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d’eux il aurait même promis un trône au ciel. Mais de Jésus les bien-pensants se moquent comme de leur première chemise dès qu’il s’agit de mettre à l’abri l’argent extorqué selon des méthodes admises par le gendarme et le Parlement. De fameux larrons aussi nos parlementaires qui se gargarisent avec l’argent enlevé à leurs électeurs par le ministère du fisc. Et les prêtres qui troquent absolutions et indulgences contre des billets de Banque. Et les gens de justice : « advocatus et non latro, res miranda populo », — c’était un avocat, non un voleur, chose admirable aux yeux du peuple — disait la vieille chanson de saint Yves. Tout bien considéré le vulgaire et antique larron, qui chipait, de ci de là, quelques francs, fait piètre figure à côté du voleur honnête que les pouvoirs publics honorent et que les gendarmes protègent pour avoir subtilisé des millions.


LATENT adj. (latin latens, de lateo, être caché on grec lêtho, lanthanô, de la racine sanscrite lud : couvrir, cacher). Est latent, ce qui — existant déjà au moins dans ses causes — demeure caché et ne tombe pas sous les sens, ne se manifeste pas au dehors. Se dit particulièrement, en physique et en chimie, du calorique nécessaire à l’état d’un corps et qui ne devient appréciable au thermomètre que dans certaines circonstances : chaleur latente. Les corps gazeux abandonnent leur calorique latent lors de leur passage de l’état de vapeur à celui de liquide ; de même les liquides au moment de leur solidification… Souvent la maladie couve longtemps à l’état latent et se dérobe au diagnostic. Nous dédaignons les malaises précurseurs et les symptômes obscurs qui sont comme des mises en garde de la nature, et nous nous trouvons affaiblis et désarmés quand la crise éclate en coup de foudre. De même surgissent un jour brusquement les révolutions, dont le processus demeure invisible aux esprits superficiels et qui cheminaient ou paraissaient sommeiller, latentes, sous l’apparente adhésion au régime, une docilité de surface aux ordres des autorités : bien avant 1789, une désaffection latente s’était emparée du peuple et le détachait de la monarchie, le poussait confusément vers un affranchissement secrètement caressé…

Des calamités prochaines, des vices conséquents, des manifestations connexes sont latents dans des dispositions connues ; ils sont virtuellement réalisés sous certains états des esprits, des caractères ou des mœurs qui constituent leur terrain normal d’évolution et nous pourrions, ces derniers étant notoires et flagrants, discerner les signes avant-coureurs de maux, semble-t-il imprévisibles.(L’intolérance est toujours latente dans les passions et dans l’ignorance humaine). (C. Dolfus.) Dans la lassitude des foules et leur dégoût résigné, dans la frivolité des temps et une tendance accrue aux jouissances faciles et vaines, dans un détachement des affaires publiques qui s’accompagne d’une sorte de fatalisme, l’observateur découvre sans peine le berceau d’une dictature latente qu’un événement soudain portera au jour, souveraine.

Au point de vue individuel, il serait utile de connaître désirs et aptitudes latentes de ceux qui nous entourent, comme aussi ceux de l’enfant. Malgré des variations résultant de la volonté, du milieu, de circonstances imprévisibles, « certains traits du caractère, des modes particuliers de penser comme de faire se retrouvent identiques à toutes les phases de l’existence. Amour du risque ou nonchalance, désintéressement ou besoin d’amasser, tendance à se réjouir comme à s’attrister sont perceptibles chez l’enfant au berceau ; ils demeurent chez le vieillard à cheveux blancs ». Mais ces aptitudes latentes, c’est à l’aide d’une méthode positive et d’une façon strictement scientifique, comme

on le demandait dans Métrique Morale, qu’il faudrait les étudier. Or, nous voyons malheureusement qu’à l’exclusion de quelques chercheurs consciencieux, mais dont on parle peu, ce sont les charlatans officiels ou les farceurs de l’occultisme et de la théosophie qui exploitent cette branche de la psychologie.

Au point de vue historique et social, la notion de cause latente est très importante aujourd’hui. Les révolutions sont de deux sortes : les unes lentes, ainsi la diffusion du christianisme ; les autres brusques, ainsi la révolution de 1789 et, sous nos yeux, celle de Russie. Mais si l’on observe de près, on s’aperçoit que les révolutions d’apparence les plus brusques exigèrent une préparation latente. Point d’effet sans cause, cette formule reste vraie en histoire comme en physique. Les causes peuvent être souterraines, échapper à l’observation superficielle, et n’apparaître à la lumière que lorsque se manifestent les effets, comme dans la maladie ; d’où un caractère de brusquerie qui surprendra l’homme non prévenu. Assurément la température mentale ambiante, une occasion imprévue, parfois précipitent un mouvement et lui donnent une ampleur subite ; mais disons-nous que ce mouvement dut naître au préalable, grâce à quelques individus, et que rien n’arrive qu’une action au moins souterraine n’ait d’abord préparé.


LATITUDES (et LONGITUDES). Notre terre est une sphère légèrement aplatie de 1/298 à ses pôles dont le rayon équatorial est de 6.378 km 250, le rayon polaire de 6.356 km. 844 m, le rayon moyen 6.371 km 107 m et le diamètre conséquemment de 12.742 km. 214 m.

Le tour de notre globe est à l’équateur de 40.008 km ; au 30° parallèle, lat. du Caire : 34.744 km ; à Madrid 40° 24’: 30.744 km ; au 50°, Paris 48° 50’: 25.812 km 720 m ; à 60°, Leningrad 59° 57’: 20.089 km 800 ; au 70°, Vadsoc (Norvège) : 13.748 km. 460 ; au 80° paral. (Océan Glacial), 6.982 km. 560.

Nous appelons axe du monde la ligne idéale inclinée de 23°, autour de laquelle la Terre accomplit son mouvement de rotation diurne, et pôles les deux points du globe auxquels aboutit cet axe. Nous appelons équateur le grand cercle de la sphère tracé à égale distance des deux pôles.

Nous appelons longitudes ou méridiens les 360 grands cercles de la sphère passant par les deux pôles et qui sont perpendiculaires à l’équateur.

Et nous désignons par le mot latitude les 360 petits cercles parallèles à l’équateur, tracés de là jusqu’aux pôles.

Nous comptons nos heures du méridien de Greenwich, près de Londres : 15 méridiens ou longitudes font une heure. Lorsqu’il est midi à Londres, il est environ 7 heures du matin à New-York, 4 heures du matin à San-Francisco ; 9 heures du soir au Japon, 3 heures de l’après-midi à l’Oural et 2 heures de l’après-midi à Leningrad. — Frédéric Stackelberg.

LATITUDE (et LONGITUDE). n. f. En astronomie, on appelle latitude l’angle que fait, avec le plan de l’écliptique, le rayon visuel mené à cet astre. La latitude géocentrique est l’angle sous lequel paraît, vue de la terre, la distance perpendiculaire du centre d’une planète à l’écliptique. La latitude héliocentrique est la distance angulaire d’un astre à l’écliptique, pour un observateur placé au centre du soleil. Géographiquement, la latitude d’un lieu est la distance de ce lieu à l’équateur. C’est l’angle formé dans le plan du méridien d’un point quelconque par le rayon de l’équateur et celui qui aboutit à ce point ou, en d’autres termes, la longueur de l’arc du méridien, intercepté entre la station et l’équateur, soit céleste, soit terrestre (latitude ter-