus versatile, le plus creux, le plus ignorant. Sa « supériorité » réside dans l’habileté à se hisser à la première place par les moyens courants de la politique, à savoir : l’intrigue et le manque de conscience. Un verbe haut et redondant, une souplesse infatigable suffisent à faire d’un individu, le leader de son parti. Rares sont ceux qui s’imposent par le talent ou la conviction et dans les mouvements les plus jeunes et les plus enthousiastes — tel le socialisme — les Jaurès ou les Lénine sont des exceptions.

Presque tous les leaders politiques de notre époque ne furent et ne sont que d’incorrigibles bavards et de fieffés gredins. Et ils ont, de palinodies en trahisons, mené les masses au découragement quand ils ne les ont pas livrées, par leur double jeu, aux coups de leurs adversaires. — A. Lapeyre.


LEÇON (latin lectio, de legere, lire). Le mot leçon comporte des sens multiples. Il désigne, en particulier ce qu’expose le professeur et ce qu’apprend l’élève. D’une façon plus générale il s’applique à tout enseignement, bon ou mauvais, joyeux ou pénible, donné par l’expérience et les événements, aussi bien que par les hommes. Telle la poule qui devrait pondre au temps vou-