la lampe à arc, composée de deux charbons juxtaposés, maintenus à égale distance par un mouvement d’horlogerie, produit une lumière éclatante, et est surtout utilisée par les grands magasins ou encore dans certaines industries, telles l’industrie photographique ou cinématographique. La lampe à incandescence est d’usage courant ; elle est composée d’un filament de charbon porté à l’incandescence dans une ampoule de verre dans laquelle on a fait le vide ; cette dernière lampe tend à disparaître, remplacée par la lampe à filament de platine, d’osmium ou par les lampes demi-watt qui donnent un éclairage plus brillant. Enfin, au service de la publicité, l’électricité met les lampes à gaz raréfiés, azote ou non, basées sur la fluorescence des vapeurs au passage d’un courant électrique. Nous voilà donc bien loin de la lampe à huile préhistorique et de la modeste chandelle de suif. Et pourtant, à nos yeux, le progrès, ou plutôt l’application des progrès de la science, ne sont pas assez rapides.
Certes, nous n’en sommes plus au temps où Paris n’était pas éclairé et où la capitale était plongée dans la plus complète obscurité sitôt que sonnait le couvre-feu. Aujourd’hui, les rues et les boulevards sont éclairés et le flot de lumière qui se répand à la façade des magasins attire le regard en passant. Ce n’est pas suffisant. Nous savons que certaines contrées par exemple sont privées de lumière électrique parce que les intérêts de quelques parasites seraient lésés si on changeait le mode d’éclairage. Et les habitants de cette contrée sont, en conséquence, privés de lumière.
Et il en est, hélas, ainsi de tout. On refuse d’éclairer le peuple ; on ne veut pas lui donner la lumière ; on tient à le conserver dans l’ombre et dans l’obscurité. Or, notre siècle est un siècle d’éclairage intense. Le peuple a droit d’en profiter. Il doit avoir le droit d’éclairer son corps et son esprit. Mais, ce droit, il ne faut pas qu’il le demande, mais qu’il le prenne.
Que les reflets de toutes les lumières qui sillonnent le monde pénètrent en lui ; qu’il s’éclaire enfin, car de la clarté lumineuse produite par son émancipation dépend tout l’avenir des collectivités humaines.
ÉCLECTISME n. m. (du grec : eklegein, choisir). Méthode qui consiste, en philosophie, en science, ou en politique, à essayer de concilier les divers systèmes en prélevant dans chacun d’eux ce qui paraît le plus conforme à la vérité pour en composer un système unique, où se trouveraient réunies, en une synthèse harmonieuse, les données essentielles de tous les autres.
Le protagoniste de cette méthode paraît être le philosophe Potamon, qui enseignait à Alexandrie, au troisième siècle avant l’ère chrétienne, et dont les préceptes n’obtinrent qu’une faveur passagère.
Une phrase du philosophe allemand Leibniz fournit à la méthode éclectique la meilleure des justifications : « J’ai trouvé, dit-il, que la plupart des sectes ont raison dans une bonne partie de ce qu’elles avancent, mais pas tant en ce qu’elles nient. »
C’est seulement en 1828 que cette méthode ancienne fut tirée de l’ombre et mise en valeur par les écrits de Victor Cousin, professeur à la Sorbonne, qui déclara s’être proposé le but suivant : Dégager ce qu’il y a de vrai dans chacun des systèmes philosophiques, pour en fonder un qui les gouverne tous, en les dominant tous, qui ne soit plus telle ou telle philosophie, mais la philosophie elle-même dans son essence et dans son unité.
Une telle proposition permet de supposer chez son auteur de remarquables qualités de tolérance et la recherche impartiale de la vérité. Mais il semble, chef d’école timide, et dépourvu de caractère, s’être appli-
Dans le domaine de la politique, l’éclectisme ne vaut d’ordinaire pas mieux. Il correspond à ces programmes médiocres, dénués de courage autant que d’élévation de pensée, qui protègent à la fois la chèvre capitaliste et le chou prolétarien, et dans lesquels l’habileté diplomatique des candidats découvre aisément de quoi s’adapter aux mouvements les plus divers, selon l’opportunité des circonstances.
Honnêtement considérée, la méthode éclectique vaut pourtant mieux que sa réputation. La remarque de Leibniz vaut d’être méditée. Il est rare, en effet, qu’une doctrine philosophique, scientifique ou sociale soit intégralement fausse. Elle contient presque toujours des observations dignes d’intérêt, ou des critiques fondées, par conséquent une part plus ou moins grande de vérité, dont le chercheur dénué de sectarisme étroit peut faire son profit. L’erreur des doctrinaires consiste, le plus souvent, en ce qu’ils veulent imposer comme une règle générale, absolue, ce qui ne correspond qu’à certains cas particuliers, ou ne résout qu’une partie du problème. Ceci ne doit point nous porter à croire qu’il suffit de coordonner les affirmations des auteurs, tels les fragments d’un jeu de patience, pour que, fatalement, le produit de cette opération représente la vérité. Mais ceci nous montre l’importance qu’il peut y avoir à compléter et, s’il y a lieu, réviser de temps à autre nos propres doctrines, par l’examen bienveillant de celles des autres.
Lorsque l’on pose la question : « Quelle est la cause du mal social ? » : les éducationnistes répondent : l’ignorance, les préjugés ; les communistes accusent : le régime capitaliste ; les néo-malthusiens dénoncent : le surpeuplement. Devons-nous accepter seulement une des explications et repousser les deux autres ? Je ne suis point de cet avis. Car il m’apparaît, comme l’évidence même, qu’une société heureuse ne peut exister sans cette triple condition : 1o Limitation volontaire de la population aux moyens de subsistance ; 2o Organisation rationnelle de la production et de la consommation, pour le mieux de tous, avec le minimum d’efforts et le maximum de rendement ; 3o Développement d’une conscience révolutionnaire, tout au moins parmi des minorités d’élite.
Reconnaître ceci c’est faire de l’éclectisme, non pour se mettre bien avec tout le monde, ni par la conscience que l’on détient une méthode infaillible, mais par un respectueux hommage envers la vérité. — Jean Marestan.
ÉCLECTISME. Littéralement : qui choisit. L’éclectisme est une méthode des philosophes, des politiques qui prennent dans les divers systèmes de leurs devanciers ou de leurs contemporains ce qui leur paraît être la vérité pour en former un corps de doctrine. Dans l’histoire de la philosophie, « l’éclectisme désigne particulièrement l’école des néo-platoniciens que vit naître Alexandrie au iiie siècle environ avant J.-C., dont Potamon fut le chef et dont les méthodes furent remises en honneur au xixe siècle par Victor Cousin et ses disciples.
Il est bon d’étudier tous les systèmes, mais il est également utile de s’en adopter un. Si, en ce qui concerne la philosophie, l’éclectisme est une spéculation ou une gymnastique, il n’en est pas de même en sociologie où il fait de terribles ravages.
« L’éclectisme dit P. Leroux, ne repousse aucun système et n’en accepte aucun en entier. Considéré comme méthode, l’éclectisme ne supporte pas l’examen, car