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tive et l’embryologie comparée. C’est donc la science de la vie, puisque l’embryon est le commencement de la vie. Mais ce n’est pas toute la vie et Le Dantec fait judicieusement remarquer « que l’œuf n’est qu’un des facteurs de la construction de l’organisme ».

En effet, si l’embryon est invariablement soumis aux lois de l’hérédité, à la suite de son évolution et de son développement et lorsqu’il s’est transformé en individu, il est soumis à des lois extérieures « et comme tous les caractères de l’individu sont le résultat de sa vie, il devient absurde de penser que ces caractères sont, dans leur intégrité, représentés dans l’œuf d’où sortira l’individu » (Le Dantec, La Lutte pour la vie).

Toutefois, il est aujourd’hui scientifiquement démontré que, dans les germes qui donnent naissance à l’embryon, sont véhiculés certaines tares, certains vices physiologiques et qu’en conséquence, l’individu hérite souvent des tares de ses ascendants. Nous savons, par exemple, que l’ivrognerie transmet des tares et des vices héréditaires et il faut donc en conclure que l’alcool n’est pas seulement nuisible à celui qui le consomme, mais aussi à la descendance de l’alcoolique et que son influence néfaste réside déjà dans l’individu à l’état embryonnaire.

Au figuré, le terme embryon désigne quelque chose qui est à l’état naissant. Un embryon de livre ; un embryon de liberté ; et se dit également d’un être de petite taille : « Un embryon d’homme ».


EMPHASE n. f. (du grec emphasis, apparence). Affectation dans le discours, dans le ton, dans le geste, dans l’expression. Parler avec emphase. « Quel supplice, dit La Bruyère, que celui d’entendre prononcer de médiocres vers avec toute l’emphase d’un mauvais poète ».

L’emphase est le contraire, l’opposé, l’antidote du naturel et de la simplicité. Il faut se méfier de ceux qui prononcent des discours pompeux et exagérés, car ils sont rarement sincères. L’emphase dénote un esprit ambitieux et mesquin, dépourvu de mesure et d’intelligence. Exposons sans emphase, mais avec éloquence et clarté ce que nous voulons et nous serons compris.


EMPIRISME (n. m. du mot grec empeiro, j’essaye.) L’empirisme est un système philosophique qui attribue uniquement à l’expérience l’origine de toutes les connaissances humaines. Niant toute valeur à la méthode déductive, l’empirisme philosophique, scientifique ou social rejette, par conséquent, toute théorie, et ouvre un vaste champ d’action au charlatanisme. « Les empiristes, dit Jouffroy, ne connaissent d’autre autorité, en matière de connaissances, que celle des yeux et des mains ». Il ne faut pas confondre l’empirisme avec la méthode expérimentale, qui considère que l’esprit, l’intelligence, apportent également des éléments précieux à la réalisation des progrès scientifiques ou sociaux, et tout en attribuant une large part à l’expérience, ne condamne pas cependant le raisonnement et tous les bénéfices qui en résultent.

Le raisonnement et l’expérience se confondent et se complètent. Pour tous les domaines de l’activité humaine, l’un est aussi nécessaire que l’autre, car il existe des phénomènes qui ne frappent pas nos sens imparfaits, et nous sommes donc obligés d’avoir recours à la déduction pour les expliquer. D’autre part, sur le terrain pratique, l’empirisme présente un véritable danger. Médicalement, par exemple, une expérience, qui ne repose pas sur une théorie, permet toutes les erreurs, et tous les faux savants peuvent spéculer et se livrer au plus large charlatanisme en se réclamant d’un principe aussi absolu. Sur le terrain social, l’empirisme n’est pas moins néfaste. A nos yeux, l’expérience doit être consécutive à l’obser-

vation ; ce n’est qu’après avoir étudié, raisonné les chances de succès d’une action quelconque, que l’on doit se livrer à cette action. L’expérience en soi est généralement couronnée par le plus désastreux des fiascos, lorsqu’elle n’a pas été précédée de l’étude des conditions dans lesquelles elle doit s’opérer. Le dictionnaire Lachâtre emprunte à Et. Brochin la définition suivante de l’empirisme : « L’empirisme pris dans son acception étymologique rigoureuse et dans son sens sérieux, signifie cette méthode qui consiste à étudier, sans idée préconçue, tous les phénomènes qui se présentent à notre observation, et dans leur manifestation actuelle et dans les circonstances de leur production et de leur formation, ainsi que dans toutes les choses qui peuvent en changer ou modifier le cours ; à déduire des faits observés et de leur rapprochement les conclusions les plus rigoureuses, et à comparer ces conclusions entre elles, afin d’en faire découler des propositions qui ne soient que des déductions plus générales, mais tout aussi rigoureuses des faits eux-mêmes. C’est ce que l’on peut appeler, de nos jours, l’empirisme raisonné, ou, si l’on veut, une partie de la méthode expérimentale de Bacon. » Nous pouvons dire avec Brochin que si l’empirisme tout court nous paraît stupide et néfaste, l’empirisme raisonné, appliqué tout aussi bien à la science qu’à la sociologie, est un facteur de progrès et d’évolution.

On appelle empiristes ceux qui se réclament de l’empirisme, ou plutôt qui défendent ou soutiennent ce système ; quant au mot empirique, il est ordinairement employé au sens péjoratif et signifie routinier, rétrograde. Un procédé empirique ; un médecin empirique, pour un charlatan qui exerce la médecine.


ÉMULATION n. f. (du latin aemulatio.) Sentiment qui porte à rivaliser avec quelqu’un et à le surpasser en quelque chose.

Les moralistes prétendent que l’émulation est un aiguillon de la vertu et que c’est ce sentiment qui pousse les individus à atteindre au mérite de certains de leurs semblables. L’émulation n’est pas toujours bienfaisante et bien souvent ce sentiment ne donne naissance qu’à de l’animosité et de la jalousie.

Que l’homme ait les yeux fixés sur ce qui lui semble supérieur et cherche à acquérir toujours plus de qualités, c’est un bien. Mais ce qui est néfaste c’est de créer entre êtres un esprit de bataille, de concurrence, de rivalité qui détruit tous les bienfaits d’une émulation raisonnable.

On encourage l’émulation chez les écoliers parfois d’une façon ridicule sans atteindre le but que l’on se proposait, car on ne tient pas compte de tous les facteurs qui déterminent la vie de l’enfant et l’on ne se soucie pas de sa personnalité, de son individualité ; quant à l’émulation de la classe ouvrière en ce qui concerne sa production, nous savons que ceux qui la préconisent sont intéressés à la question, puisque ce sont eux qui profitent de tout le travail des exploités.

« Il faut toujours, disait Mignet, se proposer de grands modèles, pour avoir de hautes émulations ».


ENCYCLIQUE n. f. ou adj. Une encyclique : circulaire du pape. Lettre encyclique.

Bulle ou lettre solennelle adressée par le pape au clergé du monde catholique, ou seulement aux évêques d’une même nation.

Les décisions que renferment les encycliques en matière de foi et de morale sont irréformables, si le pape déclare les imposer à toute l’Église — ceci, mécaniquement, du fait de l’infaillibilité papale.

Souvent, le Souverain Pontife se propose non point de trancher une question dogmatique, mais seulement de donner des conseils.