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relle. Rien n’est plus injustifié que l’opinion courante d’après laquelle invoquer la coïncidence fortuite, est faire appel à l’arbitraire, à une cause verbale, à une mauvaise raison mise en avant faute de mieux. Les droits du hasard peuvent être calculés avec une précision qui devient très nette quand on opère sur un nombre de cas suffisamment élevé et le calcul des probabilités donne le moyen de l’exprimer en chiffre. » Pour un individu qui aura rêvé les nombres exacts devant sortir dans une loterie, des milliers d’autres seront tombés dans l’erreur en croyant aux chiffres que des songes leur avaient prédits. Seulement le premier racontera partout sa bonne fortune, alors que les autres tiendront secrets leurs déboires ; grâce au hasard, une prophétie authentique s’ajoutera à la liste de celles que les métapsychistes connaissaient déjà. Sans peine nous admettons, d’ailleurs, la prévisibilité des choses déjà existantes, au moins dans leurs causes cachées. Fréquemment la mort pourrait être annoncée à l’avance par un médecin expérimenté, et cela malgré les apparences d’une robuste santé. Pourquoi l’inconscient de certaines personnes ne jouerait-il pas le rôle de médecin ? Et nous pourrions faire des remarques identiques touchant les événements politiques, les crises économiques, etc., virtuellement réalisés dans leurs antécédents. L’insuccès qu’éprouvent, à tour de rôle, les prophètes les plus huppés, dès qu’il s’agit de fixer l’avenir au delà de quelques semaines ou de quelques mois, prouve qu’ils ne participent en rien à la prescience divine dont parlent les prêtres et les métaphysiciens.

Bien d’autres phénomènes métapsychiques mériteraient de retenir notre attention. Leur étude nous entraînerait trop loin ; nous devons nous limiter. Quels qu’ils soient, d’ailleurs, des plus complexes aux plus simples, il appert dès aujourd’hui qu’ils n’ont rien de surnaturel, rien qui relève de volontés extraterrestres. Loin d’établir de façon scientifique l’existence de l’au-delà, les expériences métapsychiques aboutissent à l’effondrement des espoirs qu’avaient mis en elles les penseurs spiritualistes. – L. Barbedette.

Ouvrages à consulter. – Richet : Traité de Métapsychique ; Notre sixième sensFlammarion : La Mort et son Mystère ; L’Inconnu et les problèmes psychiquesBozzano : Phénomènes psychiques au moment de la mort ; À propos de l’introduction à la métapsychique humaine ; Pensée et VolontéDr  Bret : Précis de MétapsychiqueDelannes : Les apparitions matérialisées des vivants et des morts ; Recherches sur la MédiumnitéDr  Gibier : Spiritisme – Olivier Lodge : La Survivance HumaineMaxwell : Les Phénomènes psychiquesMontandon : Les radiations humainesDr  Ochorowicz : L’état actuel des recherches psychiques – R. Sudre : Introduction à la Métapsychique humaine. – Dr  Vachet : Lourdes et ses mystères – H. Kephren : La Transmission de penséeMondeil : Le Fluide Humain, etc.

MÉTAPSYCHIE. Notre époque pourrie de matérialisme, qui ne voit rien au-delà de la jouissance immédiate, nie le mystère qui est partout, qui nous enveloppe des pied à la tête. Mystère auquel les métaphysiques et les religions ont apporté différentes réponses et que les sciences psychologiques et physiologiques tentent d’expliquer à leur tour. Mystère qui recule à mesure que notre pauvre savoir tente de le dissiper. Ne désespérons pas, cependant. Un jour viendra peut-être où nous pourrons enfin connaître la réalité cachée sous les apparences. Quelques-uns de ses « secrets » nous ont été révélés. En ce qui concerne la vie mystérieuse du « moi », des faits inexpliqués, qualifiés de surnaturels par les cerveaux malades, deviennent ex-

plicables : l’auto-suggestion explique jusqu’aux « miracles ». La vie est pleine de miracles ; ils obéissent à des lois aussi naturelles que la chute des corps ou l’attraction universelle. Dans la vie humaine tout entière, l’inconnu joue un rôle, et bien sot qui ose le nier.

