ordre public, à renverser l’une et l’autre autorité, à exciter, à nourrir, étendre et fortifier les séditions dans les empires, les troubles et les rébellions ; livre renfermant par conséquent des propositions fausses, calomnieuses, téméraires, conduisant à l’anarchie, contraires à la parole de Dieu, impies, scandaleuses, erronées, déjà condamnées par l’Église, spécialement dans les Vaudois, les Wicklefites, les Hussites, et autres hérétiques de cette espèce. »
Cette fois, Lamennais releva le défi et rompit avec Rome.
Le successeur de Grégoire XVI, le pape Pie IX, continua la série des fulminations contre : la liberté de conscience, de parole, d’écrit, etc… Quelques-unes de ses encycliques méritent de passer à la postérité pour y être en témoignage du fanatisme constant de l’Église catholique :
Dans l’Encyclique Qui pluribus du 9 novembre 1846, Pie IX dénonce la conspiration ourdie contre la religion catholique et la société civile. Il montre l’Église et l’ordre social attaqués au nom du progrès. Il invite les gouvernements à sévir contre la Révolution. Il condamne les sociétés bibliques qui répandent la Sainte Écriture, en langue vulgaire. Contre l’esprit du siècle, contre les philosophes :
« Nul d’entre vous n’ignore, vénérables frères, que, dans ce siècle déplorable, une guerre furieuse et redoutable est déclarée au catholicisme. Unis entre eux par un pacte criminel, les ennemis de notre religion repoussent les saintes doctrines, ils ferment l’oreille à la voix de la vérité, ils produisent au grand jour les opinions les plus funestes et font tous leurs efforts pour les répandre et les faire triompher dans le public… Ces implacables ennemis du nom chrétien, emportés par une aveugle fureur d’impiété, en sont venus à un degré inouï d’audace, ouvrant leur bouche aux blasphèmes contre Dieu, ils ne rougissent pas d’enseigner hautement et publiquement que les augustes mystères de notre religion sont des erreurs et des inventions humaines, que la doctrine de l’Église catholique est opposée au bien et aux intérêts de la société ; ils ne craignent pas même de renier le Christ et de renier Dieu. Pour mieux tromper les peuples, pour entraîner avec eux dans l’erreur les esprits inexpérimentés ils feignent de connaître seuls les voies du bonheur ; ils s’arrogent le titre de philosophes… »
Enfin, Pie IX, termine ainsi :
« Appliquez-vous à inculper aux peuples l’obéissance, la soumission due aux princes et aux puissances ; enseignez-leur, selon l’avis de l’apôtre, qu’il n’est point de pouvoir qui ne vienne de Dieu, et qu’en résistant au pouvoir on résiste à l’ordre établi par Dieu, en provoquant sa condamnation, et que, par conséquent, nul ne peut violer sans crime le précepte d’obéir à l’autorité, à moins qu’elle ne lui commande des choses contraires aux lois de Dieu et de l’Église. »
L’Encyclique du 17 mars 1856, adressée aux évêques d’Antioche, peut se résumer ainsi : Anathème à l’indifférentisme et au rationalisme.
« Les hommes dédaignent avec fierté la foi, dont il est écrit qu’en manquer serait un motif de condamnation. La foi repose, non sur la raison, mais sur l’autorité ; malheur à qui ne s’en rapporte pas pleinement à Dieu sur Dieu, sur ce qu’il nous propose de croire et de savoir de lui. Le rôle de la raison est d’obéir ; elle n’est pas maîtresse, mais servante de la foi. »
L’Encyclique Quanta Cura, 8 décembre 1864, a eu un retentissement immense ; c’est le défi le plus complet qu’ait jeté l’Église au progrès, à l’esprit de liberté, à la culture moderne…
Cette encyclique est suivie d’un syllabus, ou résumé, contenant l’énoncé de 80 articles qualifiés « Erreurs
Voici quelques extraits de cette encyclique fameuse, promulguée selon toutes les conditions de « l’Ex-Cathedra » :
« Il vous est parfaitement connu, vénérables frères, qu’aujourd’hui il ne manque pas d’hommes qui appliquent à la société civile l’impie et absurde principe du « naturalisme », comme ils l’appellent ; ils osent enseigner que la perfection des gouvernements et le progrès civil exigent absolument que la société humaine soit constituée et gouvernée sans plus tenir compte de la religion que si elle n’existait pas, ou, du moins, sans faire aucune différence entre la vraie religion et les fausses. De plus, contrairement à la doctrine de l’Écriture, ils ne craignent pas d’affirmer que le meilleur des gouvernements est celui où l’on ne reconnaît pas au pouvoir l’obligation de réprimer, par la sanction des peines, les violateurs de la religion catholique, si ce n’est lorsque la tranquillité publique le demande.
En conséquence de cette idée absolument fausse du gouvernement social, ils n’hésitent pas à favoriser cette opinion erronée… que la liberté de conscience et des cultes est un droit propre à chaque homme, qu’il doit être proclamé dans tout État bien constitué, et que les citoyens ont droit à la pleine liberté de manifester hautement et publiquement leurs opinions, quelles qu’elles soient, par la parole, par l’impression ou autrement, sans que l’autorité ecclésiastique ou civile puisse limiter ce droit. Or, en soutenant ces affirmations téméraires, ils ne pensent pas, ils ne considèrent pas qu’ils prêchent une liberté de perdition, et que, s’il est toujours permis aux opinions humaines d’entrer en conflit, il ne manquera jamais d’hommes qui oseront résister à la vérité et mettre leur confiance dans le verbiage de la sagesse humaine, vanité extrêmement nuisible, que la foi et la sagesse chrétiennes doivent soigneusement éviter, conformément à l’enseignement de N. S. J.-C.
« …Mais qui ne voit, qui ne sent très bien qu’une société soustraite aux lois de la religion et de la vraie justice ne peut avoir d’autre but que d’amasser, d’accumuler des richesses, et, dans tous ses actes, d’autre loi que l’indomptable désir de satisfaire ses passions et de se procurer des jouissances ? »
Malgré les anathèmes et les excommunications contre le socialisme, et contre les revendications des peuples, socialisme et syndicalisme font leur chemin, aussi les papes doivent relâcher le mors.
Léon XIII adresse l’encyclique « Rerum Novarum », 15 mai 1891, sur les conditions des ouvriers.
Il traite des associations professionnelles, admet les syndicats : mixtes ou composés d’ouvriers seulement.
Cette encyclique est la charte des syndicats chrétiens et a de ce fait une grande importance. Elle commence par justifier les inégalités sociales les déclarant nécessaires :
« Le premier principe à mettre en avant, c’est que l’homme doit accepter cette nécessité de sa nature qui rend impossible, dans la société civile, l’élévation de tous au même niveau… La vie sociale requiert un organisme très varié et des fonctions fort diverses ; et ce qui porte précisément les hommes à se partager ces fonctions, c’est surtout la différence de leurs conditions respectives.
« Pour ce qui regarde le travail en particulier, l’homme, dans l’état même d’innocence, n’était pas destiné à vivre dans l’oisiveté. Mais ce que la volonté eût embrassé librement comme un exercice agréable, est devenu, après le péché, une nécessité imposée comme une expiation et accompagnée de souffrances. « La terre est maudite à cause de toi. C’est par un travail