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duction métallurgique et vend annuellement à d’autres pays 9 millions de tonnes de minerai de fer qu’elle ne peut transformer sur place, faute de charbon. La France est donc également la première puissance exportatrice de minerai de fer.

À l’inverse de la France, l’Angleterre, qui possède dans son sous-sol une réserve prodigieusement riche de charbon, n’a pas suffisamment de fer pour sa métallurgie qui est dans l’obligation d’importer presque le tiers du minerai indispensable au fonctionnement de ses hauts-fourneaux. Malgré cela, l’Angleterre a su, grâce à sa situation géographique, à sa richesse charbonnière et à une organisation commerciale admirable, se doter d’une puissante métallurgie qui fut longtemps la première du monde, et qui, quoique actuellement au troisième rang, rivalise dans le domaine de l’exportation avec la métallurgie française en se classant immédiatement après elle par l’importance du tonnage.

En Angleterre la nature a disposé le fer près de la houille et les bassins houillers près de la mer, à l’exception de celui du Yorkshire qui s’en trouve à peine éloigné de 150 kilomètres. La métallurgie a donc pu, très tôt, se développer dans de bonnes conditions. Pour le minerai qui lui manque, 4 millions de tonnes en 1925, l’escadre importante des charbonniers anglais se charge de le drainer dans les pays, proches ou lointains, où elle dépose sa cargaison de charbon britannique. Ainsi, le minerai constitue-t-il pour cette flotte spécialisée un fret de retour avantageux.

De Suède, à Luléa et Stockolm, les charbonniers anglais, appelés aussi colliers, emportent vers Newcastle et Hull les minerais scandinaves riches et purs, mais trop abondants pour leur pays d’origine. De Caen, en France, encore vers Newcastle, ils emportent les minerais normands, et de Nantes, vers Cardiff, ceux de la Bretagne.

L’Espagne, qui extrait de son sous-sol 3 millions de tonnes de minerai de fer et en utilise à peine le sixième, fournit également un très avantageux fret de retour aux colliers anglais. Enfin, l’Algérie, démunie de charbon, reçoit celui de l’Angleterre en échange des beaux minerais du Zaccar et de l’Ouenza.

Tous ces minerais étrangers joints au minerai indigène, alimentent les centres métallurgiques d’Edimbourg, de Newcastle, de Middlesbrough, de Hull, sur la Mer du Nord ; de Glasgow, de Workington, de Withehayen, de Liverpool, de Cardiff, de New-Port sur l’Atlantique ; ainsi que les fiefs métallurgiques de Manchester, de Sheffield, de Nottingham, de Birmingham au Centre.

Toutefois, si l’Angleterre exporte presque autant de produits bruts de la métallurgie que la France, sa production totale est beaucoup moindre – à peine 8 millions de tonnes contre 14 millions pour la France.

En Europe, c’est l’Allemagne qui produit le plus de fontes et d’aciers après la France. Pour les exportations elle arrive après la France et l’Angleterre avec 3.250.000 tonnes. Par contre, depuis le traité de Versailles qui l’a amputée du gisement lorrain (celui-ci fournissait, avant-guerre, 80 % de la production allemande) au bénéfice de la France, l’Allemagne est le pays qui achète le plus de minerai de fer à l’étranger. En 1925, 11 millions et demi de tonnes.

Comme l’Angleterre, l’Allemagne possède plus de charbon qu’il n’en faut à ses industries. Ses bassins houillers de la Saxe et de la Haute-Silésie restée allemande approvisionnent le marché national. Le charbon de la Ruhr, après avoir alimenté la région rhéno-westphalienne, remonte, pour une bonne part, le cours du Rhin sur une magnifique flotte fluviale vers les centres métallurgiques français de la Meurthe-et-Moselle, par le canal de la Marne au Rhin. Pour une autre part le charbon de la Ruhr descend le Rhin vers Rotterdam

et Anvers d’où de grands cargos le mèneront dans les pays scandinaves qui enverront, au retour, du minerai.