Le mystère nous entoure. Nous vivons dans le mystère. Nous en sommes imprégnés. Quand il n’existe pas, nous le créons. Tout est mystère en nous et hors de nous. La vie ? La mort ? Que sont-elles, nous n’en savons rien. Un phénomène physico-chimique ? Mais cela n’explique rien. Ne compliquons pas les choses en les obscurcissant par nos théories.

Dernière venue parmi les sciences nées de l’étude du mystère, la « métapsychie » a apporté sa précieuse collaboration à la psychologie et à la métaphysique. Elle tient d’ailleurs de ces deux disciplines. On ne peut nier le puissant intérêt que présentent les recherches métapsychiques. Elles tendent à démontrer qu’un ensemble de phénomènes qu’on considérait à tort jusqu’ici comme surnaturels peuvent être étudiés expérimentalement. Tout un côté obscur de l’âme humaine est ainsi mis en lumière. On explique désormais normalement des faits qui semblaient anormaux. Rien de plus naturel que ces faits. Encore une science qui combattra la superstition. La métapsychie peut avoir de grosses conséquences en sociologie et en morale. Le surnaturel – ou ce qui passe pour l’être – imprègne tous nos gestes. Par l’étude de ces faits peut être modifiée la conduite de l’individu. Il peut agir sur sa destinée.

J’entends d’ici les journalistes, gens prêts à blaguer ce qu’ils ne comprennent pas : « Les métapsychistes sont des fumistes. Leurs expériences sont truquées. Elles ne prouvent rien. Tout le monde peut en faire autant… La métapsychie, quelle bonne blague ! Aimez-vous les médiums ? On en a mis partout. Méfions-nous des médiums, ce sont gens capricieux. Il y en a pour tous les goûts et même pour tous les dégoûts. Ectoplasme rime avec cataplasme… » etc… Ces gens-là confondent tout : spiritisme, magnétisme, tables tournantes, maisons hantées, marc de café, médiumnité, fakirisme, satanisme, magie, corps astral, sur-âme… Ils embrouillent les questions, selon leur habitude. Ne portons pas grande attention aux critiques qu’ils adressent aux chercheurs désintéressés. Suivons avec intérêt les travaux de ces derniers. Il y a une vraie et une fausse métapsychie. Ne tenons compte que des recherches sérieuses dues à de véritables savants. La métapsychie n’en est qu’à ses débuts. Faisons lui crédit, comme nous le faisons à toutes les parapsychologies de l’avenir.

Ne nions pas ce qu’il y a de sérieux au fond de cette « métapsychie » blaguée par les sceptiques du boulevard. L’après-guerre lui donne un aspect de nouvelle religion : la religion de ceux qui n’en ont pas. Elle est la preuve que l’esprit ne peut se contenter du fait brutal qui tombe sous les sens. Il y a d’autres faits qui, pour ne pas tomber immédiatement sous les sens, n’en sont pas moins réels. On expliquera un jour ou l’autre par la télépathie ou la médiumnité certains faits qualifiés d’étranges, aussi facilement qu’on explique la forrnation des nuages ou la condensation de la pluie. La physico-biologie dira son mot dans ce domaine, comme elle le dit dans tant d’autres. N’excluons pas de la science ce que nous ne comprenons pas. Nous savons peu de chose en face de ce que nous avons encore à connaître. Laissons lui le temps de mettre au point ses méthodes. La psychanalyse pourra également venir en aide à la métapsychie en recourant elle-même aux méthodes de la science. La métapsychie ne pourra pas plus se passer de son concours que de celui de la chimie ou de la physique mathématique.

Il y a tout un ensemble de sciences occultes qui cô-