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Page:Faure - Encyclopédie anarchiste, tome 2.djvu/89

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ENS
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pessimisme, se demander : « Pourquoi laissons-nous capter à la source l’avenir de notre mouvement ? » Un besoin de propagande positive semble s’affirmer depuis quelque temps chez les anarchistes : vont-ils enfin se décider à entreprendre le principal ? Vont-ils enfin créer leur enseignement ? Dans cette optimiste attente, les parents de bonne volonté chercheront, dans les revues pédagogiques, de quoi corriger et compléter l’instruction primaire de leurs enfants et — pourquoi pas ? — de quoi l’entreprendre eux-mêmes… (Voir entre autres : L’École Émancipée, à Saumur.) — L. Wastiaux.


ENSOUTANÉ n. m. (de soutane). Le mot ensoutané est un terme populaire qui sert à désigner les ecclésiastiques, parce que ceux-ci portent une soutane.

En vérité, ce mot pourrait également s’appliquer aux juges, aux avocats, etc… qui revêtent aussi une soutane lorsqu’ils sont dans l’exercice de leurs fonctions. Jadis, les professeurs et les médecins portaient aussi la soutane, mais cette habitude a disparu depuis plus de deux siècles. Il n’y a plus aujourd’hui que dans certaines cérémonies universitaires que sont évoqués ces costumes particuliers.

La soutane varie de couleur, selon le grade de l’ensoutané. Elle est noire, violette ou rouge, et le pape porte une soutane blanche. Les ensoutanés de la justice portent une robe rouge ou noire, selon qu’ils appartiennent à la magistrature assise ou debout.

Cependant il n’y a vraiment en France que les prêtres de l’église catholique qui se couvrent continuellement de ce costume ridicule. Les magistrats, les avocats, etc…, ne portent la soutane qu’à l’intérieur des édifices où ils exercent leurs fonctions et revêtent pour sortir un costume civil. Les ensoutanés, comme les militaires, comme tous ceux qui portent un uniforme qui les place en dehors de la collectivité sont des êtres nuisibles et néfastes qui vivent sans produire, sur le travail de leurs semblables. Comme tous les parasites, il faut les combattre jusqu’à ce qu’ils aient disparu de la surface du globe.


ENTENDEMENT n. m. Autrefois, le mot entendement signifiait : perception des sons. Il est aujourd’hui employé assez fréquemment comme synonyme d’ « intelligence ». L’entendement est la faculté de comprendre, de sentir, de juger. Un homme d’entendement. Avoir perdu l’entendement. Notre imagination, ni nos sens ne nous sauraient jamais assurer d’aucune chose si notre entendement n’y intervient. » (Descartes).

On appelle entendeur celui qui a de l’entendement. Mais ce mot est rarement employé, sauf dans quelques locutions proverbiales, telle : A bon entendeur, salut.

Avoir de l’entendement, c’est avoir un esprit éveillé, percevoir avec facilité les choses qui n’ont point de forme corporelle et qui sont du domaine de l’intelligence ; c’est la faculté de connaître et de concevoir.

Celui qui a de l’entendement, c’est-à-dire de l’intelligence, est un privilégié, car la lumière qui l’éclaire lui donne certaines joies qu’ignorent les pauvres d’esprit. Ces derniers ne seront heureux que « dans le royaume des cieux » ; les autres peuvent espérer conquérir le bonheur sur la terre.


ENTENTE n. m. Bon accord. Entente familiale. L’entente est l’acte qui consiste à se mettre d’accord sur un point, sur un objet, sur un sujet déterminé. L’entente peut se réaliser sur une foule de choses. Elle peut être intégrale ou partielle, mais pour être harmonieuse, c’est-à-dire utile, il est indispensable — et surtout en ce qui concerne les questions politiques ou sociales — que le but poursuivi par les groupes ou individualités figurant dans cette entente soit le même.

« L’homme fort, c’est l’homme seul » affirme un adage, considéré presque comme un axiome par certains individus. Nous avons à maintes reprises tenté de combattre cette idée, qui nous semble fausse à sa base ; c’est dire, en conséquence, qu’à notre avis « L’Union fait la force » et que pour arriver à réaliser quelque chose, l’individu doit se joindre à d’autres individus, se grouper, s’entendre avec ses semblables.

Nous sommes donc de chauds partisans de l’Entente, sans toutefois nous laisser entraîner à commettre des erreurs dont les effets sont trop souvent désastreux. De même que, chimiquement, il existe des corps qui ne peuvent se mélanger, politiquement et socialement il existe des ententes qui paraissent impossibles. Vouloir les réaliser à toute force détermine des catastrophes.

Politiquement, en France, nous avons sous les yeux, en cette année de grâce 1927, l’image de ce que peut produire une entente composée d’éléments hétérogènes, Pourtant, politiquement, l’entente est plus facile, surtout sur le terrain électoral et parlementaire, car ce n’est pas ordinairement la sincérité qui est un lourd fardeau pour un candidat à la députation.

Nous savons que, pour combattre la « réaction », personnifiée par quelques ministres appartenant au « Bloc National », une entente fut établie à la veille des élections législatives de 1924 entre les divers éléments politiques de gauche. Cette entente prit le nom de « Bloc des Gauches », et triompha. Victoire éphémère. Tiraillés par des intérêts différents, les groupes de cette entente ayant une nature et un caractère particuliers, n’arrivèrent pas, par la suite, à maintenir un accord impossible et l’entente se désagrégea. Le programme du « Bloc des Gauches » s’envola comme une fumée et la réaction revint au pouvoir, représentée par les mêmes hommes qu’auparavant.

Si nous signalons cet épisode, c’est surtout pour démontrer que si « l’union fait la force », et que l’entente entre les hommes qui désirent accomplir une œuvre est indispensable, il ne faut pas s’enchaîner aveuglément à n’importe qui et à n’importe quoi. Les politiciens de 1924 n’étaient pas des contempteurs de l’État bourgeois. Tous étaient des défenseurs du capital et pourtant les résultats obtenus furent négatifs, car leur entente reposait sur des sables mouvants. Pour être plus solide, il eût fallu que les composants fussent non seulement d’accord sur le but poursuivi mais sur les moyens primaires essentiels à employer pour atteindre ce but.

Socialement, le problème de l’entente est encore plus délicat et plus on étudie cette question, plus elle semble complexe. Il serait évidemment souhaitable que la plus franche camaraderie existât entre tous les travailleurs, entre tous les exploités et que leur unique désir fût de se libérer du patronat et de la servitude. Mais il n’en est jamais ainsi. Ne prenons pas trop nos rêves pour des réalités. L’union de toutes les forces ouvrières est difficile à réaliser, mais qu’importe, puisque nous savons que tous les grands mouvements sociaux ont été accomplis par des minorités agissantes. Hélas ! L’entente n’existe même pas au sein de ces minorités et il apparaît au contraire que chaque jour, la division s’étend, annihilant les efforts de chacun.

Quel est ce phénomène ? D’où vient qu’une entente ne puisse s’établir entre tous les travailleurs révolutionnaires, adversaires de la bourgeoisie, et ennemis du Capital ? Ainsi que le prétendait Malatesta au congrès anarchiste d’Amsterdam de 1907, le syndicalisme ne serait-il pas révolutionnaire, et l’idéologie révolutionnaire au syndicat serait-elle un facteur de division tout comme l’idéologie politique ?

Au cinquième congrès des Bourses du Travail, tenu