a d’apparences. C’est peut-être utile comme méthode scientifique de classification, pour la clarté des points de vue, mais ce n’est ni réel ni pratique. Que l’on considère, en effet, l’autorité sous ses apparences morales, intellectuelles, politiques ou économiques, on n’aura que des différences de points de vue auxquels on se place, pour la considérer, de même qu’une montagne vue de différents endroits ne présente pas le même aspect. C’est toujours la même montagne. Ici, c’est toujours la même autorité.
Le but de l’autorité est de permettre à certains hommes de tirer d’autres hommes les avantages de les exploiter, de vivre à leur détriment, de créer leur luxe sur leur misère, leur puissance sur leur avilissement, leur domination sur leur obéissance. De là, l’exploitation économique : le capitalisme, le patronat, la finance, le commerce, etc. ; de là la tyrannie politique : l’État gardien de l’ordre établi ; de là, l’inégalité intellectuelle. On fait bien de temps à autre appel aux intelligences d’en bas, mais en les sélectionnant, en n’en appelant que quelques-unes pour pouvoir les absorber dans la classe des privilégiés, et en laissant dans l’ignorance la grande masse. De là aussi l’enseignement intense des préjugés : patrie, dieu, famille, civisme, respect de la propriété, des autorités, ne leur faut-il pas hypnotiser les asservis pour qu’ils acceptent passivement leur sujétion ? L’autorité est une ; elle nous saisit par mille tentacules, toutes au service du même principe.
Que des événements sociaux éclatent et anéantissent une ou plusieurs des formes de l’autorité, mais en laissent quelques-unes ou même une seule, et celle-ci, par voie de regroupement, reformera toutes les autres, et recréera l’ancienne tyrannie. Qu’on fasse une révolution politique, en laissant le pouvoir économique aux détenteurs actuels ou en le transmettant à d’autres, il se produira ce qui s’est toujours produit : les maîtres des richesses redeviendront les maîtres de l’État par corruption, pression économique, manœuvres de tous genres. Que l’inverse se produise, et que l’économie sociale, entre les mains du peuple, laisse subsister l’autorité politique ; celle-ci reconstitue une hiérarchie, une classe qui s’arroge peu à peu des avantages, des privilèges, des profits spéciaux, bref insensiblement refait à son bénéfice l’inégalité économique.
De même, il est indispensable que l’instruction ne soit par le monopole d’une caste. Chacun doit pouvoir poursuivre son développement intellectuel et technique ; autrement, si c’est une caste qui la détient, elle devient vite maîtresse de la société, s’arroge à la fois, profitant de l’incapacité populaire, des privilèges économiques et des pouvoirs politiques, et tout redevient comme avant.
Également, tant que les humains conserveront leur morale d’aujourd’hui, toute imbue de préjugés, marques des institutions autoritaires, ils auront tendance à accepter l’asservissement comme conforme à leurs idées, à la volonté divine, etc., etc…
Le problème de l’émancipation sociale n’est donc pas résoluble par fractions. Il exige d’être mené partout à la fois, aussi bien intellectuellement et moralement que politiquement et économiquement.
Nous devons considérer toutes les tentatives faites pour s’attaquer à une seule des apparences de l’autorité comme vouée à l’échec, si elle est sincère, ou si elle ne l’est pas, comme n’étant que les marques de ceux qui ne recherchent qu’à se substituer aux maîtres du jour.
Qu’on fasse l’analyse de toutes les actions qui ont cherché à émanciper un peu plus les masses populaires. Les seules qui aient abouti à quelque chose d’effectif sont celles qui furent la conséquence d’efforts réalisés dans tous les domaines : intellectuel, moral, politique et économique. Au fur et à mesure que le prolé-
L’anarchisme, qui est la lutte pour la liberté complète, la disparition de toutes les tyrannies, exploitations, inégalités et préjugés, qui mène de front toutes les batailles contre l’autorité, est la plus haute et la plus parfaite conception que puisse suivre l’émancipation sociale. — Georges Bastien.
ÉMANCIPATION. Les bourgeois donnent à ce mot un sens différent de celui qui, pour nous, se rapporte à la fameuse prophétie de Karl Marx : « L’Émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. » Cette signification simple et claire est adoptée par tous les véritables émancipateurs du prolétariat, par ceux qui ne se contredisent pas en s’adonnant à la politique électorale après s’être proclamés de la doctrine de l’Émancipation du Prolétariat par lui-même.
Toute la propagande des anarchistes vise à ce but : l’Affranchissement économique et social des individus, leur émancipation individuelle.
Toute la propagande des syndicats révolutionnaires vise au même but en spécifiant qu’ils veulent l’Affranchissement total des travailleurs, l’émancipation collective des producteurs.
Donc, les uns et les autres veulent l’intégrale émancipation de tous ceux que le système capitaliste exploite et asservit. Autant dire qu’ils tendent identiquement à une transformation sociale qui ne peut aboutir autrement que par une révolution comme on n’en vit point encore puisque la Commune de 1871 fut vaincue et que la Révolution russe n’a pu aboutir qu’à une Dictature du Prolétariat.
Préconiser l’éducation libertaire, entraîner les masses ouvrières des cités, de la mer et des champs à s’organiser librement, à s’administrer par l’entente, c’est créer une mentalité populaire adéquate à la conception de société libre de producteurs émancipés ; c’est dresser une génération d’individus capables d’organiser la vie libre pour des hommes libres.
C’est ainsi, pensons-nous, qu’il faut concevoir l’Émancipation sociale de tous. Mais pour émanciper les autres, il est indispensable de s’émanciper soi-même d’abord, en se débarrassant de tous les préjugés d’autorité, de hiérarchie, de discipline, etc., qui n’ont rien à faire avec la Liberté, l’Entente et l’Union pour la Vie. — G. Yvetot.
EMBRYON (n. m. du grec embruon, formé de en, dans, et bruon, je germe).
Le mot embryon sert à désigner le produit immédiat de la conception et c’est à tort qu’il est parfois employé comme synonyme de fœtus. L’embryon est un fœtus qui commence à se former. Chez les humains, l’embryon n’est d’abord qu’un corps absolument privé de membres et l’on ne peut y distinguer ni le cœur, ni les muscles, ni les os, etc… Ce n’est qu’au bout de quarante jours que l’on commence à distinguer la tête et à trois ou quatre mois que l’embryon prend le nom de fœtus.
Le mot embryon sert également à désigner, en botanique, la partie essentielle de la graine des phanérogames, c’est-à-dire des plantes dont les organes de reproduction sont apparents et se dit aussi de tout état rudimentaire qui provient du développement d’un germe.
La science qui s’occupe de l’évolution des embryons s’appelle l’embryologie ; elle se divise en trois branches : l’embryologie générale, l’embryologie descrip-