La métallurgie allemande s’est installée sur le bassin rhénan-westphalien dont Essen, Bochum, Gelsenkirchen et Dortmund sont les groupes les plus fameux ; en Saxe et en Thuringe dans les centres de Smalkalden, Zwickau et Saalfeld ; enfin, dans la partie de la Haute-Silésie restée allemande, dans les districts de Beuthen et de Gleiwitz.

Les États-Unis, la France, l’Angleterre et l’Allemagne sont les quatre grands pays de la métallurgie du fer – la plus importante, répétons-le – ; viennent ensuite le Luxembourg, la Belgique, le Canada, la Suède, l’Espagne, la Russie, la Tchécoslovaquie, l’Italie. En ce qui concerne les autres métaux, les États-Unis sont les plus gros producteurs pour : le cuivre (58 % de la production mondiale), le plomb (43 %), le zinc (60 %), l’aluminium (57 %), l’argent (30 %). Ils arrivent après l’Afrique du Sud (41 %) dans la production de l’or avec 15 % de la production mondiale.

La France produit peu de cuivre (0, 08 % de la production mondiale), peu de plomb (2 %), peu de zinc (2 %), pas d’or ni d’argent mais 6,6 % d’aluminium.

L’Angleterre a très peu de cuivre mais en reçoit de ses Dominions – le Canada en produit 3,4 %, l’Australie 2 % et les Indes Britanniques 2,5 %, toujours de la production mondiale. Faible productrice de plomb, l’Angleterre le trouve également dans ses colonies – Canada 3,5 %, Australie 6,6 %, les Indes 4 %. Sa production de zinc n’est guère supérieure à celle de la France, sa production d’aluminium lui est même inférieure (6 %). Si l’Angleterre ne produit ni or ni argent, ses colonies en sont largement pourvues (Afrique du Sud 41 % d’or, Australie 7 % d’or, 5 % d’argent, canada 4,6 % d’or, 7,7 % d’argent).

L’Allemagne produit du cuivre (3,3 %), du plomb (9 %), du zinc (15 %), de l’aluminium (10 %). La Belgique produit du zinc (12 %) et du plomb (3,5 %). La Norvège fournit aussi du zinc (2 %) et de l’aluminium (4 6 %). L’Espagne est un gros producteur de plomb (16 %). Le cuivre, plutôt rare en Europe, se trouve dans les deux Amériques ; outre les États-Unis avec leurs 58 % de la production mondiale, le Mexique donne 6 %, le Chili 8 %, le Pérou 4 %, la Bolivie 1 %, Cuba 1 %. En Afrique, le Congo en donne 2,3 %. Enfin le Japon produit près de 8 % de la production mondiale de cuivre. Le Mexique produit également 7 % de plomb, 4,5 % d’or et 36,7 % d’argent. Le Canada, la Suède, l’Allemagne (en Saxe), la Silésie, la Hongrie et la Nouvelle-Calédonie sont des régions productrices de nickel. La Russie, les Indes, la France, l’Allemagne, l’Angleterre, les États Unis possèdent du manganèse. Enfin, les Indes et les îles de la Sonde sont, avec les États Unis, les plus gros producteurs d’étain.



Les origines de la métallurgie sont entourées d’épaisses ténèbres ; elles remontent très loin dans la chaîne des siècles. Mais s’il est audacieux de leur fixer une époque, on peut affirmer que son histoire et son évolution sont intimement liées à celles de la civilisation et des progrès de l’humanité. Il n’a point été de sa faute si les hommes l’on trop souvent utilisée à des fins de destruction et de mort, alors qu’elle peut aussi bien donner et faciliter la vie de l’humanité.

Des préhistoriens ont prétendu que l’art d’extraire les métaux de leurs minerais fut pratiqué par les hommes entre les xive et xiie siècle avant notre ère. D’autres font remonter encore plus loin, dans la nuit des temps, la connaissance de sa pratique en Chine et aux Indes.

Sans vouloir prendre parti dans la dispute, on peut dire qu’il est hors de doute que les peuples civilisés de