rapprochant du peuple, attaché par la vie aux problèmes de la vie matérielle et sociale, nous travaillerons à l’évolution des hommes par la révolution sociale.
ENTHOUSIASME n. m. (du grec enthousiasmos : de en, dans ; theos, dieu et asthma, souffle). L’enthousiasme est un sentiment d’admiration extraordinaire envers quelqu’un ou quelque chose. C’est une exaltation qui s’empare de l’individu, le transforme et le met hors de sa situation ordinaire.
« Rien ne se fait sans un peu d’enthousiasme » a dit Voltaire. Il est vrai que l’enthousiasme est un feu qui transporte les hommes et leur fait accomplir de grandes choses. On a vu, maintes fois, des foules, desquelles on n’espérait plus rien, se lever, enthousiasmées pour une idée, et partir à la conquête du monde. C’est l’enthousiasme du peuple qui a permis à la Révolution française de se défendre contre les hordes étrangères ; c’est à l’enthousiasme des parias que la Russie doit d’être délivrée du régime abject des Tsars.
Mais l’enthousiasme des foules est souvent aveugle et l’entraîne à commettre des erreurs dont elles sont les premières victimes. C’est que le peuple ne s’enthousiasme pas seulement pour une idée, mais aussi pour des hommes ; et de ces hommes, il fait des idoles qui le manœuvrent comme un troupeau.
Il faut espérer que, petit à petit, par l’exemple et l’expérience, les peuples ne se laisseront plus conduire uniquement par le sentiment, et lorsqu’à leurs élans d’enthousiasme ils joindront la raison, ils franchiront toutes les barrières qui les séparent de la liberté.
ENTOMOLOGIE n. f. (du grec entamon, insecte et logos, discours). Partie de la zoologie qui traite des animaux articulés et spécialement des insectes. C’est Linné le premier qui, fondateur de l’entomologie, décrivit les genres et les espèces, et établit les divisions. L’entomologie a peu à peu progressé et son étude s’est développée à mesure que se précisaient les sciences agricoles d’abord (études des insectes nuisibles, dit ravageurs) et ensuite, en même temps que se perfectionnait l’exploitation de certains insectes (abeilles, vers à soie, etc…). Une chaire d’entomologie, un laboratoire d’études existent à Paris, au Muséum d’Histoire naturelle. D’autre part, l’étude des moyens propres à lutter efficacement contre les ravageurs a conduit à l’installation de laboratoires spéciaux (stations entomologiques). Parmi les savants qui, depuis Linné, se sont illustrés dans l’étude de l’insecte, citons : Fabricius, Lataille, Réaumur, de Geer, Lepelletier de Saint-Fargeau, Fourcroy, Léon Dufour, V. Audouin, Espinas, Newport, J. Perez, Blanchard, Passerini, Brullé, Huber, Gledditsch, Bonnier, Emery, J. H. Fabre, Wheeler, Deegener, Forel, etc…
Nous sortirions du cadre de l’Encyclopédie en nous étendant trop largement sur l’entomologie. Cependant, nous croyons qu’il n’est pas inutile de souligner en passant ce que le savant professeur Bouvier a appelé : Le Communisme chez les Insectes, et les curieux rapprochements que l’on peut faire entre certaines sociétés d’insectes et les sociétés humaines. C’est, en effet, chez quelques insectes — et chez eux seulement — que l’on trouve, rigoureusement appliqué, un communisme parfait. Nulle part ailleurs (car nous ne pouvons pas considérer les organismes multicellulaires comme des sociétés) aussi bien chez l’animal que chez l’homme, nous ne pourrions trouver exemple aussi précis. Il est bien entendu que la comparaison à laquelle nous nous livrons ne peut être qu’artificielle et que nous n’entendons pas donner la ruche ou la fourmilière comme modèle de la société future. (On trouvera d’ailleurs
Le communisme entre individus ne se rencontre que dans quatre familles d’insectes : les guêpes, les abeilles, les fourmis et les termites. Ces sociétés communistes comprennent deux groupes : 1o les sociétés maternelles, où les femelles restent seules après avoir été fécondées par les mâles qui meurent peu après (guêpes, abeilles et fourmis) ; 2o les sociétés conjugales « où les deux sexes restent en association constante, la présence des mâles étant nécessaire pour assurer le renouvellement des jeunes fécondateurs » (termites).
Voyons comment se comportent entre eux les individus d’une même société communiste d’insectes et quel en est l’esprit.
Ce qui frappe tout d’abord lorsque l’on considère une société communiste d’insectes, c’est l’absence de « dirigeants ». Il existe bien parmi eux des individus que les naturalistes ont appelés « rois » ou « reines », mais ici, ce vocable sert simplement à désigner les individus dont la fonction sociale est la reproduction et qui n’ont aucune espèce de pouvoir sur leur entourage. Les insectes communistes ne vivent ni en monarchie ni en république mais, ainsi que l’observe Forel, l’activité sociale qui les caractérise « leur permet de vivre sans chefs, sans guides, sans police et sans lois, dans une anarchie admirablement coordonnée. »
Examinons, par quelques brefs aperçus sur la vie de ces insectes, le mécanisme de leur existence sociale. Nous verrons que les hommes y pourraient souvent puiser un enseignement d’activité utile et de labeur sans contrainte.
Voyons d’abord l’abeille et laissons-nous guider par le savant professeur Bouvier : « Sitôt sortie du berceau, la jeune ouvrière reçoit l’accueil de ses sœurs qui la soutiennent, la lèchent, la brossent et lui offrent des lampées de miel. La voici réconfortée, mais non propre aux voyages de récolte ; elle va s’occuper au logis où la besogne ne manque pas… On savait depuis longtemps que la jeune ouvrière se livre à des travaux d’intérieur successifs, qui varient avec l’âge. Dans une étude récente, Roesch a voulu fixer la succession de ces travaux. La jeune abeille se fait d’abord nettoyeuse des alvéoles ; elle va ensuite se reposer et dormir des heures sur les cellules closes, qu’elle contribue sans doute à couver ; à partir du troisième jour, elle puise aux réserves de miel et de pollen, moins pour elle-même que pour les larves âgées dont elle se fait nourrice ; au bout du sixième jour, ses glandes péricérébrales entrent en fonctions et sécrètent la gelée qu’elle distribue aux jeunes larves, modifiant ainsi son rôle de nourrice qu’elle remplit jusqu’au quinzième jour ; alors, moins craintive, elle se rend sur le tablier de la ruche et s’essaye à des vols d’orientation au voisinage du logis, faisant avec ses compagnes ce que les praticiens désignent sous le nom de « soleil d’artifice » ; d’ailleurs, elle rentre assez vite pour s’occuper à prendre la charge des butineuses et à tasser dans les alvéoles à provisions le pollen qu’elles rapportent ; un peu plus tard, elle remplit les fonctions de gardienne et se tient alors sur le tablier, chassant les ennemis de la ruche, repoussant les intruses, en éveil surtout contre les abeilles pillardes. Au vingtième jour, enfin, elle prend son rôle pour tout de bon et, devenue récoltante, peut s’éloigner jusqu’à cinq kilomètres comme ses sœurs butineuses… »
Trouverait-on une société d’hommes aussi intelligemment policée, où le travail commun s’expédie sans heurt, sans chicane, en solidarité instinctive ?
Mais baissons-nous encore sur la besogne des « cirières », jeunes abeilles qui travaillent à l’intérieur de la ruche. Huber nous les montre à l’œuvre dans une