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MAT
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son enfant. A nous d’établir l’harmonie entre ces trois unités constituantes de la famille.

C’est elle qui supporte le fardeau des maternités et de l’élevage, qui souffre pour mettre l’enfant au monde, qui parfois meurt durant cette opération : il résulte des statistiques publiées par le ministère de la santé d’Angleterre qu’en ce pays 3.000 femmes, en moyenne, meurent chaque année en couches ou des conséquences de l’accouchement.

En dehors de ce que tout être vivant a droit à l’individualité du seul fait qu’il existe, droit plus ou moins nettement admis par les sociétés les plus civilisées et en. tout cas reconnu par l’élite humaine, ces lourdes charges constituent pour la femme un titre indiscutable au dit droit.

Mais la mère n’est pas seule dans la conception de l’enfant. Il est difficile de parler de maternité consciente sans s’occuper parallèlement de l’idée de paternité consciente. L’homme droit éduqué dans la morale traditionnelle, qui ne songe pas un instant qu’on puisse adhérer publiquement à cette morale et, hypocritement, faire le contraire de ce qu’elle prescrit, cet homme s’indigne de l’acte de quelque « fils de bonne famille » rendant mère une jeune fille grâce à son ignorance et l’abandonnant ensuite, elle… et son enfant.

La même répugnance est éprouvée par l’homme qui a fait sienne l’éthique nouvelle que nous préconisons ici, devant l’individu qui, fût-il marié légitimement avec elle, profite de l’ignorance, de l’inconscience ou de la faiblesse de sa compagne, pour lui imposer, par égoïsme ou pour toute autre raison, une maternité qu’elle ne désirait pas… L’homme noble a de l’individualité de sa compagne un souci égal à celui de la sienne propre. Il juge aussi criminel de rendre une femme mère contre sa volonté que de commettre un acte d’oppression ou un meurtre quelconques…

Outre la nécessité pour les humains d’acquérir la connaissance des diverses raisons d’ordre physique et moral qui commandent la maternité consciente, il est nécessaire, pour la pratique de cette dernière par le plus grand nombre possible d’individus, qu’une sensibilité nouvelle se manifeste en eux, principalement chez les hommes, mais aussi chez les femmes.

Nous disons bien : une sensibilité nouvelle, car trop peu d’humains la connaissent aujourd’hui et pour la plus grande masse elle serait vraiment une nouveauté. Elle doit être suscitée, développée, cultivée pour que naisse en chaque être humain de l’un et l’autre sexe le sens de la responsabilité parentale et en chaque homme le respect de l’individualité féminine…

Tout homme doit apprendre que la femme n’est pas une esclave qu’un Dieu masculiniste aurait créée pour le plaisir de l’autre sexe, qu’elle a son individualité propre, qu’elle a droit à la culture, à la joie, au bonheur. Une femme qui est, par la force de violence ou de ruse, en vertu de quelque impulsion secrète du mâle, plongée contre son gré dans des maternités indésirées, voire abhorrées, cette femme est réduite à une sujétion aussi abjecte que celle de la femme orientale ou de la femelle du primitif, il faut bien le dire, c’est surtout dans le prolétariat que cette situation se rencontre…

Si l’amour de sa compagne existait chez l’homme, il ne la contraindrait pas à une maternité à laquelle elle répugne, à laquelle elle peut avoir des raisons de répugner, surtout si maintes autres l’ont précédée, comme c’est généralement le cas dans les classes pauvres. La maternité consciente implique la maternité consentie.

Non seulement le souci de sa compagne, mais la pensée de l’être à naître doit émouvoir cette sensibilité nouvelle que nous voudrions voir susciter chez le générateur. Chez la génératrice aussi, il va sans dire qu’on

doit provoquer l’éclosion de cette sensibilité neuve à l’égard de l’enfant.



La morale sexuelle ancienne (voir sexe, morale sexuelle, etc.), qui survit à sa raison périmée, avec son actuelle louange aprioriste et barbare des familles nombreuses, de la fécondité illimitée des couples, cette morale a sa part de responsabilité dans le présent état de choses.

Mais l’éthique sexuelle nouvelle, une éthique qui s’ennoblit d’esthétique, se substitue peu à peu à elle. Elle s’opposera un jour, fermement, à la continuation des pratiques d’égoïsme inférieur et cruel des dégénérés, des imprévoyants et de ceux, intéressés ou stupides, qui les encouragent.

Victorieuse, elle nous délivrera de l’enfer génésique où la civilisation menace de sombrer, soit par la dégénérescence qu’entraîne la multiplication des tarés, soit par la guerre que la surpopulation ramène périodiquement. — Manuel Devaldès.


MATHÉMATIQUE n. f. (du latin mathematicus, grec mathématikos). La mathématique étudie les grandeurs soit discontinues ou numériques, soit continues ou géométriques ; c’est la science de la quantité. Elle vise tant à mesurer les grandeurs qu’à déterminer les rapports de variations corrélatives qui existent entre elles. La quantité discontinue fait l’objet de l’arithmétique ; le nombre dont traite cette branche des mathématiques provient essentiellement de l’addition de l’unité avec elle-même ; résultat de l’activité créatrice de l’esprit, il implique abstraction et généralisation préalables. Simplifiant davantage, l’algèbre remplace les chiffres déterminés par des lettres représentant n’importe quel chiffre ; elle fait par rapport aux nombres ce que fait le nombre par rapport aux objets. D’où le nom d’arithmétique universelle que lui donnait Newton. Un degré d’abstraction de plus et on obtient le calcul des fonctions qui recherche comment varie une quantité lorsqu’on en fait varier une autre. La géométrie, science de la quantité continue, établit les propriétés des figures tracées par l’esprit dans l’espace homogène à l’aide du point et du mouvement. Par l’invention de la géométrie analytique, Descartes a réconcilié les sciences, jusque là irréductibles, des grandeurs continues et des grandeurs discontinues ; à chaque figure il fit correspondre une équation et par l’étude des variations de la seconde il parvint à déterminer les variations de la première. Enfin le calcul infinitésimal, découvert par Leibnitz et Newton, permit la mesure des grandeurs continues, grâce à l’adoption, comme unité conventionnelle, de l’élément infiniment petit. Aujourd’hui la méthode des mathématiques est, avant tout, déductive ; non qu’elle descende du général au particulier comme dans le syllogisme verbal ; elle consiste dans une substitution de grandeurs équivalentes et se présente comme une suite d’égalités.

Loin de se borner à piétiner sur place, à tirer d’une proposition générale les propositions particulières qu’elle contient, la démonstration mathématique progresse vers des vérités nouvelles et généralise constamment. Elle fournit le vrai type de la déduction scientifique, bien différente de la déduction formelle dont les scolastiques abusèrent si fâcheusement. Et la rigueur des conclusions qu’elle permet d’établir a valu aux mathématiques le titre de sciences exactes. Mais il n’en fut pas de même dès l’origine ; longtemps elles utilisèrent la méthode expérimentale. Aucun procédé rationnel de démonstration géométrique chez les Babyloniens, les Hébreux, les Égyptiens ; c’est expérimentalement qu’ils estimèrent égal à 3 le rapport de la circonférence à son diamètre et que la surface d’un triangle leur apparut