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toient la métapsychique : chiromancie, onomancie, astromancie et autres. C’est un legs que nous a fait le Moyen Âge, entre tant d’autres legs. Il sied de ne pas trop s’attarder en leur compagnie : on deviendrait fou. Il faut n’en prendre qu’une faible dose si l’on veut conserver son équilibre. Certes, l’occulte vaut d’être étudié, mais avec prudence. Il convient de contrôler les preuves apportées par les occultistes et de ne pas prendre à la lettre tout ce qu’ils racontent. Gardons-nous d’ajouter foi aux boniments des charlatans. Des gens ont l’habitude d’accepter les yeux fermés tout ce qui sert leurs théories. Ils sont aveugles. Ils permettent aux charlatans de se faire prendre aux sérieux. Les recherches occultes offrent de l’intérêt. Ne les repoussons pas de parti-pris. Mais méfions-nous des mystificateurs. Ils sont légion. Leurs « fumisteries » jettent le discrédit sur des recherches louables. Le mercantilisme fait ici des siennes, comme partout ailleurs. Les pires indésirables prennent part aux « expériences », « séances » et autres « réunions » plus ou moins spirituelles. Il y a là d’étranges abus. Charlatans et naïfs font autant de mal. Il est bien difficile de démêler ici la bonne foi du mensonge. Il importe de se méfier, non seulement des « fumistes », mais des gens qui voient partout de la « fumisterie ». Ils sont aussi dangereux.

Dans le domaine des sciences occultes, que d’erreurs à combattre ! Les charlatans sont ici les maîtres. La mystification fait son œuvre. Agissons avec prudence et ne nous fions pas au premier venu. Robert Houdin nous amuse, sans essayer de nous convaincre. Il n’est que prestidigitateur. Combien de gens essaient de nous convaincre de ce qui n’existe pas, sans être eux-mêmes convaincus. – Gérard de Lacaze-Duthiers.


MÉTAYER s. m. (du latin medictatarius). Tout exploitant rural qui fait valoir une propriété dans certaines conditions d’exploitation et se rapportant plus particulièrement à l’attribution d’une partie des récoltes comme rétribution prend le nom de métayer.

Cette attribution d’une partie des produits du sol à celui qui l’exploite est variable. Dans certaines contrées le métayer perçoit, pour prix de son travail, la plus grande partie des récoltes ; dans d’autres, c’est le propriétaire qui a la plus forte part ; dans d’autres le partage des produits du sol se fait par parts égales.

La différence du fermier proprement dit de celle du métayer consiste en ce que, dans le premier cas, la rente du sol est payée en espèces et, dans le second elle l’est en produits du sol.

La mise en valeur du sol, dans le métayage, s’effectue avec les ressources, machines, animaux et engrais du propriétaire. Le métayer ne fait les avances ni de fonds, ni de matériel qui incombent au fermier dans le système locatif. D’autre part, le propriétaire conserve le contrôle des travaux exécutés et demeure l’arbitre de la marche générale de l’entreprise. L’art. 5 de la loi sur le bail à métairie (18 juillet 1889) spécifie que « le bailleur a la surveillance des travaux et la direction générale de l’exploitation, soit pour le mode de culture, soit pour l’achat et la vente des bestiaux ». Une convention ou, à son défaut, les usages locaux délimitent en la matière les droits des parties. Plus qu’un mode de louage le contrat de métayage est un mode d’association. Son principe et ses résultats sont supérieurs à ceux du salariat, car l’exploitant est intéressé au rendement et recueille, par voie presque directe, une partie des fruits de son effort. Mais la dépense d’énergie qu’elle exige du propriétaire, tenu au moins à un minimum de participation, puisqu’il conserve la responsabilité de l’organisation, est cause que beaucoup préfèrent donner à fermage et toucher une redevance fixe en argent.

Le métayage ou colonat partiaire est néanmoins pratiqué encore en France dans nombre de départements, surtout méridionaux.


MÉTEMPSYCHOSE n. f. (du grec metempsukhosis, formé de mêta, indiquant ici changement et empsuchon, animer). La doctrine de la transmigration des âmes fut très répandue chez les anciens. Elle dérive probablement du panthéisme oriental et de son système d’émanations ; au sein de la nature, d’après les penseurs hindous, un seul esprit, une vie unique circulent sous l’infinie variété des formes ; créations et destructions se succèdent, faisant passer la substance universelle de la vie à la mort et de la mort à une vie nouvelle. Rien n’est inanimé ; dans le corps des moindres insectes, dans les plantes, dans les pierres même, des âmes sont captives ; au cours de leurs migrations continuelles, ces dernières se dégradent ou se perfectionnent, s’éloignent de leur divin principe par le péché ou s’en rapprochent par la pratique de la vertu. Le voluptueux pourra renaître pourceau, le tyran animal féroce, l’impie, le voleur insectes ou bestioles immondes ; alors que le sage, le saint s’élèveront progressivement, dans la hiérarchie des êtres, pour faire retour à l’esprit dont ils émanent. Comme le brahmanisme, le bouddhisme est dominé par la croyance à la transmigration des âmes. Gaulama, qui se souvenait de ses incarnations précédentes, les racontait sous forme d’histoires et de fables charmantes, les Jâtakas capables de faire comprendre à ses disciples l’universelle solidarité de tout ce qui existe et vit. Il enseignait, de plus, qu’en épuisant la volonté de vivre, non par le suicide, mais par l’ascétisme et le renoncement, l’homme échappait aux renaissances successives pour entrer dans le nirvana. Hérodote affirme que les égyptiens croyaient aussi à la métempsychose : « Les égyptiens, écrit-il, ont avancé les premiers que l’âme des hommes est immortelle, et qu’après la dissolution du corps, elle passe successivement dans de nouveaux corps par des naissances nouvelles ; puis, quand elle a ainsi parcouru tous les animaux de la terre, elle rentre dans un corps humain, qui naît à point nommé : cette révolution de l’âme s’accomplit en trois mille ans. » Mais, sur la condition des esprits après la mort, les idées des égyptiens varièrent singulièrement au cours des siècles ; et, de bonne heure, la croyance à la métempsychose se compliqua de spéculations d’un autre ordre. Elle disparut ou presque, laissant des traces dans la doctrine de la réincarnation du double ou ka : quand la momie était détruite, ce dernier trouvait un support matériel dans les statuettes qui peuplaient le tombeau, au dire des prêtres égyptiens.

En Gaule, les anciens druides admettaient la transmigration des âmes, que l’on réduisit plus tard à un voyage vers le pays des morts situé à l’Occident. Chez les Grecs, les mystères orphiques permettaient à l’initié d’éviter le cycle des renaissances, grâce aux formules dont les prêtres le munissaient pour l’au-delà. À la base de l’orphisme on trouve, en effet, le dogme de la métempsychose. Pythagore, né entre 540 et 500, croyait se souvenir de ses incarnations précédentes : tour à tour il aurait habité les corps du guerrier Euphorbe, d’un pêcheur misérable, du célèbre devin Hermotine. Selon qu’elle avait bien ou mal vécu, disait-il, l’âme, après la mort, passait à un état supérieur ou inférieur, réduite parfois à revenir dans le corps d’un animal. Platon exposera des conceptions semblables : « Celui qui passera honnêtement sa vie retournera après sa mort à l’astre qui lui est échu et partagera sa félicité ; celui qui aura faibli sera changé en femme à la seconde naissance ; s’il ne s’améliore pas dans cet état, il sera changé successivement, suivant le caractère de ses vices, en l’animal auquel ses mœurs l’auront fait ressembler ; et ses transformations ne finiront point avant que, se laissant